Pierre Ouellet : Zone franche
Il y a deux gestes principaux dans l’écriture de Pierre Ouellet. Deux gestes qui se succèdent et se répondent, qui modèlent la matière tantôt en courbes sensuelles, tantôt en angles tranchants comme des vérités: le modelage à la main, rappelant l’artisan qui travaille sa glaise, et le coup de scalpel. Zone franche, le 13e recueil du poète, laisse voir à travers cette alternance un espace où les contingences de la vie humaine s’accordent un peu mieux à la démesure de l’univers. Un espace où la vie devient transparente, entre ses îlots de réconfort et ses énigmes tenaces. "Ton corps contre le mien: écoute les météores tomber. On dirait ta voix / dans le creux d’une oreille: l’ultime verdict lancé en douce / dans une salle d’audience qu’on vient d’évacuer". Un objet qui vire du froid au chaud sans crier gare, et où les photomontages de Christine Palmiéri font comme des points d’orgue. Un objet merveilleusement beau, comme à chaque fois. Éd. du Noroît, 2004, 80 p.