Spécial livres été : Petite et grande histoire… Mystère des origines… Pouvoir intime… Le coin jeunesse…
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Spécial livres été : Petite et grande histoire… Mystère des origines… Pouvoir intime… Le coin jeunesse…

Les propositions ne manquent pas… Parmi les chatoyants étalages des libraires, quel bouquin choisir avant de se poser au chalet, à la plage ou simplement sur le balcon?  Suggestions.

Petite et grande histoire…

Le Roman du Kremlin
de Vladimir Fédorovski
Palais des omnipotents tsars du 12e au 20e siècle, siège du pouvoir des présidents de l’ex-Union des républiques socialistes soviétiques puis de la Russie de Vladimir Poutine, le Kremlin reste un lieu fascinant dont l’histoire, riche de festins, de bals, de complots et de meurtres, n’a pas fini de nous surprendre. Après son captivant Roman de Saint-Pétersbourg, Vladimir Fédorovski nous plonge dans une nouvelle chronique politique essentiellement articulée autour de ce lieu mythique que les passionnés d’histoire et de littérature russes connaissent bien. Passant en revue les triomphes, le déclin et la chute de ses plus illustres locataires, sans oublier leurs folies et leurs histoires d’amour, Fédorovski livre une belle leçon sur la permanence des symboles et sur la précarité du pouvoir personnel. Éditions du Rocher, 2004, 250 p. (É.P.)

Libertad!
de Dan Franck
Bardé de prix prestigieux, Dan Franck revient avec un roman peuplé de personnages illustres du 20e siècle. Libertad!, sous les pouvoirs de la fiction, se permet une multitude de fioritures probables ou non, autour de véritables intrigues ou faits historiques qu’ont semés sur leurs chemins les Hemingway, Orwell, Malraux, Dos Passos, Saint-Exupéry et autres Prévert. Au milieu des anecdotes et vives passions réelles, comme celle de Gala qui passa des bras d’Éluard à ceux de Dali, Franck imagine aisément les réflexions d’André Gide, qui, entre deux écarts de conduite, se permettait de jouer les papes littéraires. Le livre est illustré par de superbes photos de Miller, Picasso, Aragon, Buñuel ou Gorki, qui sont, à tour de rôle, les héros du récit. Éd. Grasset, 2004, 425 p. (S.D.)

La Dernière Tribu
d’Éliette Abécassis
Le nouveau polar métaphysique de l’auteure de Qumram reprend là où elle avait laissé le lecteur dans Le Trésor du temple (paru chez Albin Michel en 2001). Au moment où il s’apprête à suivre son destin d’élu, Ary Cohen est envoyé au Japon pour expliquer pourquoi un homme mort il y a deux mille ans, tenant un manuscrit écrit en hébreu, a été retrouvé dans un temple shintoïste de Kyoto. Poussé par son amour pour Jane, envoyée par la CIA enquêter sur cette affaire, Ary accepte le mandat et se retrouve au centre d’une histoire de secte qui le mènera au bout de lui-même. La Dernière Tribu étant surtout un roman sur la quête spirituelle d’Ary, les amateurs de polars d’action effrénée resteront peut-être sur leur faim. Éd. Albin Michel, 2004, 320 p. (C.F.)

Hudson River
de Joyce Carol Oates
Un jour, vous vous rendez sans vraiment en avoir envie à un barbecue, l’été, le 4 juillet, pour revenir chez vous quelques jours plus tard sous la forme d’"une grosse poudre granuleuse, fragments et éclats d’os" qui finiront mêlés à la terre de votre propre jardin. Encore une fois, la prolifique Joyce Carol Oates traque le Mal et l’agrippe par le collet, empruntant les chemins de la comédie noire et de l’amoralité. Dans Hudson River tout comme dans son avant-dernier roman écrit sous pseudonyme, Le Ravin (L’Archipel, 2003), elle rapplique avec un personnage de sculpteur au passé ambigu. Une intrigue polyphonique et grinçante déployée sur fond de voitures de luxe, de rires nerveux, de désœuvrement et de crâne fracassé sur le flanc du Chevalier gambette qui suggère, via une constellation vertigineuse de personnages, que l’être et le paraître convergent rarement… Stock, 2004, 519 p. (M.H.P.)

