Noël Audet : La folie des hauteurs
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Noël Audet : La folie des hauteurs

Neuvième roman de Noël Audet, Le Roi des planeurs est aussi le premier volet d’une trilogie dans laquelle le feu et l’eau succéderont au thème du vent.

Loubert est un pilote de deltaplane un peu allumé, mais a priori peu dangereux. Enfin… jusqu’au jour où l’une de ses passagères glisse hors de son fourreau et va s’écraser plusieurs dizaines de mètres plus bas, sur des rochers côtiers. Accusé de négligence criminelle, Loubert est finalement condamné pour troubles mentaux et doit purger sa peine dans un hôpital psychiatrique. Il y rencontre alors toutes sortes de personnages, pour la plupart sympathiques, en même temps qu’il tente de faire le point sur cet accident et sur la façon dont tout cela a bien pu lui arriver. Quant à sa présumée victime, Mélissa, malgré le vide et le trouble occasionnés par sa mort, elle a laissé derrière elle quelques indices en de curieuses copines qui aideront un jour à élucider le mystère de ce vol tragique.

Des espaces irrésistibles d’une magnifique Anse au Diable au monde de l’asile psychiatrique où Loubert se trouve interné, l’auteur de L’Ombre de l’épervier nous invite à le suivre dans des univers plus proches qu’il n’y paraît. En cadrant les premières pages de son roman dans l’asile où aboutit Loubert, Noël Audet construit un microcosme intéressant, tant par le caractère de ses personnages qu’à travers leur manière de se découvrir les uns les autres. Malgré la responsabilité qui l’accable, ce Loubert se révèle d’une grande sensibilité. S’il a choisi de devenir pilote, c’est qu’il ne saurait vivre une existence exempte des sensations enivrantes. Son intérêt pour le voyage et les grands espaces ne s’arrête néanmoins pas là. Au-delà de tout cela, il semble que Loubert soit en quête incessante de pureté; que son monde soit trop beau pour être vrai, trop limpide pour être innocent. Sa confiance fragile, laissant planer le doute autour de lui, l’a mené à se laisser saisir par une bande de gamines désabusées cherchant elles aussi à tester leurs limites. Loubert ne fréquentera pourtant le monde de la folie que le temps d’y lier quelques promesses d’amitié inconditionnelle, qui le remettront au bout du compte sur la voie des rêves et de la liberté, ceux-là mêmes qu’il avait choisis en consacrant la plus grande part de sa vie aux espaces aériens et en prenant le risque d’y transporter d’autres êtres.

Premier volet d’une trilogie où le feu viendra illustrer l’impétuosité de l’amour et l’eau, un périple tumultueux devant conduire de la naissance d’un héros jusqu’à son naufrage final, Le Roi des planeurs marie avec brio les thèmes du rêve et de la liberté avec celui de la marginalité et des cicatrices somme toute incontournables qui l’accompagnent. Mêlant à son récit divers ingrédients auxquels participent suspens, regard critique sur la société, mondes opposés et inversés et une narration aux accents de comédie, l’auteur semble se délecter ici avec un héros frêle, mais porté cette fois encore à faire coïncider, quoi qu’il arrive, existence, bonheur et liberté.

Le Roi des planeurs
de Noël Audet
XYZ éditeur, 2005, 200 p.