Rentrée livres – Québec : Lettres québécoises
Le roman québécois continue de faire des petits. De très nombreux petits. En voici quelques-uns, parmi les plus prometteurs.
Si plusieurs éditeurs québécois nous réservent encore des surprises pour l’automne, la plupart annoncent déjà fièrement leurs couleurs. Chez VLB, trois nouveaux romans piquent la curiosité. D’abord, celui de Guy Lalancette, Un amour empoulaillé, qui raconte l’histoire rigolote d’un Roméo contemporain aux prises avec la belle-famille. Ensuite il y a Voix, un drame amoureux de Normand Corbeil, et Les Chuchotements de l’espoir de Nadine Grelet, inspiré de faits vécus.
Chez Boréal, en plus de la nouvelle parution de Francine D’amour, Le Retour d’Afrique, arrive enfin ce deuxième livre de la jeune Nadine Bismuth, qui nous avait donné le remarquable Les gens fidèles ne font pas les nouvelles. Scrapbook est un roman qui, tiens donc, parle des relations clandestines et de l’engagement amoureux sur un ton amusant, avec en toile de fond des références musicales à Jay-Jay Johanson ou à Leonard Cohen. Dans le coin jazz, Gilles Archambault propose De l’autre côté du pont, un roman entièrement fondé sur le dialogue, dont le personnage central est un écrivain qui n’écrit plus depuis 20 ans, mais dont la réédition des œuvres complètes vient troubler la tranquillité d’esprit. Sortiront également un récit de Pierre Monette, des romans de Rachel Leclerc et d’Émile Olivier (décédé en novembre 2002).
Leméac, pour l’instant, ne dévoile que sa Petite, un récit urbain et intimiste de Maxime Mongeon.
Les lecteurs de Francine Ouellette seront heureux d’apprendre qu’un premier volet d’une saga historique intitulée Feu paraîtra chez Libre Expression. Si Ouellette parle des premiers colons, Rafaële Germain, la jeune chroniqueuse, présente Les Nouvelles Aventures de Chloé, un premier roman qui explore plutôt les temps actuels. Chez le même éditeur, on continue d’éplucher les époques avec un roman d’Annie Lavigne, qui s’intéresse à la période médiévale, et avec Pauline Vincent qui, avec La Femme de Berlin, investit le monde de l’espionnage durant la Deuxième Guerre mondiale.
Chez Stanké, on mise sur de jeunes auteurs tels que Mathieu Simard, avec Ça sent la coupe, roman "sportif", et Jacques Diamant, avec son thriller Le Transmetteur. Une satire du milieu de la radio d’État de Robert Blondin, Péril à la radio, devrait également séduire les amateurs de polars.
Alire, qui édite ses livres directement en poche, gagne plus que jamais un vaste public avec ce que l’on appelait, il n’y a pas si longtemps, la paralittérature. Cette année, les fervents de Patrick Senécal auront droit à Oniria, un thriller fantastique dont l’action se déroule en une seule nuit. Aussi, un roman policier d’Éric Wright, Une odeur de fumée, qui se passe entièrement à Toronto, et Opération Iskra de Lionel Noël, qui plaira autant aux amateurs d’espionnage que de romans historiques, puisque l’action se déroule autour de Churchill et de Roosevelt dans la Vieille Capitale en 1943. Héloïse Côté amorce une trilogie fantastique avec Les Conseillers du Roi et Sylvie Bérard donne dans la science-fiction avec Terre des autres, un roman mettant en scène plusieurs personnages féminins.
À L’Instant même, Pierre Yergeau retiendra sûrement l’attention avec Les Amours perdus, qui met en scène la descendance de certains des personnages abitibiens développés au fil de son œuvre. Diane Monique-Daviau parle d’exil et d’Allemagne avec Une femme s’en va, alors que Michel Dufour signe L’Inconnu dans la voiture rouge et que Suzanne Marcil bouscule la langue et scrute le phénomène de la promiscuité avec Ce n’est rien.
Chez XYZ, un nouveau Roch Carrier, Les Moines dans la tour, qui traite d’un architecte dont les "plans" sont bouleversés par le 11 septembre 2001. Jacques Garneau, avec Les Lettres de Russie, plonge dans l’univers d’un poète triste et psychotique fasciné par la culture russe. Bruno Roy, quant à lui, clôt avec L’Engagé la trilogie Julien-Vincent-Gabriel, autour des orphelins de Duplessis. Jean Désy, avec L’Île de Tayara, poursuit quant à lui sa quête du Grand Nord, adoptant le regard d’un artiste doublé de celui d’un ethnologue.
Du côté de chez Triptyque, le poète Marc Vaillancourt publie son premier roman, Un travelo nommé Daisy, et Lise Blouin, L’Or des fous. Fulvio Caccia, avec La Ligne gothique, raconte l’histoire d’un homme qui part à la recherche d’un frère, d’un ami, disparu depuis 10 ans. François Chabot, anthropologue ayant beaucoup côtoyé les Innus, nous offre La Mort d’un chef, un roman qui démarre après la vente des droits ancestraux à Hydro-Québec…
Chez Québec-Amérique, Andrée A. Michaud retiendra sûrement l’attention avec Le Pendu de Trempes. La récipiendaire du prix du Gouverneur général nous emmène au cœur de la forêt des Trempes, où se sont autrefois produits des événements tragiques. Hélène Vachon, autre auteure s’étant démarquée ces dernières années, signe Singuliers Voyageurs, où deux étrangers font connaissance… dans le wagon nuptial d’un train de plaisance.
Chez Lanctôt paraîtra À cul nu de Carmen Bonifacio, qui raconte un exil au Chili et …Et même le dimanche de Louise Lamarre, qui rapporte l’histoire d’une femme à l’aube de la cinquantaine qui se bat avec ses démons et ses tabous, et qui s’interroge sur sa capacité de séduction.