ooo

Mystère des origines…

L’Africainde J.M.G. Le Clézio
Avec L’Africain, J.M.G. Le Clézio, par le truchement du rêve et celui de la mémoire, reconstitue une sorte de journal qui marque les grands traits de ses origines. À l’âge de huit ans, l’auteur vivait au Nigeria, où il nous emmène par l’évocation de lieux, de réalités, mais surtout à l’aide des mots, des noms aux sonorités envoûtantes qu’il glisse entre ses impressions et ses souvenirs. Ogoja, Enugu, Obudu, Baterik, Ogrude, Obubra, Ibos et Yoroubas, ces mots reviennent hanter cette prose si maîtrisée d’un écrivain qui semble de moins en moins français et dont le regard, bousculé, est disponible à la vérité, aux regrets comme aux rendez-vous. Un livre suave, touchant, où la petite enfance circule dans "l’antichambre du monde adulte". Éd. Mercure de France, 2004, 104 p. (S.D.)

Origines
d’Amin Maalouf
Après la disparition de son père, Amin Maalouf s’est replongé dans le passé de son clan en fouillant une valise d’archives. Avec Origines, il libère la mémoire des siens, "tribu qui nomadise depuis toujours dans un désert aux dimensions du monde". Document après document, il décrypte les secrets de sa famille. Il nous guide sur les routes qu’ont empruntées ses aïeux, rêveurs polyglottes et cosmopolites, pour nous emmener, avec le Liban comme immuable horizon, aussi loin que Cuba. Ici encore, l’auteur des Identités meurtrières plaide pour la diversité assumée, pour les identités complexes, en ressuscitant les rêves de son grand-père Botros, qui, dans le tumultueux crépuscule de l’Empire ottoman, se battait avec pugnacité pour faire progresser les idéaux des Lumières dans son pays. Conteur émérite, Maalouf a fait de la recherche de ses origines un récit initiatique passionnant ancré en Orient mais à la portée universelle. Éd. Grasset, 2004, 486 p. (C.B.)

Quatre mille marches
de Ying Chen
Bien malin qui peut savoir ce que pense Ying Chen de sa condition d’"immigrante chinoise écrivant en français" à la lecture de ses derniers romans. Dépourvus de cadres spatiotemporels, ceux-ci apparaîtront comme autant de métaphores illustrant le sentiment d’exil, le refus de l’enfermement et l’indépendance d’esprit de leur auteure. Dévoilant davantage son parcours intime, Quatre mille marches réunit une dizaine de textes inédits où Chen réfléchit sur son triple statut de femme, d’écrivaine et d’immigrée. Le livre s’ouvre sur un magnifique "Carnet de voyage en Chine", écrit à l’occasion d’un retour au pays natal quitté dix ans auparavant et retrouvé comme une terre à la fois familière et dorénavant étrangère. À ses parents qui s’étonnent de voir leur fille écrire dans une langue qu’ils ne comprennent pas, elle tentera d’expliquer qu’"il n’y a pas de vrais étrangers" et qu’"il n’y a jamais eu de vrais autochtones". Éd. Boréal, 2004, 126 p. (É.P.)

Vita
de Melania G. Mazzucco
Le troisième roman de la jeune écrivaine italienne Melania G. Mazzucco se déroule au début du siècle dernier, dans le quartier Prince Street d’un New York mafieux et mouvementé. Vita, qui obtint l’an dernier le prestigieux prix italien Strega, raconte une histoire d’amour entre deux immigrants qui ont maille à partir avec les satanées lois du Milieu, lequel semble avoir mainmise sur tout ce qui bouge autour d’eux. Inspiré de la véritable histoire des grands-parents de l’auteure, Vita nous fait voyager dans le temps, et à travers des lieux et des univers aussi fascinants qu’inquiétants. D’ailleurs, plusieurs des premiers arrivants italiens ont connu ce genre de misère alors qu’ils étaient venus chercher la liberté et un peu de ce fameux rêve américain. Éd. Flammarion Québec, 2004, 438 p. (S.D.)

