Trois écrivains québécois : Qui lit quoi?
En cette fin d’année, trois écrivains d’ici énumèrent leurs coups de cœur québécois de 2004.
MARIE-SISSI LABRÈCHE
La première à répondre à notre petit questionnaire désigne Christian Mistral comme l’une de ses plus grandes inspirations, en raison de sa culture, de la force de son écriture. Pour l’auteure des romans Borderline et Labrèche (Éd. du Boréal, 2000 et 2002), Mistral est un monstre de la littérature "parce qu’il ne connaît pas l’autocensure et parce qu’on peut facilement se retrouver dans son questionnement existentiel, dans Valium par exemple", estime celle dont le troisième roman, La lune habite un quatre et demi, devrait paraître chez Boréal en 2005. Marie-Sissi Labrèche travaille également à l’adaptation cinématographique de son second roman, Labrèche, qui sera produit par Roger Frappier (La Grande Séduction). En ce qui concerne Christian Mistral, on se souvient qu’il a lancé cette année chez Triptyque le recueil Fontes – poèmes et chansons (1985-2003), dans lequel sont rassemblés les écrits du Mistral poète et parolier. D’autre part, l’auteur de Vacuum (Éd. Trait d’union, 2003) travaille en ce moment sur un nouveau roman, à paraître au cours de la prochaine année.
JEAN-JACQUES PELLETIER
En ce qui concerne Jean-Jacques Pelletier, 2004 a été l’année des essais: il a lu Le Québec transgénique de Gilles Bibeau (Éd. du Boréal, 2004), qui, à son avis, dresse un tableau remarquable des enjeux liés au développement de la génétique et de la synthèse des protéines. "On y trouve également plusieurs propos de nature polémique sur l’implication du Québec dans cette industrie", affirme celui qui a publié cette année Le Bien des autres, troisième volet des Gestionnaires de l’Apocalypse (Éd. Alire, 2004). Il a également aimé le livre Vivre les changements climatiques, de Claude Villeneuve et François Richard (Éd. MultiMondes, 2004), car "c’est un livre remarquable pour comprendre la dynamique des climats et la façon dont nous sommes actuellement en train de saccager la planète", croit Jean-Jacques Pelletier, certain que ces deux lectures continueront leur travail de manière inconsciente et ressortiront quand il entreprendra, en janvier 2005, l’écriture de La Faim de la terre, le dernier tome des Gestionnaires. Cela étant dit, en 2004, l’auteur ne s’est pas seulement intéressé aux auteurs associés au monde littéraire: "J’ai apprécié la qualité et la pertinence des textes des groupes Loco Locass, Les Cowboys Fringants et Les Zapartistes, qui sont souvent parmi les auteurs les plus sous-estimés… Sous-estimés comme auteurs, j’entends", affirme Pelletier. L’écrivain travaille présentement sur une longue nouvelle, qui deviendra peut-être un court roman, mettant en scène l’inspecteur Théberge. Le titre probable est Radio-vérité, la radio du vrai monde. "Il me reste aussi à réviser une courte nouvelle intitulée Sang d’encre, pour un recueil dont le titre provisoire est Polar contre le racisme", énumère l’auteur, qui rédige également la refonte de son livre sur les caisses de retraite et de placement…
TANIA LANGLAIS
Après avoir consacré les quatre dernières années à l’écriture de son recueil de poésie La clarté s’installe comme un chat, qui vient de paraître aux Herbes Rouges, Tania Langlais a profité des derniers mois pour lire des auteurs étrangers ou relire des auteurs d’ici qui l’ont énormément marquée, comme le recueil Être – Aimer – Tuer d’Yves Préfontaine, publié à l’Hexagone en 2001. "Je suis contre les concepts de vieille et de nouvelle garde, et je pense que le livre de Préfontaine actualise cette théorie. Il est arrivé à quelque chose d’unique, à une maîtrise impressionnante", explique celle qui a aussi aimé Le Rayonnement des corps noirs de Kim Doré (Éd. Poètes de Brousse, 2004). "Récemment, j’ai lu Pluie heureuse de Dominique Robert (Éd. Les Herbes Rouges, 2004), une auteure que j’aime beaucoup, tout comme Fernand Durepos. Dans Mourir m’arrive (Éd. de l’Hexagone, 2004), il parvient à dire l’essentiel dans la simplicité. Dans un cheminement de poète, c’est un devoir que d’arriver à ça. C’est magistral et je l’ai adoré, tandis qu’en littérature, je retiens Vous devez être heureuse de Katerine Caron (Éd. du Boréal, 2004). Dans ce roman, tout est dans l’atmosphère, qui traduit une maîtrise géniale du senti et de l’organique de la part de l’écrivaine. C’est sublime", assure la poète qui souhaite, en 2005, poursuivre l’écriture d’un roman qui devrait s’intituler Kennedy sait de quoi je parle. Kennedy, en passant, c’est le nom de son chat.