Michel Rabagliati : Paul au Festival
Michel Rabagliati, figure de proue de la bédé indépendante québécoise, sera au Festival de la BD pour le lancement officiel de son nouvel album: Paul dans le métro.
Pas facile de percer lorsqu’on est auteur de bédés au Québec. Pourtant, Michel Rabagliati a su conquérir un vaste public de lecteurs charmés par les aventures nostalgiques de Paul. Fait rare en bédé au Québec, le total des ventes de ses trois premiers albums dépasse les 15 000 exemplaires. La série est aussi distribuée en Europe par L’Association et éditée en anglais par le prestigieux Drawn & Quarterly. Heureux à juste titre de tous ces succès, l’auteur montréalais sera présent dans le cadre du Festival de la BD francophone de Québec pour lancer son plus récent album.
Avec un mélange captivant de récits autobiographiques et de fiction, la série des Paul raconte une vie ordinaire baignée dans la poésie. Les aventures se déroulent dans les lieux que Rabagliati fréquente: Rosemont, Saint-Léonard ou le métro de Montréal. "Je parle de ce qui me touche. Je connais les personnages, les lieux et les événements. C’est autobiographique, oui, mais ce n’est pas nombriliste! J’aime séduire les lecteurs. Après tout, c’est pour eux que je dessine." Grâce à son coup de crayon naïf et efficace ainsi qu’à son sens du récit, Michel Rabagliati puise dans l’ordinaire pour faire émerger la poésie. "Je trouve la beauté dans les choses simples, un coin de rue, un dépanneur… Je pense que c’est pour ça que les gens s’attachent à mes histoires, parce qu’il y a quelque chose de réel qui permet de s’identifier aux personnages, mais aussi quelque chose de très poétique qui fait rêver."
En plus d’en être l’invité d’honneur et de signer l’affiche du Festival de la BD, Rabagliati profitera de son passage à Québec pour lancer son quatrième album, Paul dans le métro. Il s’agit d’un recueil d’histoires courtes déjà publiées dans des revues spécialisées. "L’idée à la base du projet, précise-t-il, est de rendre ces histoires plus accessibles en leur donnant une deuxième vie sous forme de recueil." Rabagliati nous avait pourtant habitués, jusqu’à présent, à des récits plus longs. "En bédé comme en musique, les silences font partie de la respiration du texte. L’histoire courte me pousse vers un autre rythme. On ne peut pas se permettre le luxe du silence. Il faut être incisif; saccader le récit comme des diapositives. C’est le rythme de l’humour et du gag et ça convient bien à Paul."
Pour l’avenir, l’auteur entend renouer avec ce qu’il préfère: les histoires longues qu’il nomme "romans graphiques". Il se consacre actuellement au prochain tome de Paul, un projet ambitieux de plusieurs centaines de pages. À ce sujet, Rabagliati est très satisfait de sa collaboration avec son éditeur, La Pastèque. "Le noir et blanc me donne une grande flexibilité. Je peux arriver avec un truc de 600 pages et ça ne leur fera pas un pli! On va le sortir. J’aime cette liberté. Elle me pousse à aller au bout de mes histoires."