Paule Boisvert – Rendez-vous de la BD : La passion latente
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Paule Boisvert – Rendez-vous de la BD : La passion latente

À 75 ans, l’artiste peintre Paule Boisvert s’est offert une première BD, Les Pendus de la porte Saint-Louis, qu’elle présentera à Gatineau dans le cadre du Rendez-vous de la  BD.

Les arts visuels, Paule Boisvert est tombée dedans à l’âge de neuf ans alors que ses parents, tous deux artistes, l’ont inscrite aux Beaux-Arts où Jean-Paul Lemieux lui a enseigné. Pendant cinq ans, elle est ensuite l’élève de Percival Tudor-Hart pour ensuite passer un an à New York au côté de l’artiste russe Nome Lows. "Mes parents étaient beaucoup attentifs à mes désirs", affirme-t-elle. À 75 ans, après une jolie carrière derrière elle, voilà qu’elle plonge: le roman qu’elle avait commencé prend petit à petit la forme d’une bande dessinée: "C’est un concours de circonstances, c’est presque un cheminement normal pour moi. J’ai eu la rare occasion d’illustrer un manuel scolaire pour une méthode de conversation en anglais, il y a de ça 30 ans, et j’avais trouvé l’idée intéressante de pouvoir illustrer un livre, mais avec mon texte… À cette époque-là par contre, il n’y avait pas grand chose qui se faisait dans ce sens-là au Québec." L’artiste peintre a continué son bonhomme de chemin en créant beaucoup jusqu’à ce qu’elle entende parler d’un certain festival de la bande dessinée à Québec où elle a accouru. C’est peu de temps après qu’elle a créé le personnage d’Éva Maisonneuve, une agente immobilière à la frange blonde, qui allait devenir l’héroïne des Pendus de la porte Saint-Louis, sa bédé policière sur fond de Vieux-Québec enneigé. "J’ai travaillé dans l’immobilier pendant 20 ans, comme quoi on part toujours d’une certaine réalité. Ça me permet de mieux décrire comment ça se passe, mais le reste n’est que pure invention. J’ai toujours été intéressée par les romans policiers, les romans d’aventures et la littérature historique. C’est à partir de là que j’ai pris mes propres élans."

Si Paule Boisvert trouve dans la BD une dimension encore inexplorée dans la peinture, sa plus grande surprise se trouve dans l’accueil de ses lecteurs de différents groupes d’âge: "Je suis lue par des beaucoup plus jeunes que je le croyais et ça va jusqu’à 80! Les enfants sont attirés par les personnages, la petit mouffette… Les plus âgés, ça leur rappelle des souvenirs du Vieux-Québec."

Celle qui lisait les BD de Tintin et compagnie lorsqu’elle était jeune avoue être indifférente aux BD où la violence domine; elle préfère les belles images harmonieuses, comme celles des scènes d’hiver qu’elle aime tant à reproduire: "La peinture, pour moi, c’est reposant alors que la création de BD fait marcher l’imagination… Je ne pourrai plus jamais m’ennuyer jusqu’à la fin de mes jours avec une telle passion. Pas que je m’ennuyais avant…"

Paule Boisvert n’a pas chaumé en effet ces dernières années, exposant ses œuvres aux États-Unis, au Mexique et un peu partout au Canada. Bien qu’elle ait une expérience en or, elle est bien conscience des failles du marché: "Les jeunes de la relève entreprennent quelque chose qui, à l’heure actuelle, est difficile. Il faut être attentif à ce qui se produit sans pour autant tomber dans le piège de trop s’en inspirer. Ça ressemble à de la copie, des fois. Ils sont très talentueux, mais ils doivent cultiver leur imagination personnelle", conclut sagement l’auteur, qui travaille au scénario d’une seconde aventure d’Éva Maisonneuve.

Mme Boisvert sera présente lors du Rendez-vous de la BD de Gatineau pour diverses activités et des périodes de dédicaces. (www.slo.qc.ca)

Les Pendus de la porte Saint-Louis
De Paule Boisvert
Arion
2004, 49 p.