Jean-Claude Servais : L’empreinte belge
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Jean-Claude Servais : L’empreinte belge

Auteur reconnu de la BD européenne, Jean-Claude Servais présidera la cinquième édition du Rendez-vous international de la BD de Gatineau (RVIBDG).

La Belgique est connue pour ses auteurs de BD; on n’a qu’à penser à Hergé, Hermann, Jigé… Mais s’il y a quelques bédéistes qui sont sortis de la province de Luxembourg, Jean-Claude Servais est certainement le plus connu d’entre eux. Rêvant de cette carrière depuis l’âge de 12 ans, il s’est dès lors créé un style bien à lui, celui d’illustrer les légendes fantastiques des forêts ardennaises de sa région natale du sud de la Belgique, la Gaume. Autre particularité notable de son œuvre: le portrait de ses héroïnes, des femmes sauvages au tempérament fort, telles que Violette, Iriacynthe, Marilou et autres.

Jean-Claude Servais n’a visité le Québec qu’à deux occasions, dans des salons à Montréal et à Québec, et c’est avec entrain qu’il a accepté l’invitation de Paul Roux d’être le président d’honneur de cette édition Du Rendez-vous de la BD de Gatineau. "Je m’étais plu lors de mes dernières visites. L’accueil canadien a été fantastique. Ce que j’aime bien chez vous, c’est que vous êtes des gens directs, simples, comme nous à la campagne, note-t-il au bout du fil de sa demeure wallonne. Ici en Belgique, c’est toujours le même public et le fait d’aller ailleurs, ça nous enrichit… moralement, pas financièrement!"

Ayant à son actif plus de 40 albums, Servais est heureux de constater que ses récits touchent un grand public: "Je crois que les Canadiens s’y trouvent parce que la nature y est fort présente, et au Canada, il y a toutes ces histoires de trappeurs ou autres qui peuvent correspondre à certaines de mes histoires d’hommes des bois."

Conscient des différences de marchés entre les deux régions (au Québec, la BD est relativement jeune), Servais avoue perdre le fil de ce qui se fait présentement: "Ce que je reprocherais aux jeunes auteurs, c’est d’essayer de faire comme les autres plutôt que d’avoir leur griffe à eux. Tout est dans le même moule: héroïque, fantaisie, science-fiction, manga, jeux de rôles, etc. J’avoue que je perds les pédales et je pense que le public aussi."

À 18 ans, Servais publiait déjà ses premières planches dans les journaux Spirou et Tintin, ce qui lui offrit une bonne vitrine pour se faire connaître: "J’ai eu la chance de commencer alors que la BD adulte était en plein essor et d’avoir mon style d’histoires personnel, mais j’ai mes grands maîtres quand même. Par contre, je les ai assimilés, digérés, pour pouvoir sortir mon propre style".

Puisqu’une activité du RVIBDG consiste en une table ronde sur les différences de marchés avec Ayroles, Eid et Hardy, Servais commente: "Ce qui nous nuit, c’est que les volumes doublent de prix en faisant la traversée. Je pense aussi que la bande dessinée, autant au Québec qu’en France ou en Belgique, est de moins en moins grand public, elle s’adresse de plus en plus aux bédéphiles qui collectionnent… Il n’y a plus beaucoup de public de passage qui veut découvrir des nouveautés. C’était vrai il y a 20 ans, mais plus maintenant", conclut-il. En plus des périodes de dédicaces, Servais sera présent tous les jours au Rendez-vous (du 18 au 24 octobre) pour participer à différentes activités, telles que des dessins en direct ou collectifs et des ateliers divers. (www.slo.qc.ca)