Pouvoir intime…L’inconnu parle encore
de Claire Martin
Les mots de Claire Martin me rappellent parfois ceux d’Anne Hébert, par leur aspect souvent acéré, tranchant comme des lames de rasoir, mais ils sont amenés dans un emballage qui semble fait de velours et de matériaux inoffensifs. L’inconnu parle encore met en scène une bibliothécaire qui, sous des airs bavards et presque impudiques, entretient un côté, sinon mystérieux, du moins réservé, nous laissant croire que la dame a ses raisons et ses territoires qui ne nous concernent pas. Elle a voyagé, monté en grade et atteint une certaine quiétude enviable. Aussi, elle se permet quelques gâteries que son statut de femme dont le mari a disparu lui donne le loisir d’apprécier. Et puis soudain, des lettres et des appels anonymes se succèdent… Éd. L’Instant même, 2004, 184 p. (S.D.)

Quelque chose à l’intérieur
de Maryse Latendresse
Après La Danseuse, un premier livre séduisant, Maryse Latendresse revient avec un roman qui explore à nouveau l’amour sous toutes ses coutures, mais aussi le désir, caché ou manifeste, latent ou violent. Il est ici question du coup de foudre et des revirements de situation. Pourquoi l’intérêt porté à quelqu’un peut-il soudainement disparaître sous le charme d’une autre personne que l’on connaît à peine? Comment la joie devant la nouveauté peut-elle dissoudre le sentiment de culpabilité, et prendre tout l’espace, repoussant la peine de perdre quelqu’un que l’on a aimé au dernier rang? Et puis la narratrice semble aussi prendre un malin plaisir aux jeux et ruses de la séduction, laissant planer un certain suspense sur cette histoire d’amour. Éd. HMH, 2004, 222 p. (S.D.)

Chez les oiseaux
de Pierre Morency
Le dernier-né de Pierre Morency débute par un texte lyrique décrivant une promenade sur les battures de l’île d’Orléans, monde qui ne cesse d’habiter l’auteur, persuadé que "les fleuves sont les passages de nos vies sur la Terre". Accompagné d’un nouvel arrangement de son disque Une journée chez les oiseaux, le livre entremêle la poésie en prose et les clichés photographiques représentant ces poètes ailés, "visiteurs d’un monde d’où nous avons été exilés et dont nous tentons parfois de nous approcher". Aux différents souvenirs personnels de Morency se joignent ainsi autant de descriptions des oiseaux d’Amérique du Nord. Plus qu’un hymne à la nature, Chez les oiseaux est une œuvre intérieure qu’il vaut sans doute mieux lire lors d’une journée pluvieuse au chalet que sur les plages bondées de l’été. Éditions MultiMondes, 2004, 78 p. (É.P.)

Ensemble, c’est tout
d’Anna Gavalda
Paulette, adorable petite mémé, ne veut pas finir en maison de retraite. Son petit-fils chéri, Franck, cuistot bougon et grossier, se tue au travail. Philibert, vieux garçon au sang bleu, vit par procuration. Camille, ancienne toxico, ne vit presque plus. Ensemble, c’est tout est un roman à personnages, l’histoire de quatre éclopés de la vie qui se rencontrent, s’apprivoisent et, enfin, se réchauffent. C’est tout. Et c’est bien assez. Les protagonistes ont suffisamment de complexité pour justifier les 604 pages de ce pavé. Anna Gavalda nous entraîne sur un terrain familier. Car l’histoire de Paulette, Philibert, Camille et Franck, c’est la nôtre. Ils vivent comme tout le monde, retranchés dans les habitudes de leur train-train quotidien. Ce livre incisif et tendre nous démontre, à l’inverse de la théorie des dominos, qu’il vaut mieux s’appuyer les uns sur les autres pour se relever. Éd. le dilettante, 2004, 604 p. (C.B.)

