Patrick Poivre d’Arvor : Perdre la tête
Dans La Mort de Don Juan, Patrick Poivre d’Arvor se réfère à Byron pour donner forme à une fiction d’inspiration romantique.
Animateur-vedette du journal télévisé en France, Patrick Poivre d’Arvor détient aussi une aura d’écrivain depuis que son roman L’Irrésolu lui a valu, en 2000, le prestigieux prix Interallié. Avec La Mort de Don Juan, en lice cette saison pour deux autres prix littéraires, l’auteur offre un roman fidèle à lui-même: talentueux et séduisant, et qu’accompagne ce mystère qui peut laisser présager l’avènement du pire comme du meilleur.
Victor Parker a 51 ans lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau. Comédien anglais vivant à Londres, fasciné par Byron et la lecture de son Don Juan, Parker révèle qu’il a calqué sa vie sur celle du héros romantique, faisant de ses conquêtes féminines le canevas principal de son existence. La nouvelle de sa mort prochaine le conduit à imaginer un scénario pour remplacer son cerveau malade par celui de Byron lui-même. Grâce à une femme, nièce de Mary Shelley dont elle a en outre hérité des talents de Dr Frankenstein, il verra son souhait exaucé et sera bientôt totalement possédé par le cerveau du poète anglais.
Écrit à la première personne, ce roman est un récit de type autobiographique dans lequel le personnage se fond, mais pas toujours, avec le narrateur. Conquêtes et visages féminins agrémentent le récit de la vie et de la mort de ce Don Juan anglais, qui livre somme toute assez aisément ses secrets de séduction, tout en semblant se chercher une identité à travers ses différentes aventures. La maladie physique offre dans cette version une variante à la dimension tragique de Don Juan, et c’est autour d’elle que s’articule le suspens de l’action. Bien mené, avec un talent romanesque incontestable, La Mort de Don Juan peut se lire également comme un hommage à la pensée de Byron, dont la présence sert de prétexte au romantisme indubitablement lié à l’évocation de la mort.
La Mort de Don Juan
de Patrick Poivre d’Arvor
Éd. Albin Michel
2004, 224 p.