Festival international de littérature : Mot à mot
Le 11e Festival international de littérature fait déferler sur la métropole une avalanche d’événements. On en parle avec la fondatrice et directrice, Michelle Corbeil.
Les bibliothèques et les librairies, voilà pour l’essentiel les seuls lieux où les amateurs du verbe se retrouvent pour faire leurs provisions. Or, pour la onzième année consécutive, le Festival international de littérature sort cette dernière de sa tanière habituelle pour l’inviter à prendre l’air sur la place publique. Du 16 au 24 septembre, ils seront près de 200 écrivains et artistes de tous horizons, d’ici et d’ailleurs, à faire vibrer Montréal en participant à plus de 50 événements au cours desquels la littérature sera non seulement lue et discutée, mais également mise en scène, en musique et en images.
Bien consciente qu’en tout auteur et artiste se cache un gourmet du sens écrit, Michelle Corbeil, directrice générale et artistique du FIL, inscrit cette année le festival sous le signe des "Exercices d’admiration" – titre emprunté à un ouvrage de Cioran -, incitant ainsi les créateurs invités à partager leurs sources d’inspiration. "J’avais vraiment envie de créer une occasion permettant à l’écrivain-lecteur, au danseur-lecteur, au musicien-lecteur, bref, à tout artiste présent, de rendre hommage aux auteurs qui leur sont nécessaires. Parce que je crois qu’il faut le signaler: tout créateur est avant tout un lecteur", précise-t-elle. À la fois devoir de mémoire et célébration de la filiation secrète entre les auteurs d’hier et d’aujourd’hui, cette idée d’inviter les professionnels de la création à saluer les voix qui les ont forgés vise non seulement à faire découvrir des œuvres, mais également à en dépoussiérer d’autres, injustement jugées désuètes ou passées sous silence. "Actuellement, avec la vitesse qui domine notre société, la vie d’un livre est trop courte, on oublie trop rapidement", rappelle-t-elle en substance.
Qu’à cela ne tienne, le mercredi 21 septembre à 20 h, à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque, se tiendra la soirée justement intitulée Exercices d’admiration, où huit écrivains de la France et du Québec liront des extraits de leurs "trésors cachés": "Les auteurs que j’ai choisis pour cet événement n’ont jamais caché leurs penchants littéraires, leurs œuvres fétiches. En même temps, certains ont retenu des écrivains auxquels on ne s’attend vraiment pas. J’ai été agréablement surprise". Parmi les auteurs présents: Michel Garneau, Dany Laferrière, Geneviève Brisac et Olivier Cadot. Une soirée qui s’annonce des plus éclairantes.
Mis à part ce moment charnière, les festivaliers pourront s’en mettre plein les oreilles et les yeux avec une cuvée d’événements aussi singuliers que prometteurs. Entre autres, le Cabaret des terrasses Saint-Sulpice ouvrira encore une fois ses portes à la poésie lors des maintenant traditionnels 5 à souhaits conçus et animés par le poète José Acquelin, lesquels se tiendront presque tous les jours, du 16 au 23, de 17 h à 19 h. Le mercredi 21, même heure, même poste, la revue Exit vous invite à découvrir la poésie italienne d’aujourd’hui tandis que le lendemain, la revue Estuaire prendra le plancher, toujours à 17 h, histoire de révéler le ou la lauréate du prix des Terrasses Saint-Sulpice 2004. Dimanche le 18 à 20 h, à l’Espace Go, le comédien Marc Béland et l’intrigant dramaturge Valère Novarina (voir encadré) livreront deux œuvres de ce dernier, Le Discours aux animaux suivi de Pour Louis de Funès. Vendredi le 16, une poignée d’ auteurs franco-ontariens mettront le feu au Lion d’or dans le cadre de Sudbury Blues, spectacle musico-littéraire célébrant la rugueuse spécificité de leur coin de pays alors que le 22 à 20 h, sous le même toit, rue Ontario, Michel Vézina et Vander (ex-Coloc) proposent de croiser dub et littérature lors d’une lecture-spectacle d’auteurs montréalais, dont Christian Mistral et Stanley Péan. Bon festival!
Du 16 au 24 septembre
LE FOU CURIEUX DE LA LANGUE
Nom: Valère Novarina. Nationalité: française. Occupation: écrivain à plusieurs peaux, dramaturge iconoclaste. Participant à six activités du FIL, il est reconnu comme l’un des auteurs de théâtre les plus audacieux d’aujourd’hui (L’Atelier volant, Vous qui habitez le temps, L’Opérette imaginaire). Créateur d’un théâtre "utopique" impossible à monter, d’une parole poétique mystérieuse faisant dérailler le sens commun du langage, on a affaire à un littérateur habité et envoûtant, d’une rare exigence. Bref, de la grande visite. Avis aux têtes chercheuses: le jeudi 22 septembre, de 17 h à 19 h à la Maison des écrivains, aura lieu le lancement de La bouche théâtrale (XYZ éditeur), ouvrage collectif signé par des auteurs québécois et français, lui étant consacré. (B.J.)