Les Jours de l’ombre : L’oil du diable
En dédicace de ce quatrième roman de science-fiction destiné au public adulte, Francine Pelletier remercie sa consœur Esther Rochon, qui voulait qu’elle ouvre les ailes. Celles et ceux qui ont lu la trilogie Le Sable et l’Acier (constituée des romans Nelle de Vilvèq, Samiva de Fréé et Issabel de Qohosaten, parus respectivement en 1997 et 1998 chez Alire) constateront que c’est justement ce que fait l’auteure dans ce roman-quête. On se laisse envoûter en douceur par l’intrigue des Jours de l’ombre, qui met en scène encore une fois un personnage féminin auquel on s’attache rapidement et qu’on regrette de quitter au moment de tourner la dernière page.
Sha’Ema est une pelissière vivant à Namelak, petite ville rurale située sur la planète Og’umbi. Le jour où elle constate qu’un œil est en train de se former sous son sein gauche, elle quitte sa famille sans attendre, pour ne pas mettre la vie de ses proches en péril. En effet, dans ce monde lointain un jour envahi par les Akae, des unions contre nature entre les humains et ceux qu’on surnomme les êtres en changement ont eu lieu, provoquant des mutations. Or, depuis la disparition des Akae, tout humain subissant une mutation est accusé d’impureté avant d’être mutilé et condamné à l’exil. Pour éviter de subir ce sort peu enviable, Sha’Ema s’enfuit de Namelak et trouve refuge auprès d’une troupe d’artistes nomades. Débute alors pour la jeune femme une nouvelle existence, construite autour d’une transformation physique qui la pousse à découvrir ses véritables origines, à vivre des rencontres marquantes et des amitiés profondes.
Dans Les Jours de l’ombre, l’auteure décrit un univers à la fois proche et très éloigné du nôtre. Par exemple, les femmes n’accouchent pas, elles pondent des œufs. Les animaux aussi sont différents, sans oublier les intéressantes inventions sur le plan du vocabulaire. Par contre, les humains d’Og’umbi nous ressemblent: ils éprouvent les mêmes émotions et cherchent à cacher leur vraie nature sous des faux-semblants et des croyances que Sha’Ema, à cause de la présence de son œil, doit élucider pour atteindre le bonheur. Accompagnée du professeur Valère et de son ami Nosh, un homme au corps de bête, Sha’Ema va jusqu’au bout du monde et y découvre, évidemment, une réalité bien différente de celle qu’elle croyait trouver.
La conclusion des Jours de l’ombre est prévisible, certes, mais les chemins qui y mènent sont pavés d’aventures captivantes et d’un suspense inattendu dans les dernières pages.
Les Jours de l’ombre
de Francine Pelletier
Éd. Alire
2004, 320 p.