François Lapierre : La forêt enchantée
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François Lapierre : La forêt enchantée

Le bédéiste François Lapierre poursuit sa série Sagah-Nah, dont l’action se déroule dans une Nouvelle-France fantasmagorique.

Un premier album de François Lapierre paru l’an dernier, Celui qui parle aux fantômes, nous faisait découvrir son personnage de Zakarie, jeune Métis abénakis de Watopeka ayant reçu le don de parler aux esprits. Zakarie ayant été convoqué à Québec par le gouverneur de la Nouvelle-France qui requérait ses services de guide et d’interprète, l’épisode entier était consacré à la traversée initiatique de la forêt séparant son village de la capitale. Le héros y faisait de nombreuses rencontres le mettant en contact avec un monde surnaturel des plus hétéroclites: fantôme, magicien, déesse amérindienne, entité extraterrestre, voire le Diable en personne venu recruter des âmes au Nouveau Monde. C’était la naissance d’une série BD innovatrice, réalisée en partie par ordinateur, dont le titre Sagah-Nah vient d’une expression algonquine signifiant "état de voyage par le rêve".

Arrivé à Québec au début de La Confrérie des tueurs de monstres, Zakarie y apprend enfin le motif de sa convocation. Depuis quelque temps, une série de meurtres horribles bloque les expéditions vers le poste de traite de Michillimakinac. On ignore encore s’ils sont l’ouvrage d’un dangereux monstre ou d’une machination anglo-iroquoise visant à empêcher les transactions entre les Français et les tribus de l’Ouest. Les précédentes patrouilles envoyées pour enquêter dans la région n’étant jamais revenues, Zakarie a pour mission d’y accompagner un petit groupe de volontaires (à qui on a plus ou moins tordu le bras) pour mettre fin à ce problème. La patrouille n’atteindra toutefois pas son but dans cet épisode, une première halte la retenant à Montréal où elle doit déjouer un mystérieux "Matou masqué" qui s’avérera être une vieille connaissance de Zakarie…

L’auteur nous faisant sauter d’une péripétie à l’autre sans crier gare, la force de l’œuvre réside justement dans le rythme décoiffant de son scénario et dans la multiplication et la diversité des mythes qui y sont exploités. On se réjouira de retrouver dans La Confrérie des tueurs de monstres certains personnages secondaires hauts en couleur du premier album et de faire connaissance avec de nouveaux, comme ce couple amérindien drôlement sexy que forment Assaman et Maheka, ou comme cet antipathique capitaine Brandôme, faire-valoir de Zakarie, dont les manies parisiennes sont loin d’être adaptées aux mœurs locales. Un univers onirique, drolatique et superbement dessiné, dont on espère impatiemment la suite.

La Confrérie des tueurs de monstres (Sagah-Nah, tome 2)
de François Lapierre
Éd. Soleil
2004, 48 p.