Véronique Marcotte : Chronique d'une mort annoncée
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Véronique Marcotte : Chronique d’une mort annoncée

Véronique Marcotte vient de commettre son deuxième roman, Les revolvers sont des choses qui arrivent. C’est en épluchant les journaux qu’elle a été frappée par l’inspiration.

Les critiques avaient passé au hachoir Le Dortoir des esseulés, sa première tentative dans l’univers du livre. Pourtant, l’écrivaine de 28 ans n’a jamais abandonné la plume. Prenant bonne note de ses faiblesses, elle a plutôt décidé de retrousser ses manches pour accoucher d’une écriture plus personnelle. Un choix qui ne s’est pas fait sans peine, car elle a dû se libérer du joug de son maître à penser: Marguerite Duras (L’Amant, Un barrage contre le Pacifique).

Si elle conserve le style télégraphique de Duras, Véronique Marcotte laisse peu à peu émerger sa personnalité artistique avec beaucoup plus de confiance. C’est d’ailleurs durant cette période de transformation qu’est né le roman Les revolvers sont des choses qui arrivent, qui traite de la maladie mentale, de l’isolement et de la désinstitutionnalisation. "À un moment donné, je lisais le journal et il y avait un article qui mentionnait qu’une jeune femme, pour ne pas dire une jeune fille, avait assassiné sa mère. Comme je suis très proche de ma mère, je me suis demandé: "Qu’est-ce qui fait en sorte qu’on peut en arriver là?" Oui, je me disais qu’à l’adolescence, il peut y avoir des crises… Mais je me doutais bien qu’il y avait une maladie mentale en dessous de ça. J’ai découpé l’article. Je l’ai fait mûrir. Quelque temps après, il y a eu un deuxième article qui, lui, parlait de cette maladie mentale-là. Il disait que la jeune fille avait fait une dépression nerveuse suivie d’une psychose. Comme je m’intéresse à la maladie mentale et que tous mes livres vont sûrement en parler, j’ai vraiment allumé et je me suis mise à faire un suivi. Presque un an après est sorti un autre article. Il y avait eu le procès et une étude psychologique… En fait, ce qui s’était passé, c’était que la mère avait exprimé à sa fille qu’elle voulait mourir heureuse dans son sommeil. La jeune femme, par grand amour, s’était alors dit: "Je vais rendre service à ma mère." Tout ça m’a touchée; quel beau roman à faire avec ça!"

Passionnée, Véronique Marcotte obtient un rendez-vous à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal et le droit de visiter la jeune fille en question. Elle renonce cependant à concrétiser ses démarches à la toute dernière minute. La Trifluvienne craint que, en étant confronté à la réalité, son récit, déjà fort avancé, avorte. "Au lieu de ça, j’ai parlé à beaucoup de gens qui avaient travaillé là. Ensuite, j’ai vu les films de Marie Cadieux. Il y en a un qui se passe à Pinel. Ça m’a donné une certaine idée de la salle des visites, de la cafétéria… Et j’ai parlé avec Marie Cadieux…" Un moment de grâce pour la jeune auteure, qui découvre que la cinéaste semble connaître la "protagoniste" de son futur roman.

Au lendemain des Revolvers sont des choses qui arrivent, la dynamique auteure a l’impression d’avoir éclos. Telle une fleur, elle a l’impression d’avoir pris racine dans le bon terreau.

Les revolvers sont des choses qui arrivent
de Véronique Marcotte
XYZ éditeur
2005, 128 p.

Les revolvers sont des choses qui arrivent
Les revolvers sont des choses qui arrivent
Véronique Marcotte