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Camille Laverdière : Grand sieur, petit faiseur

Professeur de géographie, Camille Laverdière est sans conteste un conteur-né. Après s’être intéressé aux vies d’un botaniste-ethnologue, d’un écologiste et de géologues, il s’est appliqué à faire connaître celle de Jean-François de Larocque, le Sieur de Roberval.

"J’ai écrit toute ma vie, comme j’ai dessiné et fait de la photo toute ma vie, commence d’entrée de jeu Camille Laverdière. Très tôt, j’ai écrit des articles parce que je sentais qu’il fallait que je passe par là, par l’écriture, pour mieux transmettre les résultats de mes recherches. J’ai dû sentir que j’avais une facilité à mieux dire les choses; j’ai rapidement glissé vers la poésie. J’étais naturellement attiré vers la poésie, mais je me retenais. Un professeur de géographie ne fait pas de poésie, me disais-je. Je me figurais que le milieu de l’époque ne me l’aurait pas permis. J’ai finalement publié mon premier recueil en 1970, à l’âge de 43 ans." Le poète-géographe s’est ensuite lancé dans les récits biographiques, "mais la poésie reste encore la forme d’écriture la plus naturelle pour moi", précise-t-il tout de même.

Qu’est-ce qui pousse alors un professeur de géographie à écrire des récits biographiques, peut-on se demander. "Je suis géographe, morphologue, géologue, c’est l’histoire de la terre, répond l’auteur. Pour écrire des biographies, il suffit d’ordonner la matière; je connais le cadre. Dans le cas du Sieur de Roberval, j’ai décidé de le faire parce que ma compagne est Robervaloise et parce que j’accorde une énorme importance au milieu qu’est le Royaume du Saguenay. C’est un acte d’amour." Évidemment, le fait que la ville de Roberval fête cette année son 150e anniversaire n’est pas non plus étranger au choix du personnage.

Il fut nommé vice-roi de Nouvelle-France, amiral de la flotte du troisième voyage de Jacques Cartier; il était un ami d’enfance du roi François Ier et, au Québec, un comté et une ville portent son nom. Mais qui exactement était cet homme qui multiplie les titres de noblesse sans que l’histoire daigne retenir ses exploits? À la lecture du récit biographique qu’en fait Camille Laverdière, on comprend que l’histoire n’a pas fait d’erreur de jugement. N’étant ni explorateur, ni bâtisseur, n’ayant laissé, contrairement à Jacques Cartier, aucun écrit ou récit de voyage, Jean-François de Larocque n’a fait que paraître en profitant de tous les privilèges que lui conférait sa place de choix auprès du roi. "Mais il avait le désir de s’y rendre, au Royaume du Saguenay!" Un bouquin historique fort instructif sur un sieur qu’on aimera détester.

Le Sieur de Roberval
Les Éditions JCL, 2005, 158 p.