Julie Paquet : Kid Kodak
La photoreporter Julie Paquet ne fait plus de voyages dangereux depuis la naissance de son deuxième enfant. Pour continuer d’assouvir sa passion pour la photo et les voyages exotiques, elle a donc créé Cléo Clic Clic.
En fait, le projet Cléo Clic Clic mijotait dans la tête de sa créatrice avant la naissance, en 2000, de son fils. "Je suis tombée enceinte de Jules à mon retour du Kosovo (en 1999) et j’ai pris cela comme un signe. J’ai donc réorienté ma carrière vers un projet conjuguant ma passion pour les voyages, la photo et les enfants", explique Julie Paquet, dont le cheminement professionnel en dit long sur son penchant pour l’aventure et les défis.
Après des études en sciences politiques à l’Université McGill, l’auteure est devenue directrice des communications pour le Groupe DMR, puis a étudié le photojournalisme à la prestigieuse Parson School of Design de New York. "La constante, à travers mon cheminement, c’est mon intérêt pour les cultures. J’ai étudié la politique internationale, puis j’ai appris le japonais et l’arabe littéraire écrit et parlé. L’écriture et les communications ont également toujours fait partie de moi. Cependant, après quelques années dans une grande société, j’ai réalisé que j’aimais mieux faire des choses artistiques plutôt que de gérer. Comme la photo traduisait bien cet aspect de moi, j’ai étudié le photojournalisme, et j’ai eu la piqûre", raconte celle qui est devenue photographe de guerre presque par hasard: "Mes voyages au Yémen et en Birmanie m’ont permis de constater que j’aimais le danger. Comme j’aime collaborer avec des organismes humanitaires – j’ai toujours mis mes photos à leur disposition, que ce soit pour des publicités ou des expositions -, j’ai été en contact avec Enfants du Monde, Droits de l’Homme, qui organise des missions un peu partout. C’est ainsi que je suis allée dans la Bande de Gaza, en Palestine et au Kosovo", résume-t-elle avant de s’exclamer: "Si j’étais célibataire, je ne serais pas assise ici aujourd’hui!"
GLOBE-TROTTEUSE
De ses nombreux voyages (Chine, Maroc, Vietnam, Thaïlande, Indonésie, Tunisie, Italie, République tchèque, Pologne, Roumanie, Équateur, Albanie, Turquie, etc.), Julie Paquet ramène des photos, mais aussi des souvenirs et des histoires. Sa décision de créer Cléo Clic Clic coulait donc presque de source, d’autant plus que sa fille Cléo, adoptée au Vietnam, est en quelque sorte la représentation vivante de son amour des gens. En plus d’être un hommage à sa fille (à qui ressemble vraiment le personnage des albums), Cléo Clic Clic a été créé pour aider les enfants: "Parce qu’ils m’ont tellement donné. C’est gratifiant d’être avec eux car ils t’acceptent comme tu es. Il arrive que des jeunes, dans des pays sous-développés, te lancent des pierres, mais il suffit parfois de faire un pas de plus, de leur sourire, pour qu’ils t’accueillent. J’ai donc eu envie, par l’entremise de Cléo Clic Clic, de faire un cadeau à la jeunesse et à tous ceux que j’ai photographiés et aimés", affirme l’auteure établie à Monaco depuis dix ans. Elle souhaite plus que tout susciter des passions chez les jeunes, comme elle-même a été inspirée, enfant, par le livre Les Enfants de tous les pays que lui avait donné sa mère.
Cléo Clic Clic est aussi bien différente de la plupart des héros que l’on croise dans les livres jeunesse. Elle n’a aucune épreuve à traverser pour trouver le bonheur: "La découverte du monde, de 7 à 11 ans, est très importante. C’est à cet âge-là que les jeunes apprennent l’estime de soi. Comme Cléo est heureuse, et qu’elle a une grande estime d’elle-même, elle peut aller à la poursuite du meilleur. C’est important de montrer ces belles valeurs", assure l’auteure, qui adore son public cible, particulièrement réceptif. "Mon but, c’est que les enfants comprennent mieux les autres, qu’ils se posent des questions, pour qu’il y ait plus d’harmonie. Plus on a de connaissances, plus on est ouvert, plus on est capable de jauger les autres, et de les apprécier", conclut celle qui travaille en ce moment sur les deux prochains Cléo Clic Clic, dont on sait déjà qu’ils porteront sur le Québec et la Birmanie.
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Accompagnée de son meilleur ami Colin la tortue, Cléo Clic Clic parcourt le monde grâce à son appareil photo magique. Dans les deux premiers albums de la collection, elle part à la découverte de ses origines au Vietnam, puis se rend au Maroc, pour constater par elle-même les dires de sa mère au sujet de l’eau: "Cléo, tu n’apprécieras l’eau à sa juste valeur qu’après en avoir été privée dans le désert!"
Alimenté par la curiosité inlassable de Cléo, chaque album est rempli d’information, livrée dans un style léger et humoristique (en plus d’un lexique pour les mots nouveaux), et d’anecdotes sur la vie des Vietnamiens et des Marocains. Le tout illustré par les photos de Julie Paquet et les jolis dessins de Geneviève Guénette. Décidément, pas question de s’ennuyer en lisant les aventures de Cléo Clic Clic, puisqu’on retrouve aussi à la fin des jeux qui permettront aux lecteurs de faire le bilan de ce qu’ils auront appris.
Cléo Clic Clic au Vietnam
Cléo Clic Clic au Maroc
de Julie Paquet
Éd. La courte échelle, 2005, 32 p.