Mathieu Laliberté : Signe des temps
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Mathieu Laliberté : Signe des temps

Mathieu Laliberté signe avec Objectif zéro un premier livre qui témoigne assez bien de l’état actuel du monde.

Impossible de parler du livre de Mathieu Laliberté sans d’abord parler du DVD qui l’accompagne. Ce DVD contient un clip, réalisé avec soin par Raphaël Bélanger, qui nous montre l’auteur récitant ses textes sur une musique de Francis Collard. En visionnant ce clip, impossible de ne pas penser au Je me souviens d’Yves Simon, ou à l’excellent Que sera votre vie? du groupe Kat Onoma. Avec une telle entrée en matière, le ton Laliberté est donné, et nous sommes plus à même de nous abandonner à la proposition globale de cet Objectif zéro. C’est que le premier recueil de poésie (appelons-le ainsi) de Mathieu Laliberté s’inscrit davantage dans la lignée des textes de chansons, rythmés par la rime et plus près des impératifs de la musique populaire contemporaine que de la direction générale des maisons d’édition de poésie québécoise des 50 dernières années. Le tout s’apparente au spoken word, celui pratiqué surtout du côté des Américains et de quelques Français.

Bon, souvent c’est en rime. Je ne sais pas si c’est un signe des temps, mais les jeunes ont de plus en plus recours à cette forme. Les bien-pensants de la poésie auront de la difficulté à comprendre l’avancée de ce recueil, mais pourtant, l’ensemble du projet est parfaitement moderne. Les idéologies véhiculées et les préoccupations, sociales et esthétiques, sont bien d’aujourd’hui, rimes ou non. Dans sa globalité, le livre a le mérite d’aller au bout de ses promesses, malgré ses maladresses formelles. Disons que l’ensemble aurait gagné à être resserré; il suffirait de faire quelques sacrifices et de retirer quelques facilités pour donner à l’objet une force de frappe beaucoup plus grande. On dirait parfois que l’auteur n’a pas bénéficié d’un éditeur ou d’un lecteur rigoureux qui l’aurait amené à mieux canaliser ses forces. Quoi qu’il en soit, Mathieu Laliberté s’en sort très bien avec ce recueil multidirectionnel, offrant des passages en prose (les meilleurs textes se trouvent de ce côté), des poèmes assez traditionnels, des collages dadaïstes et des regards sur le monde actuel qui méritent réflexion. Le recueil conteste, questionne, et le tout est dit avec une dose d’humour sans jamais évacuer la responsabilité civile.

Objectif zéro
de Mathieu Laliberté
Éd. Coronet liv
2005, 119 p.