Rentrée livres étrangers : Îles vierges
À travers le copieux menu que nous ont préparé les éditeurs étrangers, quelques pièces de résistance…
ÉCRITURE HEXAGONALE
En ce début d’année littéraire, Vincent Delerm et autres fans de Patrick Modiano se régalent à l’idée de se mettre bientôt sous la dent Un pedigree (Gallimard), un texte autobiographique où l’auteur très secret de Voyage de noces lève le voile sur son enfance et raconte son éveil à l’écriture. Chez Grasset, on annonce les nouveaux Pascal Quignard, Les Paradisiaques et Sordidissimes, quatrième et cinquième tomes de Dernier royaume, ce projet littéraire qui consiste en une exploration plurielle et audacieuse de l’être humain. À la même adresse, Patrick Rambaud (Goncourt 1997) fera plaisir à plusieurs en publiant L’Idiot du village, le parcours d’un homme victime d’étranges hallucinations qui le ramènent dans le quartier parisien des Halles, en 1953.
De son côté, Christine Montalbetti fera paraître chez P.O.L. Western, un quatrième roman qui lui permet d’explorer plus avant cette écriture chirurgicale, qui dissèque d’un scalpel patient les mouvements du corps et de l’âme. Anne Plantagenet signe chez Robert Laffont Seule au rendez-vous, une biographie romancée racontant 12 mois dans la vie de la poétesse Marceline Desbordes-Valmore, alors que dans Le Mystère de la chambre obscure, publié chez NiL éditions, Guillaume Prévost fait le pari fou de mettre en scène Jules Verne dans le rôle d’un détective improvisé. Dans le Paris de 1855, en pleine Exposition universelle, le romancier alors à peine connu est appelé à résoudre une énigme criminelle… En 2005, de nombreuses activités souligneront d’ailleurs le centenaire de la mort de Jules Verne. Pendant que chez nous, les Éditions Stanké annoncent la parution de plusieurs textes inédits (nous y reviendrons), les Éditions Le Pré aux clercs prévoient la réédition de nouvelles de jeunesse du célèbre écrivain.
Chez Actes Sud, on mise beaucoup sur le premier roman de Pierre Mari, Résolution, qui montre les codes, jeux d’ombre et non-dits à l’œuvre dans une grande entreprise.
TOUS AZIMUTS
Au Seuil, on attend Verre cassé, dans lequel Alain Mabanckou, né au Congo-Brazzaville et actuellement professeur de littérature à l’Université du Michigan, fait le portrait d’un bar congolais miteux et des éclopés fantastiques qui le fréquentent. À la même enseigne, paraissent le nouveau livre de l’écrivaine suisse d’origine hongroise Agota Kristof, C’est égal, 25 textes qu’on dit entre fable et cauchemar, et La Proie des âmes, de l’Américain Matt Ruff, présenté comme un conte spirituel.
Dans le registre du thriller, les Éditions Robert Laffont nous proposent Peur blanche, de Ken Follett: une variante du virus Ebola a été volée dans un laboratoire, sans doute par des terroristes… Albin Michel aussi a concocté des traductions alléchantes. La Fille sans visage de l’Américaine Patricia MacDonald, par exemple, le drame d’un père de famille accusé – peut-être à tort – d’un meurtre survenu 15 ans plus tôt, et qui retourne sur les lieux du crime. Également à surveiller: Rien que des fantômes, un recueil de nouvelles de la jeune Allemande Judith Hermann, dont la plume évoque si bien déambulations mélancoliques et rendez-vous improbables.
Actes Sud fera sans doute de bonnes affaires avec Amours en marge, le premier "roman long" de Yoko Ogawa, d’abord paru en japonais en 1991. L’histoire d’une jeune femme qui se réveille un matin dans un silence total, privée de son ouïe… Chez NiL éditions, un livre-choc: Lucky, ou l’histoire vraie d’Alice Sebold, où l’auteure du best-seller mondial La Nostalgie de l’ange raconte le viol subi alors qu’elle avait 18 ans et assume le désir de vengeance qui ne l’a pas quittée depuis.
L’équipe de la section livres poursuivra au cours des prochaines semaines ce très incomplet survol.