Fossés d’amour et d’insomnies : Au fin fond du réel
Le recueil de poésie Fossés d’amour et d’insomnies de Michaël La Chance, une prose autobiographique ponctuée de photographies.
Un regard déambule sur l’illusion du monde. Une voix lucide, rythmée, solitaire, à la limite du silence et de l’agonie, se recueille dans la nuit, chuchote le jour du langage.
L’être de ce regard, l’être de cette voix, semble se réveiller nu à l’aube et tenir du bout de ses doigts figés, comme une boule de cristal minuscule et miraculeuse de pesanteur, un monde pourtant opaque, mais qui de temps en temps se donne à voir dans la douleur ou dans la joie, avec son histoire sempiternelle de la mort et de la vie – son histoire impossible de mort. L’être saurait passivement le porter mais craindrait de l’échapper, ce petit monde infini, avec dedans toute l’humanité qui attend toujours, qui existe encore. Avec dedans les kilomètres de sable, et la bulle d’eau dans l’œil qui contient l’amour entier.
"C’est dans la nuit que nous trouvons le délice du vide, le grand corps prostré du monde. Que nous trouvons le silence qui a grandi avec tous les solitaires, le silence qu’ils nous ont laissé. Dans une telle nuit nous voulons tendre la main, étendre le bras. Tous nos gestes possèdent la géométrie parfaite du coquillage."
Les lignes feutrées du recueil, les lignes simples, pensives et pures, expriment l’anxiété du corps perdu dans la matière, déposé dans sa propre attention, retrouvé dans l’émotion. Et surtout, quelque chose comme le sens du temps, au fin fond du creuset du réel, dessiné dans le creux du regard de l’être aimé.
Fossés d’amour et d’insomnies
Ed. Trait d’union , 201 p.