Martin Pouliot : Portes ouvertes
Martin Pouliot n’a rien d’un poète conventionnel. C’est avec un six pack sous le bras qu’il attendra les visiteurs du Salon du livre de Trois-Rivières. Open house.
Poète à l’écriture rebelle, Martin Pouliot a créé Open House, un hommage poético-érotico-comico-musical aux années 80, alors qu’il était en résidence à l’émission Les Décrocheurs d’étoiles à la radio de Radio-Canada au printemps 2003. Il a par la suite adapté le concept à la scène, puis en a fait un livre.
"Mon travail d’écriture est vraiment basé sur l’expérience. Je ne suis pas dans la conceptualisation de la poésie. Ce n’est pas intellectuel, mon truc. Je travaille beaucoup sur la parole. C’est ça qui m’intéresse. Donc, je n’ai pas d’images comme on en a habituellement dans les poèmes. J’ai essayé de travailler sur une époque que peu d’auteurs ont racontée: les années 80. J’ai l’impression que, parce que j’ai été élevé dans les années 80, je n’ai pas été élevé en Québécois. On dirait que cette époque-là a été rejetée de la culture", soutient le jeune auteur.
Ce témoignage artistique est né de manière spontanée. Martin Pouliot n’a rien forcé, pas même la thématique, soit un spectacle coquin sur les différents événements qui peuvent se produire lors d’un party d’adolescents. "Au début, j’étais avec un musicien. On "jamait" ensemble. On faisait de la musique, j’essayais de mettre des mots là-dessus. Tranquillement sont arrivés les premiers mots, l’idée d’Open House, l’idée qu’à chaque chapitre, on ouvre une nouvelle bière…"
Seul sur scène lors de son passage au Salon du livre, l’écrivain portera son chapeau de conteur. Du coup, il partagera sa vision personnelle de la poésie. "Des fois, j’ai l’impression que la littérature est un peu déconnectée de la société dans laquelle on vit, clame Pouliot. Ce qu’il y a de plus beau dans la poésie québécoise des années 60 et 70, à part la revendication de qui on était, c’est qu’elle est très près de la parole. Mais à la fin des années 70 et au début des années 80, les gens l’ont beaucoup intellectualisée. Il y a eu beaucoup de courants. Le formalisme a tué beaucoup d’auteurs. Et aujourd’hui, plusieurs poètes sont dans ce post-formalisme. Moi, je ne viens pas du tout de là. Je ne me sens pas obligé de poursuivre un quelconque chemin tracé avant moi. Je raconte mon histoire, j’essaye de l’écrire le mieux possible selon mon expérience et ma qualité de langue. Au-delà de ça, si ça plaît, tant mieux. […] J’aime ouvrir un livre et avoir l’impression qu’il y a vraiment un être humain derrière qui est en train de me parler, même s’il utilise l’abstraction pour me dire quelque chose." C’est d’ailleurs ce qu’il compte offrir le 23 avril au Musée québécois de culture populaire.
Open House
de Martin Pouliot
Éd. Trois-Pistoles, 2004, 66 p.