Serge Patrice Thibodeau : Musique de chambre
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Serge Patrice Thibodeau : Musique de chambre

La poésie de l’Acadien Serge Patrice Thibodeau, toujours aussi lyrique, aborde de nouvelles tonalités. Son dernier recueil apporte une musicalité plus sobre, presque un murmure, comme une oraison de quiétude.

Être en paix, c’est accepter. C’est avoir trouvé un terrain d’entente, un lieu qui n’est plus hostile, un lieu où l’on accepte de s’abandonner, où l’on se donne le droit de contempler ce qu’il reste de beau, ce qu’il reste de nous. Avec Que repose, Serge Patrice Thibodeau avance une poésie tant du détachement que de la plénitude. Pas de prières inutiles, non plus de rage improductive. Une sorte d’épanouissement devant la simplicité des choses et des petits gestes qui demeurent.

La couverture montre un vol d’oiseaux et la disposition des vers que le recueil donne à lire, nous rappelle sans arrêt l’envolée possible, comme la sauvagerie possible, telle une nécessité pour revivifier le monde. Dans le même ordre d’idées, on peut dire que la poésie de Thibodeau accepte ici le bouleversement, tant comme un nouveau départ et l’envie de se refaire que par besoin de laisser aller, de passer à autre chose. Il y a donc un sentiment d’urgence, une excitation qui sous-tend le texte; comme si cette paix était si vaste qu’il fallait la communiquer. Cette paix est aussi importante pour le poète que la révolte, que l’action. On ne peut taire ici l’engagement de l’humain derrière le poète, celui qui s’est impliqué au sein d’Amnistie internationale, qui a écrit un livre sur la torture et qui a parcouru le monde sans jamais garder son regard en captivité, démontrant son indignation et militant à sa façon pour le mieux-être de l’humanité.

Que repose n’est pas l’œuvre d’un exalté, mais plutôt un livre témoin d’une étape nécessaire, d’un passage plus lumineux, d’un moment où l’on accepte d’accueillir la joie sans pourtant mettre des œillères. Le moins que l’on puisse dire, c’est que s’il se dégage une forte impression de quiétude à la lecture du recueil, on ne peut pas accuser cette poésie de ne pas être ancrée dans le présent et de nier les inégalités du monde. Seulement, on ne sent pas de jugement. C’est là la force du recueil: allier une conscience du monde et la quête personnelle.

Que repose
de Serge Patrice Thibodeau
Éd. Perce-neige
2004, 111 p.