Salon du livre : Livres de bonheur
Parmi les dizaines d’auteurs présents au Salon international du livre de Québec, quelques plumes exceptionnelles se démarquent du lot. Nos choix.
CHRISTIANE FRENETTE
"Ni héros ni victime. Rien à prouver, rien à pleurer. Juste le goût de vivre." Tel est l’état d’esprit de Thomas, Lou et Marie, les trois personnages dont les blessures tissent la trame d’Après la nuit rouge (Boréal), le troisième roman de Christiane Frenette. À la frontière du monologue intérieur et de la narration, le texte de cette romancière qui fut d’abord poète trace, par touches délicates et épurées, un portrait nuancé de la détresse. La nuit rouge, c’est celle où, en 1950, un immense incendie a ravagé une partie de Rimouski. Thomas s’y est brûlé ce qui lui restait de raison et de mémoire. Marie s’est réfugiée dans une froideur où étouffent les dernières flammes de sa vitalité. Et Lou, n’étant pas née, ne pouvait pas encore s’enfuir… (M. Cliche)
MATHIEU TERENCE
Premier écrivain à séjourner en résidence à la Maison de la littérature de Québec, le Français Mathieu Terence est l’auteur d’un recueil de poèmes (Aux dimensions du monde) et d’une poignée de romans, dont le dernier en date est Maître-Chien (éditions Phébus). Situé en milieu brésilien, celui-ci donne à sentir la dérive existentielle d’un jeune homme qui disparaît bien autrement qu’il ne l’aurait songé. En fait, notre névrosé se trouve à emprunter l’identité d’un autre individu presque par accident. Mis dans le rôle d’un dresseur de chiens d’attaque, il pourra ainsi pénétrer le versant paranoïaque et violent d’une société qu’il connaît mal, où l’univers se divise en favelas et en cloîtres cossus. Qui est le chien de qui dans cette histoire, où l’on ne sait pas très bien qui manipule la laisse? C’est à expérimenter au fil d’une lecture plutôt aisée, où les sens sont abondamment sollicités. (T. Bissonnette)
ANDRÉE A. MICHAUD
Unanimement reconnue comme l’un des auteurs les plus importants de sa génération, Andrée A. Michaud publiait cet automne son sixième roman, Le Pendu de Trempes, aux éditions Québec Amérique. L’écrivaine y raffine ce style dense et acéré qui l’a fait connaître, explorant plus avant ses thèmes de prédilection, la mémoire et la folie, auxquels s’ajoute cette fois la déréliction. De retour dans son village natal après 25 ans d’une absence dont le motif ne se précise qu’au fil du récit, Charles Wilson trouve son ami d’enfance pendu dans une clairière. Interrogeant ce cadavre tragique et sacrilège, l’homme répondra bientôt à ses propres questionnements, découvrant une clairière dans l’obscurité de ses souvenirs. (M. Cliche)
ELISABETH VONARBURG
Les Parisiens d’origine s’établissant à Chicoutimi sont rarissimes. Les femmes écrivant de la science-fiction ne sont pas légion. Et les auteurs dont le talent est reconnu à l’extérieur de leur pays se comptent sur les doigts de la main. Élisabeth Vonarburg donne donc dans l’exception, ce que confirme son plus récent et ambitieux projet, Reine de Mémoire, qui retrace l’histoire d’une civilisation tout entière. Sorti l’automne dernier chez Alire, La Maison d’oubli est la première partie de ce roman qui en comptera quatre (les trois autres devant être publiées d’ici 2006). Le lecteur aura pour guides et initiateurs Jiliane, Senso et Pierrino, trois enfants qui, en découvrant les dons qui caractérisent leur famille, mettront au jour un empire fascinant et oublié. (M. Cliche) :
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LES MOTS À LA BOUCHE
Martin Pouliot participera à Bêtes de cirque. |
Le Salon du livre sera également l’occasion pour les mots de plusieurs auteurs de rejoindre, non seulement des yeux, mais aussi des oreilles, alors que diverses représentations littéraires entoureront l’événement. À ce chapitre, les Productions Rhizome et Premier Acte nous proposent le cabaret littéraire Bêtes de cirque, réunissant Anick Arsenault, Jean-Sébastien Larouche, Cynthia Girard, Martin Pouliot et Fredric Gary Comeau, qui nous raconteront leurs histoires au rythme d’une musique interprétée en direct. Après en avoir offert des extraits le 7, à 20 h, au Salon, et y être allée d’interventions poétiques le 8, entre 17 h et 19 h, au Sacrilège, la petite bande présentera finalement la totalité de son spectacle le 9, à 20 h, à Premier Acte.
De leur côté, les éditions Point de fuite, Alire et la revue Alibi nous convient à une soirée littéraire consacrée au polar, le 8, à 22 h, au Bistro Le Ripoux. Pour l’occasion, Camille Bouchard, Sébastien Chabot (pour Joseph Ouaknine), Martine Latulippe, Lionel Noël, Patrick Senécal, Jean-Jacques Pelletier et Robert Tessier nous liront des extraits de leurs écrits. Le lendemain, même heure, même poste, l’Effet pourpre se joint à Point de fuite pour nous offrir une soirée mettant à l’avant-scène la relève littéraire, avec des auteurs d’une dizaine de maisons d’édition (Alto, Le Lézard amoureux, l’Hexagone, Le Noroît, Les Petits Villages, Québec Amérique, Sémaphore…), soit José Acquelin, Patrick Brisebois, Sébastien Chabot, Nicolas Dickner, Thierry Dimanche, Alain Drainville, Hervé Bouchard, François Blais, Jonathan Harnois, Catherine Lalonde, Bertrand Laverdure et Louis-Jean Thibault. (Josiane Ouellet)