Rouge ! Un filet de sang, doucement se mêlait au savon, laissant sur la paroi du lavabo blanc immaculé, un dessin abstrait. Une odeur fétide accompagnait ce spectacle. Jonathan restait là le visage penché au-dessus du lavabo à regarder ses mains, qui gardaient une légère teinte rosée. Il n’en pouvait plus. Il leva les yeux et vit son reflet. Il se détestait. Il devrait lui apprendre à le faire seul. Rien ne se déroulait comme prévu. Il recommença à frotter ses mains frénétiquement sachant trop bien que le sang, une fois disparu, n’emporterait pas avec lui ce qu’il avait fait. Les pensées se bousculaient, les remords le rongeaient, mais il était trop tard pour refermer cette boîte de pandore. Il devenait fou. Il passa sa main dans ses cheveux nerveusement, il pouvait sentir le battement de son cour à ses tempes. Il sentit soudain une douleur à la base de la nuque et tout devint flou.
Jonathan réveille toi, il est l’heure. Jonathan savait que son père ne partirait pas au travail tant qu’il ne le verrait pas prendre son petit déjeuner alors il s’habilla en vitesse et descendit à la cuisine. Son père ne se souciait pas du tout des 29 ans de Jonathan, il le traitait toujours comme s’il en avait 10. Il lui souhaita une bonne journée et il quitta la maison. Jonathan était enfin seul. Il termina son déjeuner et monta au grenier. Sous la vieille couverture qu’il souleva, il trouva ce qu’il cherchait. C’était un vieux coffre qui appartenait à sa famille depuis près de 400 ans. Il se souvenait que, tout petit, lui et son père montaient ici. Ils ouvraient ensemble le coffre et son père tout en lui dévoilant le contenu lui racontait l’histoire de leur famille. Aujourd’hui, il était là pour un manuscrit qu’ils avaient lu ensemble et qui l’avait fait rêver toute son enfance. C’était le journal d’une de leur ancêtre. Il le souleva doucement et souffla la poussière qui le recouvrait. Il n’osa pas l’ouvrir tout de suite. Il préférait redescendre et s’installer confortablement.
Aujourd’hui 22 septembre de l’an de grâce 1786
Aujourd’hui ils ont condamné Angélique au bûcher. Ma petite fille. Ces fous qui croient servir Dieu ne lui ont pas permis de se défendre. Pas de procès. Je maudit toutes ces vipères jalouses. Ils devront tous payer. Accusée de sorcellerie elle devra mourir sur le bûcher mais je ne les laisserai pas faire. La sorcière ce n’est pas elle. C’est moi ! Je connais un démon. Je lui ai sauvé la vie un jour, il m’aidera.
25 septembre de l’an de grâce 1786
Pendant trois nuits j’ai invoqué son nom près de l’endroit où je l’avais aperçu la dernière fois. Finalement à la quatrième nuit après le rituel je suis rentrée chez moi pour le trouver tranquillement assis. Il me détailla avec ce regard qui me glaçait le sang. De sa voix spectrale, il me demanda pourquoi je l’invoquais. Jamais depuis notre première rencontre je ne lui avais demandé quoi que ce soit. Il était devenu un ami si l’on peut appeler ainsi une chose qui a l’apparence d’un homme, la conversation d’un homme et en grande partie le comportement d’un homme. C’était très ressemblant s’il n’y avait pas eu son teint blanc porcelaine, qui trahissait son humanité disparue. Je conclue un marché avec lui. Il sauverait Angélique mais le prix serait élevé. Elle devrait, perdre elle aussi son humanité. Il ne pouvait pas la sauver sur le bûcher. Ils devraient tous croire à sa mort dans sa cellule ainsi elle éviterait le bûcher. Cela voulait dire qu’elle devrait mourir à cette vie. Il resta vague sur les causes réelles de sa mort et il m’expliqua que je devrais attendre deux pleines lunes avant d’aller la chercher dans la crypte familiale. Je le remerciai.
Nous sommes au petit matin et je sais qu’il a tenu promesse car le village est en émoi. On a découvert le corps d’Angélique sans vie. On déposera son corps dans la crypte sans qu’elle reçoive les derniers sacrements et on refermera. Je sais que je dois attendre mais bientôt je la retrouverai et ensemble nous vengerons toutes celles qui ont péries par la main de ces hommes qui au nom de Dieu se proclament inquisiteur. Ceux qui l’ont condamné mourront et leur sang nourrira sa vie.
Jonathan termina sa lecture ici puisque le reste du journal était sans intérêt pour l’instant et il le glissa dans sa serviette. Il s’était mis en tête de retrouver cette crypte. Il avait réussi à réunir toutes les informations et il partirait demain.
Après 20 ans d’attente et vol interminable il se trouvait enfin là. La crypte existait belle et bien. Il l’avait retrouvée en Écosse là où ses ancêtres avaient vécus. Nerveux, il resta assis devant la porte scellée pendant des heures et finalement il força le vieux cadenas et poussa sur la porte. Un nuage de poussière l’étouffa, il dû sortir un mouchoir pour protéger sa bouche et son nez. Il avança à l’intérieur. C’était incroyable. Tout était tel que l’avait décrit la grand-mère d’Angélique. Il découvrit le tombeau. Il pouvait y lire gravé sur la pierre : " Ici dort Angélique d’en l’attente de trouver la paix". Il sortit le treuille et la chaîne et après avoir installé son équipement il mit le treuille en marche et réussit à déplacer l’énorme bloc qui servait de couvert. Fébrile, il avança le visage au-dessus du trou qu’avait laissé l’énorme bloc. Elle était bien là, couchée sur un lit de satin blanc donnant l’impression qu’elle dormait. Son corps était intact. Jonathan sortit le journal de sa serviette et relit le passage qui expliquait comment la réveiller. Il prit un couteau dans sa serviette, entailla son poignet et laissa le sang s’égoutter sur la bouche d’Angélique. Après cinq minutes, il s’assit adossé au tombeau, pansa sa plaie et s’assoupit. Le bruit d’un froissement de tissu le réveilla. Il se releva et il la vit assise dans le tombeau, l’air égaré, perdu. Il s’adressa à elle d’abord en anglais mais elle ne semblait pas comprendre. Il lui parla alors en écossais, la langue de son père. Elle resta muette. Il l’aida à sortir du tombeau et il la ramena à son hôtel. Quand elle se sentit en sécurité elle se mit à lui parler en écossais. Ils passèrent plusieurs nuits à discuter de l’inquisition, de sa grand-mère et du démon qui l’avait sauvé. Il avait dû aussi lui expliquer sa nature et la façon dont elle devrait se nourrir. Ce dont sa grand-mère, de toute évidence, n’avait pas eu le temps de faire. Elle refusa et jonathan dû tuer pour elle. Chaque nuit c’était un cauchemar mais cette nuit était la dernière.
Jonathan avait revécu toute cette aventure et lentement il ouvrit les yeux et il vit Angélique penchée au-dessus de lui. Elle avait les lèvres rouge sang. Il porta sa main à la base de sa nuque et sentit la texture moite du sang, son sang. Angélique lui souriait. Elle lui passa la main doucement dans les cheveux et elle lui dit » Jonathan ton père n’avait pas le journal de ma grand-mère parce qu’elle était son ancêtre. Il avait ce journal parce que son ancêtre était le chef de l’inquisition et qu’il avait volé ce journal après l’avoir tué. Alors toi, son descendant, tu vas mourir ainsi que tous ceux de ta lignée.