Olivier Pont : Nourrir de vastes dessins
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Olivier Pont : Nourrir de vastes dessins

Olivier Pont, avec son collaborateur Georges Abolin, vient de prendre les lecteurs par surprise avec, la même année, deux beaux et longs albums de la série Où le regard ne porte  pas.

Le dessinateur Olivier Pont et son collègue scénariste Georges Abolin auront pris les grands moyens pour s’installer de plain-pied dans le monde de la bande dessinée. C’est qu’en un peu plus de six mois l’an dernier, le duo aura publié les deux tomes d’une œuvre imposante (dans les deux sens du terme), qui a immédiatement reçu l’adhésion des critiques comme celle du public. Où le regard ne porte pas, série parue dans la très belle collection Long Courrier de Dargaud, permettait aux deux auteurs de développer pleinement et en longueur un véritable récit (près de 200 pages au total), soit celui de l’intense puis étrange amitié liant sur une période de 20 ans trois garçons et une fille d’un village côtier de l’Italie du début du siècle.

Cette série pouvait d’autant plus surprendre que les auteurs sévissaient déjà depuis quelques années dans d’autres séries au ton beaucoup plus humoristique et bon enfant, les Totale Maîtrise et Cap’tain Kucek, qui ne laissaient pas vraiment présager la quête quasi initiatique des deux tomes de Où le regard ne porte pas. Pas la même reconnaissance, car pas du même registre ni du même calibre. "Ce que j’avais fait jusqu’à ce moment était assez confidentiel, avoue le dessinateur Olivier Pont depuis la France, à quelques heures de son départ pour le Festival de la BD de Québec. J’avais fait une première série (Kucek) avec Georges, mais ça ne s’est jamais très bien vendu. La série la plus populaire était basée sur un autre scénario (La Honte, avec Jim); ces albums comiques n’étaient pas vraiment de mon fait puisque je ne m’occupais que du dessin et que j’étais seulement l’exécutant de ce côté."

Un détail qui prend une importance particulière pour Pont puisque pour son travail avec Abolin, il n’est souvent crédité que comme dessinateur, alors qu’il occupe une place à part entière en ce qui concerne le scénario. C’est d’ailleurs une place qu’il revendique pleinement pour Où le regard… et qui le fait acquiescer tout de suite lorsqu’on lui mentionne que cette série semble beaucoup plus personnelle. "Oui, bien sûr! Car même si j’ai travaillé longtemps avec Georges là-dessus, c’était un projet qui me tenait particulièrement à cœur. Des trucs comme La Honte étaient quand même vachement plaisants à faire, mais je les faisais beaucoup plus vite – il fallait de trois à quatre mois pour le dessin -, alors que pour Où le regard…, chaque album demandait trois ans. C’est pas du tout le même investissement!"

La dernière œuvre de Pont et Abolin réussissait même, il y a quelques mois, à s’inscrire au palmarès du festival d’Angoulême – elle était en lice pour le Grand Prix RTL, certes moins connu que ceux du haut de l’affiche, mais cela devrait tout de même avoir son petit effet. Pourtant, ça n’empêchera pas le dessinateur de passer à autre chose, puisqu’il affirme clairement vouloir se consacrer au cinéma, ayant déjà en boîte un court coréalisé avec sa copine: "En tout cas, le dessin, j’ai un peu mis ça de côté!" Dommage tout de même!