La Quinzaine de la poésie de Montréal : Vol au-dessus d’un nid de poètes

"Ça fait quelques années que je lis intensément Saint-John Perse, nous dit Batlam, mais aussi Gaston Miron, Anne Hébert, Roland Giguère et toute la génération de l’Hexagone, qui sont un peu à la naissance de la modernité littéraire et sociale au Québec. Je suis en train de découvrir Émile Nelligan, parce qu’en fait, je ne le connaissais qu’à travers le mythe, comme bien des gens d’ailleurs, et là je me rends compte de sa force. Dernièrement, j’ai aussi beaucoup apprécié le lauréat du prix Alain-Grandbois, Jean-Philippe Bergeron, qui a écrit Visages de l’affolement, publié chez Lanctôt, un livre superbe. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je lis de la poésie. C’est vraiment ma lecture principale, au-delà du roman, de l’essai ou du journal."

Ce n’est donc pas par hasard que l’on a demandé à ce groupe de rap de représenter la Quinzaine. Loco Locass a toujours eu une démarche intimement liée à la poésie, citant plusieurs poètes québécois et faisant du disque une autre tribune pour la poésie, une autre manière de l’aborder. "Je ne sais pas si le rap – et ça dépend beaucoup du type de rap – contribue à intéresser les jeunes à la lecture de la poésie. Pour certains, particulièrement éveillés, certainement. Ceci dit, croit Batlam, ça les amène sans aucun doute à l’écriture. C’est le pari qu’on fait, avec Loco Locass, d’intéresser les jeunes à la poésie, entre autres, comme d’intéresser des gens qui, de prime abord, n’aiment pas le rap. Ce serait bien que certains de nos jeunes admirateurs se tournent aussi vers la lecture et qu’ils tentent de lire un livre de poésie, le nôtre ou n’importe quel autre. Il faut faire des ponts."

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Des ponts, la Quinzaine en fait, diffusant l’événement dans plusieurs lieux et variant énormément sa programmation, l’étendant à la chanson, au théâtre, et créant des rapprochements avec les arts visuels. Aussi, il y a des tables rondes, des entretiens et, bien sûr, des lectures. Mais pour tisser des liens concrets avec la population, la Quinzaine a eu la brillante idée de s’associer au groupe Les Donneurs (créé à Joliette par Jean Pierre Girard) et à la Maison de la poésie. Avec Les Donneurs, chacun peut aller rencontrer un poète posté dans un quartier, de manière individuelle, et échanger avec lui sur l’écriture. La Maison de la poésie a, quant à elle, lancé l’activité "poètes dans la classe", grâce à laquelle sept poètes iront rencontrer des élèves pour les intéresser à la poésie et démystifier ce métier.

Côté entretiens, notons la rencontre avec Clémence DesRochers, le 16 mars à la Bibliothèque de Dollard-des-Ormeaux. Pour la Journée mondiale de la poésie, le 21 mars, l’Union des écrivains invite par ailleurs la population à la Maison des écrivains pour un débat autour de la question: La poésie: pourquoi? pour qui?.

Côté musique ou chanson, Nathalie Lessard présente le 10 mars Pièces d’identité, un spectacle où elle visite en chanson, et avec conviction, les grands poètes québécois. Le même soir, Plywood 3/4 est à la Maison de la culture Frontenac. Le 17, à la Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville, José Acquelin et Jean Vanasse aborderont la poésie sous l’angle du jazz, et le 18, Renée Claude propose On a marché sur l’amour à la Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville.

Une exposition regroupant une cinquantaine de caricatures d’époque, autour de Victor Hugo, sera également présentée à la Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville. La Quinzaine propose aussi la pièce Trois secondes où la Seine n’a pas coulé, du poète, romancier et dramaturge Larry Tremblay, pour une incursion poétique dans le monde théâtral (Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension). Mais que serait cet événement sans les lectures? Michel Garneau, le 13, à la Maison de la culture Rosemont-Petite-Patrie, nous offre une lecture musicale intitulée Petite Anthologie de la poésie québécoise. Denise Boucher, poète, dramaturge et femme engagée, sera en lecture le 15 à la Maison de la culture Plateau-Mont-Royal, accompagnée par la mezzo-soprano Claude Lapointe et Anne-Marie Bernard au piano. Les dynamiques productions Rhizome proposent à leur tour quelques spectacles, dont celui du 17, à ne pas manquer à la Maison de la culture NDG, avec Élise Turcotte, André Roy et Denise Desautels.

Pour connaître les détails de la programmation: www.ville.montreal.qc.ca/culture.

Jusqu’au 24 mars
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