Les Bouquinistes du Saint-Laurent : Lèche-bouquins
Après le mois de juin dans le Vieux-Port de la métropole, celui de juillet à la Terrasse Dufferin de la Vieille Capitale, l’exposition-vente Les Bouquinistes du Saint-Laurent s’amène pour une première fois dans la capitale nationale avec ses boîtes vertes emplies de trésors de la littérature. Rencontre avec l’instigatrice et organisatrice de cet événement, HÉLÈNE TIROLE.
C’est d’abord par amour des livres qu’Hélène Tirole, qui enseignait alors la lecture, a pris l’initiative de mettre sur pied Les Bouquinistes du Saint-Laurent à la manière de l’événement littéraire qui se déroule depuis près de quatre siècles sur les deux rives de la Seine à Paris. D’origine française, elle se souvient avec enchantement des promenades avec ses parents alors qu’elle était gamine, à la rencontre des bouquinistes le long des quais de l’île de la Cité. "C’était une promenade au fil des mots, dit-elle si bien. J’ai déjà entendu quelqu’un me dire: "La Seine est le seul fleuve qui coule entre deux rangées de livres", joli n’est-ce pas?" lance-t-elle en ajoutant que les bouquinistes en France sont au nombre de 243, occupant près de trois kilomètres de terrain. Vivant à Montréal depuis 30 ans, c’est à l’occasion du 350e anniversaire de la ville métropolitaine qu’elle proposa de récupérer la tradition des bouquinistes pour former un salon du livre en plein air qui a lieu une fois par année au bord du fleuve Saint-Laurent. "J’avais envie de créer une activité d’animation du livre dans la rue pour justement stimuler le goût de lire et alléger un peu le côté austère de la lecture."
Au cours de discussions avec l’ambassadeur de France du Canada, Philippe Guelluy, également président d’honneur de cette édition, Mme Tirole a proposé, à l’occasion du 400e anniversaire de l’implantation française au Canada, que l’on organise l’événement dans la capitale nationale. Étalant leurs boîtes près des écluses le long du canal Rideau à Ottawa et à la Place de la Francophonie à Gatineau, les bouquinistes installeront leurs pénates pour offrir un intéressant choix de livres usagés ou neufs, en français ou en anglais, au plaisir des touristes et des résidents. "Ce qui me plaît dans les Bouquinistes et qui est cher à mon cœur, c’est que, au diable le terrorisme des modes, on redonne vie à des publications d’auteurs magnifiquement valables, qui ont peut-être été un peu oubliées. D’ailleurs, on parle souvent de classicisme. Les livres de Balzac, de Gabrielle Roy au Québec ou d’Anne Hébert, ce sont de grands classiques! Ce sont des œuvres universelles qui nous touchent toujours!"
Le courant des mots
Les associations d’auteurs de l’Outaouais et de l’Ontario ainsi que les maisons d’édition de la région, telles que Vents d’Ouest et les Écrits des Hautes-Terres, seront sur place afin de présenter leurs auteurs et d’organiser des séances de dédicace et des soirées de contes. L’Alliance française sera également sur place pour présenter les 50 œuvres les plus lues en 2000. "Nous sommes complètement à l’inverse des salons du livre, parce qu’ils ont tendance à nous jalouser parfois… avance Mme Tirole, amusée. Mais nous ne lançons jamais de nouveautés. On a pu nous reprocher dans le passé d’avoir eu des livres neufs, mais ce n’était que des livres qui n’ont jamais servi, non usagés. Le copyright des livres n’est jamais de l’année en cours."
Malgré tout ce qu’on peut en dire, Hélène Tirole ne croit pas du tout à la disparition ou à un certain déclin du livre, mais souhaite, grâce à l’événement, rendre la lecture plus accessible. "J’ai inversé la proposition. Au lieu de dire aux gens d’aller dans les librairies, les livres s’offrent à eux. J’ai reçu plusieurs témoignages de gens qui disaient qu’à force de voir des livres, ils avaient envie de les lire! Je souhaite transformer le livre en aimant, par l’abondance et l’accessibilité des ouvrages aux Bouquinistes."
Finalement, Mme Tirole souhaite surtout que l’événement soit l’occasion pour les gens de discuter de ceux qu’elle nomme les "magiciens des mots". "L’idée, c’est à la fois de mettre le livre en plein air, dans une atmosphère de détente, de vacances, et d’associer le livre à la vie, à une mentalité d’autodidacte, parce que c’est ce que sont les bouquinistes, ce ne sont pas des intellectuels. Ils se sont penchés sur le livre par simple curiosité, simple passion et ils transmettent cette passion comme ça à des visiteurs, à des promeneurs, et échangent des idées sur toutes sortes de livres, des anciens comme des récents", conclut-elle.
Du 16 au 22 août, de 10 h à 20 h
En différents lieux
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