La littérature étrangère : Sans frontières
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La littérature étrangère : Sans frontières

Les nouveaux titres de la littérature étrangère déferleront bientôt chez nos libraires. Morceaux choisis.

Jamais n’a-t-on parlé autant d’un livre avant sa parution. Il sera ci. Non, plutôt cela. À moins que… Bavardages savamment encouragés par la maison Fayard, éditeur du nouveau Houellebecq, La possibilité d’une île. Participer à cette surenchère médiatique ne nous apparaît pas nécessaire et encore moins d’ordre littéraire, aussi attendrons-nous d’avoir lu le bouquin pour en proposer un véritable écho. Une semaine ou deux, pas plus, c’est promis.

COUPS DE COUR FRANCOPHONES

Chez Albin Michel, Maurice G. Dantec fait paraître Cosmos Incorporated, une SF qu’on dit plus grinçante que jamais, pendant qu’Éliette Abécassis propose Un heureux événement, ou le difficile apprentissage que fait une femme de la maternité. Sans oublier Amélie Nothomb et sa livraison annuelle, Acide sulfurique, une nouvelle charge contre la téléréalité. Aussi au catalogue, Batista, Pavloff…

Annie Proulx publie chez Grasset Un as dans la manche, une comédie de mœurs qu’on dit tordante, pendant qu’Alexandre Jardin signe à la même enseigne Le roman des Jardin, la galerie colorée des membres de sa famille. Dans le registre des livres attendus, François Weyergans devrait lui aussi connaître une bonne rentrée avec Trois jours chez ma mère.

Chez Flammarion, on mise beaucoup sur le nouveau roman de Pierre Mérot, L’irréaliste, dans lequel l’auteur de Mammifères fait le portrait d’un prof alcolo égaré dans ses rêves d’amour et de littérature. Aussi au programme de la maison, Notions de base de Petr Král, que son préfacier Milan Kundera présente comme une "étrange et belle encyclopédie existentielle de la quotidienneté", et l’ironique En cas de bonheur de David Foenkinos.

Le scénariste Jérôme Beaujour revient à l’écriture romanesque avec Dans le décor (P.O.L.), tandis que Marie Darrieussecq publie, toujours chez P.O.L., un huitième livre aux allures de journal, intitulé Le Pays.

Au Seuil, on surveillera particulièrement La méthode Mila, un roman dans lequel Lydie Salvayre interroge la pertinence réelles des grands concepts philosophiques devant les drames de l’existence, de même que La ligne de flottaison de Jean Hatzfeld, qui nous avait donné l’émouvant Une saison de machettes il y a deux ans. Aussi, Préface à ma vie d’écrivain, une réflexion sur la littérature d’Alain Robbe-Grillet.

Robert Laffont entame l’automne avec Un minuscule inventaire, un roman de Jean-Philippe Blondel évoquant tous les souvenirs que peuvent faire naître les objets étalés lors d’un vide-greniers – ou une vente de garage, si vous préférez. Plus tard, un nouveau titre de la romancière et pianiste Hélène Grimaud: Leçon particulière. Chez Julliard, belle saison avec en outre des titre de Philippe Besson (Un instant d’abandon) et Philippe Djian (Doggy Bag).

Jean-Philippe Toussaint, qui avait ébloui avec La Salle de bain il y a une vingtaine d’années, présente aujourd’hui Fuir, un huitième roman dont on reparlera (Minuit). Nina Bouraoui, dont le Poupée Bella avait trouvé écho l’an dernier, renchérit avec l’autobiographique Mes Mauvaises pensées (Stock), tandis que le turbulent et très doué Christophe Honoré, lui-même auteur de livres jeunesse, propose un livre adulte qui n’est pas fait que de bons sentiments: Le livre pour enfants (L’Olivier).

LES TRADUCTIONS

Au chapitre des traductions, Laura Restrepo, l’auteure du splendide Le Léopard au soleil (2000), publie chez Calmann-Lévy Délire, un écho cynique et brillant à la Colombie d’aujourd’hui. Les Éditions Autrement présentent Sous les paupières d’une étoile, l’itinéraire, imaginée par Gustav Sobin, d’un vieux scénariste hollywoodien qui ne rêve que de Greta Garbo, pendant que l’Américain Russell Banks fait les choux gras d’Actes Sud avec American Darling.

Plon annonce le nouveau roman du controversé Salman Rushdie, Shalimar le Clown, une histoire qui a pour cadre le Cachemire et où les clowns se font parfois terroristes… Chez Métailié, Karla Suárez publie La Voyageuse, l’histoire de deux jeunes Cubaines parties étudier à l’étranger et qui choisissent de ne pas rentrer au pays, de même que Les Pires contes des frères Grimm, sorte de caricature de l’histoire du continent américain signée Luis Sepúlveda et Mario Delgado Aparaín.

Chez Christian Bourgois, une curiosité: les Lettres de J. R. R. Tolkien, un recueil de missives adressées par l’auteur du Seigneur des Anneaux aux membres de sa famille ou encore à des lecteurs intrigués par la création du personnage de Gollum…

Quelques titres alléchants chez Philippe Rey, dont Les Chutes de l’Américaine Joyce Carol Oates, Rumeurs de haine de l’écrivaine originaire du Bangladesh Talisma Nasreen et New York, balafres, le plus récent livre de Maud Tabachnik, l’une des voix les plus intéressantes de la littérature noire en France.

Enfin, le grand écrivain israëlien Aharon Appelfeld signe Floraison sauvage (L’Olivier), la destinée d’un frère et d’une sœur, gardiens d’un cimetière juif au sommet d’une montagne des Carpates au milieu du XIXe siècle.

Bonne lecture!

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À surveiller : Karla Suárez

Karla Suárez Photo: Daniel Mordzinski

Karla Suárez vit en Italie, mais elle demeure proche en mots et en pensée de La Havane, où elle est née en 1969. Le parallèle s’impose avec les deux personnages principaux de La Voyageuse, de jeunes Cubaines qui cohabitent ensemble à Rome dans le cadre d’un voyage d’études, et qui décideront de ne pas rentrer au pays. L’auteure de Tropique des silences (Métailié, 2002), Prix du premier roman en Espagne, brode avec finesse autour de l’amitié au féminin, des rencontres fortuites, de l’exil. À lire.

À surveiller : Laura Restrepo

Laura Restrepo publiera cet automne Délire, un huitième roman qui donne comme une fenêtre brisée sur les grandeurs et misères de sa Colombie natale. Ceux qui ont lu Léopard au soleil ou encore Douce Compagnie (prix France Culture en 2000) se pourlèchent à l’idée d’entrer de nouveau dans cet univers où le chaos préside à la beauté. (T. Malavoy-Racine)