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Dimanche matin

L’air frais de ce matin de printemps entre par la fenêtre ouverte, faisant lentement bouger les voilages en un timide bruissement. Les yeux mi-clos, je caresse doucement sa hanche dénudée de ma main droite, alors que je glisse mon autre main sous son cou et viens poser mes doigts sur son sein tiède. Elle frémit à peine.

– Il est quelle heure ?

– Je ne sais pas. Il doit être onze heures.

– Tu n’as pas froid ?

– Non, je suis bien.

J’entends le chant des oiseaux dans le jardin, le vent qui passe dans le feuillage du cerisier et, au loin, le bruit de ce qui semble être une mobylette qui passe sur le petit chemin de terre. La brise qui vient effleurer ma peau ramène des odeurs vertes de printemps, de fleurs, de fraîcheur. Je perçois qu’elle veut dire quelque chose, puis qu’elle se ravise.

– Quoi ?

– Rien.

– Tu allais dire quelque chose, non ?

– Non, rien du tout. Je pensais juste à hier après-midi, à notre promenade.

– Ah oui. Et ?

– J’ai aimé ça.

– Oui, moi aussi. Beaucoup.

Elle vient se caler un peu plus contre moi, son dos nu contre ma poitrine nue, ses reins contre mon sexe encore humide. Ma main quitte sa taille, glisse sur ses poils pubiens et joue sous le drap avec la fourrure de sa toison.

J’ouvre les yeux.

Sa nuque. Le duvet invisible et délicat de son cou. La naissance de sa chevelure dorée. Son petit grain de beauté, là, juste derrière son oreille droite. Et son odeur, douce et sucrée, comme un bonbon.

– Tu sens bon.

Elle ne répond pas. Elle a dû s’endormir. C’est du moins ce que trahit sa respiration régulière. À travers les rideaux transparents, par le cadre de la fenêtre, je vois le ciel, juste ce ciel si aveuglément bleu dans lequel glissent paresseusement quelques nuages.

Elle a les yeux couleur azur, les miens ont celle de la terre. Le regard de notre enfant sera comme l’herbe de la prairie sous le vent frais du printemps.

Forcément.