Marie Gagnier : Tragédie consolante
Délicate et souriante, la Trifluvienne MARIE GAGNIER s’avère l’antithèse de ses sombres romans. Et pour cause: elle s’écarte de sa propre vie lorsqu’elle les écrit.
Peu de temps après la sortie de son roman Console-moi (2003), qui s’est retrouvé en nomination pour le Prix du Gouverneur général l’automne dernier et qui est en lice pour les Grands Prix culturels de Trois-Rivières, Marie Gagnier a remis la main à la pâte. Elle a temporairement pris congé de l’enseignement au Collège Laflèche de Trois-Rivières et se consacre à la rédaction de son quatrième livre.
L’auteure n’est pas du tout bavarde en ce qui concerne son roman à venir. Pourtant, elle consacre une large partie de ses journées à sa composition. "Je ne pense qu’à ça!" s’exclame-t-elle, tout juste assise à la table du café. Marie Gagnier souligne qu’elle préfère laisser planer le mystère autour de son nouveau projet d’écriture, d’autant plus que le récit n’a pas encore pris véritablement forme. "Au début, c’est plus difficile. On veut tout dire à la fois. Les personnages sont comme des nœuds d’émotion. Mais, tranquillement, le récit se gonfle de l’intérieur." La dame à la chevelure de neige dévoile malgré tout l’essence de son bouquin: le glissement d’un sentiment vers un autre. Le point de départ de l’histoire s’avère ainsi la catastrophe naturelle qui a littéralement anéanti Saint-Jean-Vianney au Saguenay, en 1971.
Fidèle à ses sentiments, la passionnée d’Anne Hébert affirme nager dans les mêmes eaux. Elle continue d’aborder ses sujets fétiches comme l’abandon et la souffrance humaine. Des thèmes noirs. "Je sais qu’on a besoin de lumière et d’espoir dans la société, mais ce n’est pas mon rôle. Mon rôle? C’est de raconter des histoires avec ma sensibilité… sans me mettre dedans!" souligne celle qui évite les fins heureuses de peur d’être trop guimauve. Afin de donner une texture à ses œuvres, elle se nourrit donc "d’impressions du passé", réalise des recherches à la bibliothèque, dans Internet et dans les journaux.
À quelques semaines des Grands Prix culturels, Marie Gagnier exprime son rêve de remporter les honneurs cette année. "Ce n’est pas pour devenir célèbre… C’est plutôt une quête, la recherche d’une confirmation que mon travail est reconnu."
L’écrivaine participera au Salon du livre de Trois-Rivières. Elle sera, entre autres, au Manoir de Tonnancour le vendredi 30 avril à 13 h 30 et le dimanche 2 mai à 14 h dans le cadre de Paroles d’écrivain.
Console-moi
de Marie Gagnier
Les éditions du Boréal
2003, 324 p.