Ma mère est une marmotte : L'enfance de l'art
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Ma mère est une marmotte : L’enfance de l’art

Ma mère est une marmotte est un livre réussi qui allie le drame lourd et la légèreté.

"C’est ma maman qui a tué mon papa. Elle l’a fait parce qu’elle est grosse et qu’elle aime les marmottes." Voilà, le ton est donné. Le premier roman de Sébastien Chabot, Ma mère est une marmotte, adopte comme narrateur la voix d’un enfant étrange. Si le procédé rappelle un peu celui utilisé dans Le tambour de Günter Grass, Chabot a le mérite d’avoir créé une musique somme toute singulière, et surtout, l’ensemble demeure cohérent et impeccablement architecturé.

C’est qu’il ne relâche jamais le ton emprunté dès les premières lignes, ce jeune écrivain. Tout est bien ciselé et on entre à merveille dans l’univers éclaté, parfois sadique et pourtant rebutant de cet enfant qui nous livre son point de vue sur sa famille, sa classe, les amies de sa mère, les poissons, les marmottes et les démonstrations de plats de plastique. Il tient des propos choquants, il simplifie la vie et il réduit beaucoup de conflits à une compétition se rapportant à la taille. Et on ne peut trop critiquer, car tout ça sort de la bouche d’un enfant. Un enfant dont le père, maniaco-dépressif, préfère la pêche et la bière aux discussions et à la vie familiale.

L’enfant en question est complexé par sa maigreur. Il croit sa mère complexée par sa grosseur. Et cet autre gros, dans la classe, qui montre son pénis à tout le monde, quel est son complexe? Son tour de taille ou la petitesse de son engin?

"Hier, à la récréation, j’ai couru vers Mimile et il a pris une crotte de chien dans ses mains et il l’a sentie pour voir. Il me l’a montrée et il a dit que c’était une belle crotte pour une crotte." Si l’enfant nage dans les images de la sorte, ces propos sous-tendent le véritable drame qui se joue à la maison. Il ne sait plus comment obtenir de l’amour, et s’il défèque sur le plancher d’épicerie pendant que sa mère parle de plats de plastique, on a affaire à un enfant triste et attachant, qui se dessine en pendu, beaucoup plus qu’à un monstre en manque d’attention.

Malgré tout le côté sombre du livre, Ma mère est une marmotte regorge de moments drôles et poétiques. Prenant.

Ma mère est une marmotte
de Sébastien Chabot
Éd. Point de fuite
2004, 152 p.