Lectures estivales : Le voyage immobile
Voici quelques suggestions de lectures estivales. Pas que des livres aux parfums de chlore et de limonade, mais des tickets garantis pour un ailleurs.
Thriller
Le Prix du mensonge
de Maxime Houde
Dès les premières lignes, celles et ceux qui connaissent déjà le détective Stan Coveleski auront l’impression de retrouver une vieille paire de chaussures confortables. Ils constateront aussi que malgré les événements tragiques du Salaire de la honte (Alire, 2003), l’ex-enquêteur de la SQ n’a rien perdu de son flegme ni de sa perspicacité. Quant aux lecteurs qui ne connaissent pas les polars de Maxime Houde, ils n’auront aucune difficulté à s’immerger dans cette quatrième intrigue, qui se déroule en 1948. Cette fois-ci, Stan accepte, à la demande de son épouse Kathryn, de s’occuper d’un dossier qui les conduit jusqu’à Joliette. L’enquête sur le mystérieux comte de Fontenailles, qui s’annonçait banale, prend toutefois une tournure tragique: un homme est tué et Kathryn, enlevée. Stan la retrouvera-t-il à temps? Éd. Alire, 2005, 288 p. (C.F.)
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Roman
Pikauba
de Gérard Bouchard
Avec Pikauba, suite du célèbre Mistouk (Boréal, 2002), on retrouve Léopaul, enfant de l’Amérindienne Senelle et de Méo Tremblay, les personnages centraux du premier tome. Le deuxième roman de Gérard Bouchard, surtout connu pour ses essais politiques et historiques, débute avec l’enfance du jeune Métis qui comprend, dès ses premiers pas, que des forces contradictoires et des intérêts paradoxaux l’animent et le poursuivront toute sa vie. Fondant une entreprise forestière majeure à Pikauba, un village dans la région de Chicoutimi, Léo doit également composer avec le revers du succès. Sur un fond d’humour, l’auteur sait raconter, accrocher, tout en réfléchissant sur l’identité et les origines. Éd. du Boréal, 2005, 575 p. (S.D.)
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Roman
J’ai rêvé de courir longtemps
de Ron McLarty
Sans l’intervention de Stephen King, qui l’a encensé dans sa chronique du magazine Entertainment Weekly, le premier roman de l’acteur Ron McLarty (Law & Order, Sex and the City) n’aurait jamais été publié. Ç’aurait été dommage, car l’histoire de Smithy Ide, qui enfourche sa vieille bicyclette et traverse les États-Unis à la suite de la mort de ses parents, vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour le style narratif, qui ressemble d’ailleurs à celui de Stephen King, et cette manière qu’a l’auteur de raconter la vie de tous les jours et d’en faire un événement. L’adaptation au cinéma du roman sera réalisée par Alfonso Cuaron (Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban), rien de moins. Éd. Albin Michel, 2005, 400 p. (C.F.)
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Voyage
Un voyage parmi les touristes
de Taras Grescoe
L’auteur de Sacré Blues, ouvrage primé plusieurs fois, fait maintenant paraître Un voyage parmi les touristes, un livre qui affûte le regard et développe l’esprit critique du voyageur. Le Torontois d’origine (maintenant établi à Montréal), ancien chroniqueur touristique, a décidé de renverser la méthode que lui imposaient ses employeurs. Finie l’idée de ne montrer les endroits que dans un but commercial, finie l’idée de se taire sur les conséquences politiques et sociales de certains types de tourisme. Avec le récit de ce périple d’un bout du monde à l’autre en compagnie de touristes (du genre de ceux qui suivent le guide), Grescoe analyse et commente. Un livre dérangeant, constructif. VLB éd., 2005, 416 p. (S.D.)
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Fantasy
Le Fil
de Sylvie Laporte
Sorte de fable humoristique alliant réflexion et légèreté, légendes, mythes anciens et contexte contemporain, folie imaginative et concret du quotidien, Le Fil de Sylvie Laporte est un roman qui se permet toutes les libertés de la fiction. On entraîne le lecteur dans un monde parallèle, sur la piste d’Ariane Dédale (référence au fil d’Ariane), et il assistera à une forme de quête initiatique aux confins du réel et du fantastique. L’ensemble fait l’éloge de la liberté, de la vie, sans indiquer de recette ou dicter une méthode. Amusant et spirituel, le livre pose des questions intéressantes sur les choix, les positionnements, sur les sens qu’on donne à la vie. Éd. de Mortagne, 2005, 160 p. (S.D.)
