Marilène Gill : Une eau de chiens
B.J.
À mille lieues du je et des complaintes de l’intime, la prose de cet objet littéraire non identifié nous ouvre les portes d’une petite bourgade aux contours flous où humains et animaux se retrouvent emportés par l’étrangeté radicale du sort. Si le merveilleux ici côtoie la mort et la violence, c’est de façon impassible, presque innocente. À la manière de contes minuscules et savamment désarticulés, les poèmes d’Une eau de chiens dessinent leurs événements avec une liberté indécente menaçant à chaque phrase d’aggraver le vertige du rêve, de nous convaincre que "S’il neige, c’est sous la mer". Un livre aux mesures extrêmes où le langage se retrouve privé de tout lieu commun, au service d’un imaginaire calme et souverain. Éd. Les Herbes rouges, 2004, 53 p.