ooo

Le coin jeunesse…

Mon album de l’univers
du professeur Génius
Voici un livre qui soulagera plusieurs parents. Il répond simplement et clairement à ces nombreuses questions qui relèvent du monde de la science et auxquelles la plupart des adultes ne peuvent répondre. Comme dans un jeu d’enfant, le professeur Génius nous entraîne, à travers de belles images et de courts textes, sur le chemin des explications. On en retire de véritables leçons d’astronomie, parcourant les galaxies, les étoiles, le Soleil et son système, et une bonne partie de l’espace qui nous entoure. Tout le monde en apprendra sur les planètes, les éclipses, les astéroïdes, les comètes et les météores. Et au cas où l’envie vous prendrait de vous évader sur la Lune, eh bien le livre dresse l’historique des voyages spatiaux et propose quelques fusées pour le voyage! Éd. Québec Amérique jeunesse, 2004, 64 p. (S.D.)

Après la pluie
de David Shannon
Incroyable comme la pluie peut bouleverser une journée. L’espace d’un torrent, la mauvaise humeur s’empare de jeunes parents, d’un camionneur, d’un vendeur de glaces, d’une esthéticienne, d’un coiffeur, d’un peintre, d’un boulanger, de l’épicier et même d’un chien et d’une poule, et j’en passe! Tout le quartier est en émoi, les cris fusent de partout, tout le monde est impatient, et le policier ne sait plus où donner de la tête. Mais le beau temps revient, et aussi rapidement qu’apparaît l’arc-en-ciel dans les lunettes miroir de l’agent, tout rentre dans l’ordre et même mieux: c’est l’harmonie totale. Un beau livre pour les tout-petits, dont les grandes illustrations expriment on ne peut mieux les changements de caractère du genre humain… et animal! Éd. Les 400 coups, 2004. (S.D.)

Amos Daragon, La Colère d’Enki
de Bryan Perro
Les aventures de l’intrépide Amos Daragon s’adressent surtout aux adolescents à cause du style d’écriture simple et visuellement très coloré de la série qui porte son nom. Néanmoins, que tous les amateurs de fantasy et de fantastique qui ont lu et relu Le Seigneur des Anneaux ne s’empêchent pas de plonger dans ce riche univers peuplé des créatures imaginées par Bryan Perro. Les similitudes entre Frodon, porteur de l’Anneau et Amos, porteur de masques, sont évidentes, mais seraient le fruit du hasard puisque l’auteur et professeur de théâtre s’est inspiré de sa fascination pour les masques pour créer l’attachant personnage dont les aventures se terminent (en théorie!) avec ce sixième roman enlevant. Éd. Les Intouchables, 2004, 254 p. (C.F.)

Les Temps fourbes
de Josée Ouimet
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les trois précédents romans de l’auteure sur les aventures de Jacques Cartier au Kanata pour savourer Les Temps fourbes, qui scelle le destin de Shanhaweh, de la comtesse de Bellevoix et de son fils Pierre. Tandis qu’une épidémie de peste sème la mort à Saint-Malo, Jacques Cartier retrouve Shanhaweh, qu’il croyait morte. Les retrouvailles inespérées permettent aux deux amis de trouver la paix de l’âme et à Pierre de donner un sens à sa vie. Les courtes histoires romancées de Josée Ouimet, professeure de français au Cégep de Saint-Hyacinthe, s’adressent aux 14 ans et plus. Ce sont de belles petites leçons d’histoire, faciles à lire et trépidantes. Éd. Pierre Tisseyre, 2004, 163 p. (C.F.)