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Roman
Fascination
de Patrice Dansereau
Si le genre "roman estival" existait vraiment, eh bien Fascination de Patrice Dansereau répondrait exactement à la définition: un ton assez léger, une intrigue accrocheuse, un environnement estival (l’action se passe autour d’une piscine) et… une bonne dose d’érotisme. L’histoire se déroule en banlieue où un homme devient le voyeur de sa propre femme. Le couple étant à une étape étrange de la relation qui manquait jusque-là de piquant, les protagonistes se permettent graduellement de réaliser et d’explorer davantage leurs fantasmes, ce qui les emmène dans une zone fragile où les désirs côtoient la jalousie, et où les jeux prennent d’autres visages, bousculant les certitudes, les priorités et les valeurs. Éd. Stanké, 2005, 160 p. (S.D.)
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Jeunesse
Mon royaume pour un biscuit
de Francine Allard
Bruno Smallwood est un jeune prince vivant dans le château de Livingstone, entouré de ses professeurs, de sa nounou et de ses parents royaux. Bruno n’est pas malheureux, mais sa vie s’écoule comme un long fleuve trop tranquille, jusqu’à l’arrivée de Blandine. Le jour de ses 13 ans, les deux amis partent à l’aventure et durant leur folle escapade, ils découvrent les beautés du monde, mais aussi sa laideur. Avec Mon royaume pour un biscuit, l’auteure de L’Univers secret de Willie Flibot (2004) livre un gentil petit conte sur la force de l’amitié et l’importance de la communication. Pour les 9 à 11 ans. Éd. Hurtubise HMH, coll. "Caméléon", 2005, 152 p. (C.F.)
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Jeunesse
Miriam, Boudi, Mario Broche et compagnie
de Paul Labrèche, illustrations d’Isabelle Langevin
C’est le sourire collé aux lèvres qu’on découvre l’histoire sympathique inventée par l’auteur qui, en 1999, remportait le Concours de nouvelles Voir, puis un prix littéraire Radio-Canada en 2003. Miriam est une grande fille qui a fait un rêve étrange, dans lequel un vieux monsieur lui a dit qu’elle avait deux cœurs. Mais comment est-ce possible? Assistée de son toutou Boudi, qui trouve toujours les bons mots pour dire les choses, elle raconte son histoire et, par la bande, aborde un thème délicat: le divorce. Très touchant. Éd. Trois, coll. "Jamais deux sans trois", 2005, 61 p. (C.F.)
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Essai
C’était du spectacle!
de Vivianne Namaste
Professeure adjointe à l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia, Vivianne Namaste nous offre la toute première étude sur le milieu des transsexuels et des travestis montréalais des années 1955 à 1985. Conditions de travail, accès aux soins de santé, prostitution, abus policiers, crime organisé: l’ouvrage nous entraîne dans les coulisses du carnaval nocturne mené par ces reines de l’extravagance ayant défié les conventions sociales de leur époque. Ponctué de récits provenant des danseuses elles-mêmes, le portrait est non seulement fouillé, mais accessible et vivant. Éd. MQUP, 2005, 266 p. (B.J.)
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Récits
5-Fu
de Pierre Gagnon
"5-Fu, ce n’est pas le nom du dernier groupe grunge de Seattle, non, c’est l’identification d’une chimio-thérapie pour combattre le cancer", indique-t-on en 4e de couverture de ce petit recueil à l’illustration rabagliatienne. Concoctés par Pierre Gagnon alors qu’il suivait lui-même un traitement curatif de six mois, les textes racontent non sans humour et avec des bribes de sarcasme le quotidien d’un patient qui s’interroge sur son avenir incertain. Anecdotes graves ou légères, réflexions personnelles ou réactions de l’entourage, le petit monde de ce 5-Fu-là semble résolument animé. Un exercice pour encourager l’espoir et la vie, ou comment transformer six mois de calvaire en un dialogue vivant et ludique avec soi-même. Éd. L’instant même, 2005, 96 p. (A.F.)
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Récits
Stopper-le-monde
de Carlos Castaneda
Publié dans la collection Folio à 2 euros (environ 4 $), Stopper-le-monde est un petit livre composite formé des extraits les plus signifiants du Voyage à Ixtlan, troisième volet de la série de livres amorcée par L’Herbe du Diable et la petite fumée et poursuivie avec Voir. Castaneda y continue ses rencontres avec Don Juan, sorcier Yaqui, en même temps que son expérience spirituelle. Saisissante plongée dans l’envers du monde, l’enseignement du maître entraîne l’élève à "effacer sa propre-histoire" et tout ce qui l’éloigne des énigmes du réel. Tonique et intrigant. Éd. Folio, 2005, 144 p. (B.J.)