New York brûle-t-il? : Feu de paille
En 1980, Dominique Lapierre et Larry Collins lançaient Le Cinquième Cavalier, un thriller politique très documenté dans lequel le colonel Kadhafi est à l’origine d’un terrible chantage contre les États-Unis. La Maison-Blanche dispose de 36 heures pour forcer l’évacuation des Israéliens de la Palestine, sans quoi une bombe atomique détruira New York. Vingt-quatre ans plus tard, le tandem réitère avec New York brûle-t-il?. Cette fois, c’est Oussama Ben Laden, l’ennemi numéro un des Américains, qui menace de rayer New York de la carte avec une bombe nucléaire, dérobée au Pakistan avec la collaboration d’Imad Mugnieh, le chef du Hezbollah et Abdul Sharif Ahmad, l’un des responsables du programme nucléaire pakistanais. L’enjeu est encore une fois de taille: la Maison-Blanche a cinq jours pour forcer l’évacuation des Israéliens installés dans les Territoires arabes occupés (à noter: comme dans Le Cinquième Cavalier, l’ultimatum est envoyé un dimanche…). George W. Bush parviendra-t-il à convaincre Ariel Sharon de se plier aux exigences de Ben Laden?
Évidemment, deux ans après le 11 septembre, la menace nucléaire qui semblait auparavant inimaginable prend soudain des proportions dramatiquement réalistes. D’autant plus que les écrivains chevronnés, auteurs de Paris brûle-t-il? et Cette nuit la liberté, ont effectué une impressionnante recherche avant de se commettre dans leur nouveau suspense. Pendant deux ans, ils ont interrogé plus de 300 personnes aux États-Unis, en Israël, en Grande-Bretagne et en Inde, en plus d’examiner des milliers de documents confidentiels, ce qui contribue grandement au réalisme du roman de politique-fiction. C’est d’ailleurs l’un de ses principaux attraits: avant que la bombe ne soit expédiée dans la Big Apple, Dominique Lapierre et Larry Collins dressent un portrait assez exhaustif de la situation politique au Moyen-Orient. La mise en scène des véritables protagonistes de cet imbroglio pas facile à suivre est éclairante – spécialement sur le plan historique -, mais elle est peut-être aussi un peu trop audacieuse, car qui sait vraiment ce qui se passe dans la tête de George W. Bush, Condoleezza Rice, Michael Bloomberg ou George Pataki? À moins de ne posséder aucun sens critique, il est à toutes fins pratiques impossible de croire en leurs bonnes intentions. Il suffit d’ailleurs de lire la conclusion grossière, à l’eau de rose, de New York brûle-t-il? pour s’en convaincre.
Cela étant dit, même si les auteurs ne réinventent rien avec ce roman – on a l’impression qu’ils se parodient eux-mêmes -, New York brûle-t-il? fonctionne au quart de tour sur le plan de l’action. C’est par ailleurs sans surprise qu’on constate que les personnages les plus intéressants et les plus convaincants de l’histoire sont ceux imaginés par le tandem. L’enquête pour retrouver la bombe (que les politiciens tentent de faire passer pour un baril de chlore!… franchement…) est rondement menée par le sympathique inspecteur T.F. O’Neill et son équipière, l’agente du FBI Olivia Philips. Mais il faut dire aussi qu’ils ont vraiment la chance collée au derrière car trouver une bombe à New York doit être au moins aussi difficile que de repérer une aiguille dans une botte de foin. Pour les inconditionnels.
New York brûle-t-il?
de Dominique Lapierre et Larry Collins
Éd. Robert Laffont
2004, 298 p.