La voilà. D’un pas rapide, elle déambule sur le trottoir, franchissant les quelques mètres qui la séparait de l’escalier menant à chez elle. 21, rue des Maîtres, cette adresse me trottait dans la tête depuis plusieurs jours déjà, depuis que je l’avais vu un soir sur les planches, exécutant à la perfection une chorégraphie de ballet.
Les ballerines déclenchaient en moi une violente fascination, un amour malsain, une excitation macabre. Je me devais de les posséder, chacune d’entres elles, c’était plus fort que moi. Celle-ci ne faisait nullement exception. Ne connaissant pas son nom, je l’avais appelé Blanche-Neige. J’aimerais pouvoir lui flatter la tête, lui mordiller les oreilles, lui planter mes doigts dans le creux des hanches. Cela m’était impossible, mes airs de fils à maman déclenchant le rire et les moqueries de chaque femmes. Je ne pouvais assouvir ma soif d’amour qu’en tuant, paradoxe caractérisant mes envies les plus nobles.
La lumière de sa chambre illumina la pièce donnant sur la rue. De ma voiture, immobilisé de l’autre côté de la voie publique, je l’observais. À travers le rideau entrouvert, je la voyais se dévêtir nonchalamment, se donnant en spectacle intentionnellement ou non. Son corps était d’une beauté stupéfiante. Ses petits seins en pointes, aux mamelons d’un rose doux et pur, se détachaient de sa peau d’une blancheur immaculée. Sa pilosité était absente sur toutes les parties de son anatomie se trouvant sous son cou. Ses cheveux mi-longs d’un noir d’ébène confirmaient sa tête comme le trophée que je recherchais. Blanche-Neige. Je lui découperai comme j’ai découpé celles des autres avant elle. Je la mettrai dans le coffre de ma voiture avec ses semblables.
Chaque soirée à l’observer augmentait mon désir de la garder pour moi. Ce soir serait le bon, plus aucun doute n’entravait mes desseins.
Nu, elle quitta la chambre pour se diriger à la salle de bain. Je savais ce dernier détail grâce à mes observations des nuits précédentes. J’avais appris sa routine de retour du travail par cour. Elle passerait une vingtaine de minute dans l’eau du bain pour revenir se mettre en tenue de nuit et passerais le reste de la soirée au salon devant de stupides émissions de télévision. C’est là que je frapperai.
J’ouvris ma portière et descendit de la voiture. La rue était déserte et je savais qu’aucun véhicule ne passerait par ici avant un certain temps. La joie de vivre sur une allée si peu achalandée ! La serrure de la porte d’entrée ne me donna aucun mal à la crocheter. Elle datait de plusieurs années et le propriétaire du logement n’avait pas cru bon de la remplacer. En ouvrant doucement, je me buttai à une chaîne reliant la porte au cadre. J’entendais le bain se remplir. Une musique d’opéra émanait de la salle de bain. Elle ne m’entendrait pas rentrer. Un léger coup d’épaule plus tard, je me trouvai à l’intérieur. Je refermai la porte et me familiarisa avec l’appartement.
Elle avait du goût en ce qui a trait à la décoration. Le passage était peint d’un rouge cerise et des portraits en noir et blanc de personnages grotesques m’étant inconnu parsemaient les murs. Un lustre rustique pendait au plafond.
Le salon se trouvait à ma gauche, la cuisine était au fond et à ma droite, deux portes fermées. Je devinai la première comme étant celle de sa chambre et y entra. Des morceaux de vêtements jonchaient et recouvrait en partie le ta pis bleu. Son lit était défait. Je trouvais tout cela très érotique. Je sentis ma verge se durcir. Ai-je le temps ? Je calculai que oui et je détachai mon pantalon. En me masturbant, je l’imaginais dans son bain se lavant l’entrejambes, s’y attardant avec un faciès crispé de plaisir. Une main s’acquittait de la tâche frénétiquement alors que l’autre caressait ses seins de fillette. Je l’imaginai jouit et je fit en même temps qu’elle. J’aspergeai ses draps de ma semence dans un moment de décharge délicieux. Je pris quelques secondes, le temps de me remettre de mes émotions et j’essuyai mon sperme avec ses oreillers que je remis en place par la suite. Rien ne parut, j’en fus content.
Elle tira le bouchon du bain, ce qui démarra un rythme accélérer de mon cour. Je me cachai dans le garde-robe en laissant un jour pour me permettre de la voir. Elle entra, vêtu d’une simple serviette noire qu’elle fit tomber à ses chevilles. La voir de si près dans sa nudité éclatante m’hypnotisait. Je gardais mes yeux sur ses fesses alors qu’elle peignait ses cheveux devant le miroir. Terrer dans les ténèbres, elle ne pouvait pas déceler ma présence à moins de trois mètres d’elle. Je sentais l’odeur du son shampooing qui m’enivrait. Je tirai la langue en espérant goûter son parfum de pêche. Je la possèderai bientôt, patience dans l’azur.
Elle se passa un cerceau rouge écarlate dans ses cheveux afin de les retenir. Blanche-Neige, comme tu es belle. Elle se mit à la recherche de sa tenue de nuit. Sous des vêtements empilés pêle-mêle, elle en sortit un pantalon de coton blanc ainsi qu’un chandail à manches courtes noir. En s’habillant, elle fredonnait le " Carmen " de Bizet. Ses lèvres placées en cour semblaient m’appeler, me supplier de les embrasser. Je voulais goûter ses lèvres si rouge, si pulpeuse, si appétissante. Mes mains se crispaient et se relâchaient au fur et à mesure que la folie s’emparait de mes émotions.
Maintenant prête, elle fit quelques pas de ballet en se rendant à la porte. Gracieuse Blanche-Neige, tu seras mienne dans un instant, rien ne sert de t’enthousiasmer de la sorte. Elle éteignit la lumière et, pour un moment, la noirceur envahit la pièce pour n’être souillée que peu de temps après par les reflets intermittents de l’écran cathodique dans la pièce voisine. J’entendis les sons de la télévision entremêlés de ses rires. Elle avait un rire d’enfant, plein d’innocence et de joie. C’était comme une musique à mes oreilles, une mélodie du bonheur. Le moment était venu.
À pas feutrés, je sortis de ma cachette et doucement me dirigeai vers elle. Comme pour me faciliter la tâche, elle avait pris place sur le sofa faisant dos à l’entrée du salon et avait fermé les rideaux de la fenêtre. Petit poupée, tu m’attendais donc ! De ma poche, en silence, je dégainai le cordon qui allait me servir à sa strangulation.
En riant, elle laissa tomber sa tête par en arrière, découvrant totalement son cou. Quelle docilité ! D’un geste rapide et calculé, je lui passai le cordon sous le menton et transféra tout mon poids vers l’arrière. La surprise fut totale. Elle n’eut même pas le temps de pousser le moindre petit cri, tout ce qui sortait de sa bouche n’était que des sons étouffés. Sous ma force, elle et le sofa basculèrent et sa tête donna violemment contre le plancher. Je me plaçai par-dessus son petit corps. Elle se débattait du mieux qu’elle pouvait, mais ses forces l’abandonnaient peu à peu. Avant le moment fatidique, je la retournai pour voir la lueur de vie s’éteindre de son regard. J’augmentai la force du piège, ce qui porta le coup de grâce à son existence. Elle est maintenant et sera à jamais mienne.
La relâchant, je fus très excité de la voir ainsi, gisant sans vie, s’offrant à moi. Je le déshabillai et lui fit l’amour, tendrement au début puis farouchement par la suite. Je sentis ma rage, ma soif de sang, mes émotions macabres, tout ce qui conditionnait mon esprit se dirigé par la même sortie. Puis, l’extase. Je camouflai ma jouissance en plantant mes dents sur son oreille. La puissance de l’orgasme me fit la déchiqueter. Je goûtai son sang, nectar délicieux et raffiné. Je m’en délectai encore un instant avant de me remettre les idées en place. Je fixai ses yeux verts, figées dans l’éternité. Blanche-Neige, tu es ma plus belle prise.
Dans mon autre poche, mon canif suisse me caressa la main de la froideur de son acier lorsque je fermai les doigts sur lui. Déjà teintée de sang, la lame de la petite scie déchiquetait la chair comme on découpe un steak. Pénétrant jusqu’à la colonne vertébrale, j’essayai de trouver en tâtonnant le point d’articulation entre les vertèbres. Quelques coups de va-et-vient plus tard, je tenais sa tête par les cheveux devant mon visage. Le sang qui en dégoulinait attisa ma soif. Je la tenue au-dessus de mes lèvres pour en boire les filets violacés qui s’en expulsaient.
Le temps était venu de partir. Je la voyais déjà avec les autres têtes dans mon coffre de voiture. Elle était la plus belle de tous. Reprenant mes outils, j’emmenai la tête et passa la porte.
– Police ! Ne bougez plus !
En me retournant, je fus surpris de voir la dizaine d’auto-patrouilles de police m’attendant à la sortie. Il m’avait démasqué après six mois de vagabondage dans la nature.
– Lâchez cette tête et mettez les mains derrière la vôtre !
Je regardai la tête de Blanche-Neige. Ses lèvres étaient encore rouges, pulpeuse et désirable au possible.
– Lâchez là, nom de Dieu !
J’approchai sa bouche de la mienne. Comme elle était belle ! je déposai un doux baiser sur ses lèvres déjà refroidit par la mort. J’tirai ce moment aussi longtemps que je le pus.
– Pour la dernière fois, lâchez cette tête monsieur le député !
FIN