Gabrielle Roy. Écrire, une vocation : Rivière sans repos
Comment peut-on écrire un livre pertinent sur Gabrielle Roy quelques années seulement après la célèbre biographie de François Ricard publiée en 1996? Eh bien André Vanasse a relevé le défi en trouvant un angle différent, celui du récit biographique.
Écrire, une vocation s’ouvre sur une anecdote survenue en 1979, bien que la célèbre auteure soit décédée en 1983. Elle passait alors le plus clair de son temps dans son refuge de Petite-Rivière-Saint-François. Par un concours de circonstances, André Vanasse, qui n’avait pas encore publié son roman La Saga des Lagacé et qui n’était pas encore éditeur chez XYZ, s’est pointé chez elle presque en inconnu. Je dis presque, car il dirigeait tout de même le magazine Lettres québécoises et il enseignait au département d’Études littéraires de l’UQAM, mais surtout, il était pour elle responsable de quelques maladresses professionnelles à son égard! Comme membre de l’Association des littératures canadiennes et québécoises, Vanasse, qui devait assurer un certain suivi auprès de l’auteure, fut enclin à la procrastination, aux velléités d’action, à la négligence, comme il fut victime de simples malchances. La rencontre ne va donc pas de soi: Vanasse doit s’expliquer, s’excuser, et tenter d’établir un certain lien de confiance. Bien que contrariée et légèrement sceptique, Gabrielle Roy, âgée et recevant peu de visiteurs, semble avoir besoin de se raconter. Et là, Vanasse manifeste son talent de conteur et de chercheur, fouillant dans ses souvenirs comme dans l’œuvre de Roy et dans les ouvrages de référence, afin de rapporter le plus justement les paroles de l’écrivaine. À travers "ses" mots, se trace un portrait assez intime de la femme, où se précise sa relation avec l’écriture comme son parcours dans le monde de l’édition et de la célébrité.
S’il peut être agaçant qu’André Vanasse soit partie prenante du récit, en revanche, son regard fasciné et respectueux rend la lecture captivante autant que pertinente. Modestie ou honnêteté, Vanasse ne se donne pas non plus le plus beau rôle, mais partage avec nous le privilège qu’il a eu d’écouter, une soirée durant, cette grande dame de la littérature. Sans ce parti pris éditorial, le livre serait tiède; c’est l’écrivaine vue par l’écrivain qui donne tout le relief au livre. Aussi, les détails sur les tirages, les prix littéraires et les droits d’auteur sont clairement exposés et mis en perspective. Pas de doute, Vanasse connaît son sujet et sait transmettre sa passion.
Gabrielle Roy. Écrire, une vocation
d’André Vanasse
XYZ éditeur
2004, 164 p.