Nous l’avons tous fait. Suite au visionnement d’un documentaire sur les conquêtes spatiales, au cours de conversations à propos de questions existentielles, ou lors de ces quelques secondes de lucidité absolue dont l’humain est parfois le jouet, nous avons tous essayé d’imaginer l’infini. L’infiniment petit et l’infiniment grand. Un espace sans limites qui ne commence ni ne fini nul part. De quoi donner des vertiges!
Ces rélexions commencent souvent par un questionnement par rapport à nos origines. Une explication semble satisfaire la plupart des cosmologistes. Cette théorie de l’évolution est appellée "big-bang". Il y a quinze milliards d’années environ, un événement similaire à une incommensurable explosion serait à l’origine du développement de l’univers. Ce dernier, primitivement brûlant et très concentré, serait violemment entré en expansion, ne cessant d’accroître en surface et en volume. Sa progression est expliquée selon les bases de la physique des particules. L’univers, à sa première expression, était un gaz. Au fil des collisions, certaines particules se sont vues supprimées, d’autres sont apparues. Les protons et les neutrons se sont combinés et des noyaux se sont formés. Ce premier stade de crise a duré moins de quinze minutes. Cependant, les premières galaxies se seraient formées approximativement un milliard d’années plus tard.
Nous sommes habitants de la planète Terre, qui elle, tourne autour du soleil. Le système solaire est une fraction de la Voie Lactée, qui est quelque part dans l’univers. Mais si nous sommes dans l’univers, peut-être y a-t-il quelque chose à l’extérieur? Par-delà les galaxies, avant le "big-bang", y avait-il quelque chose? Est-ce que cette explosion était calculée par quelqu’être ou chose que ce soit? Ou alors l’univers est-il le fruit d’une erreur comme plusieurs inventions l’ont été? Voilà les questions qui nous viennent à l’esprit.
Dans le même ordre d’idées, prenons une activité commune. Un feu de camp par exemple! Les tisons et les cendres sont peut-être à leur façon de tous petits univers, provoqués par les crises que sont les crépitements et les bulles d’hydrogène qui brûlent. Des mondes sont peut-être nés, avec des gens dessus. Des gens qui découvriront tout d’abord la roue, ensuite la navigation, l’électricité et l’informatique. Peut-être même voudront-ils conquérir leur propre univers, découvrir leur origine. Ils enverront des sondes qu’ils accrocheront à d’autres tisons pour aller explorer des endroits encore inconnus. Ils auront leurs traditions, leurs sports, leurs gouvernements,leurs maladies. Peut-être meme trouveront-ils un remède pour contrer le cancer. Toutefois, le cancer n’existera pas chez eux. Ils ignoreront que ce qu’ils prendront comme digestif pourra sauver plusieurs milliers de personnes "chez nous". À l’inverse, le pollen qui cause tellement d’allergies ici, sera peut-être la solution pour empêcher un fléau qui nous est inconnu, de prendre leur "planète" d’assaut. Puis un soir, sur une de ces microscopiques planètes, un père suggèrera un feu de camp à ses enfants, et l’histoire se ressassera à l’infini. En une seconde, l’histoire de plusieurs milliards de vies aura éclatée dans un craquement parmi tant d’autres. