Michel Rabagliati : Des nouvelles de Paul
Livres

Michel Rabagliati : Des nouvelles de Paul

Michel Rabagliati lançait au Metropolis bleu un recueil de courtes histoires mettant en scène Paul, son alter ego et le héros le plus populaire de la bande dessinée québécoise  actuelle.

Magnifique hymne à Montréal et aux années 80, Paul en appartement avait suscité un véritable événement culturel au printemps dernier, élargissant le public de Michel Rabagliati et faisant redécouvrir les deux premiers albums d’une série fort prometteuse. Alors qu’un quatrième roman graphique, actuellement en préparation, ne devrait voir le jour que dans un an et demi, les Éditions de la Pastèque ont eu l’idée d’apaiser notre manque de Paul en réunissant une douzaine d’histoires courtes parues au fil des ans dans différentes publications.

Le recueil, intitulé Paul dans le métro, étonnera ceux qui ont suivi la carrière du bédéiste dans ses seuls albums, car les œuvres brèves de Rabagliati sont à ses romans graphiques ce que la nouvelle littéraire est au roman tout court. Le défi narratif réside dans la brièveté même de cette formule, dans l’art de conduire le lecteur vers une chute réussie ou une moralité pleine d’humour. Les souvenirs minutieusement évoqués y sont souvent prétexte à des réflexions générales sur l’existence. Par exemple, "Les Paulardises", où Paul ressuscite sa grand-mère le temps d’une recette de risotto, sont l’occasion de parler de la mort et, du coup, d’apprendre à jouir de la vie. L’auteur s’offre par ailleurs une visite onirique du Montréal des années 50 dans "Radio cuisine", tandis que "Paul dans le métro" plonge dans la fin de son enfance et dans l’espiègle errance à travers les pavillons fantômes de l’Expo et le Eaton de la rue Sainte-Catherine.

Ces "nouvelles graphiques", créées de 2000 à 2005 pour des supports très différents, permettront d’apprécier le travail de l’illustrateur Rabagliati. Le lecteur notera la différence entre le raffinement des décors de "Radio cuisine" et le trait minimaliste de "Paul et Richard". De même le travail soigné sur les nuances de gris dans "Paul à la quincaillerie" s’oppose-t-il au strict noir et blanc de "Paul défait ses boîtes". Malgré ces intéressantes disparités formelles, une unité de ton se dégage de ce charmant album, qui a le don de déclencher alternativement le rire et le vague à l’âme lorsque l’oeil, ravi, saute d’une case à l’autre. Paul, fidèle à lui-même…

Paul dans le métro
de Michel Rabagliati
Éd. de la Pastèque, 2005, 96 p.