Frédérick Durand : Contes de fées pour adultes
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Frédérick Durand : Contes de fées pour adultes

Enseignant au Collège Laflèche de Trois-Rivières, Frédérick Durand a fait ses classes comme auteur de romans noirs en littérature jeunesse. Après avoir écrit trois livres destinés aux adolescents (Le Voyage insolite, Le Carrousel pourpre et Promenade nocturne sur un chemin renversé), il a commencé à se sentir à l’étroit. Celui qui a rédigé sa thèse de doctorat sur les représentations du privé dans les romans-feuilletons français publiés dans les journaux québécois du XIXe siècle avait besoin d’un peu plus d’espace pour exploiter ses nouvelles idées. "Il y a une espèce de censure dans les romans jeunesse. C’est très surveillé… Et là, j’avais envie d’aller plus loin dans le concept", admet-il.

De ce changement de cap sont nés, dans un laps de temps très court, trois bouquins, dont L’Île des cigognes fanées, lancé au mois d’août dernier. Suite de Dernier Train pour Noireterre, paru en 2003, l’œuvre plonge le protagoniste Alain Dalenko au cœur d’une aventure inquiétante. Le professeur à l’École de l’épouvante, qui s’était retrouvé sur un train fantôme dans le premier tome, est maintenant invité à servir de juge aux Jeux olympiques de la ville Monochrome, événement hors du commun qui met à l’épreuve des… monstres. "C’est la première fois que je fais une suite. Je voulais approfondir le personnage, approfondir dans l’inventivité. En fait, je désirais écrire un gros roman de 400 pages. Mon éditrice aurait bien pu le refuser; elle ne m’avait pas donné carte blanche. Mais, je trouvais intéressant de relever ce défi-là."

Si Durand fait évoluer son héros dans un univers étrange et morbide, il se défend d’utiliser l’écriture comme exutoire. "Je vois plutôt ça comme le fait de pousser un concept jusqu’au bout de ses conséquences, de l’amener jusqu’à ce qu’il crée des images qui risquent de déstabiliser. Ça prend du mordant, sinon ça devient mièvre!" explique-t-il sur une note humoristique. "Nous ne sommes pas de grands déprimés…" renchérit-il en pensant à tous les écrivains qui se passionnent pour le genre fantastique. En fait, sans être un moralisateur, le Trifluvien essaye toujours de réaliser une courte critique sociale. Dans L’Île des cigognes fanées, il souligne à quel point il s’avère difficile de lutter seul contre une importante organisation.

L’Île des cigognes fanées
de Frédérick Durand
La Veuve noire, éditrice
2004, 400 p.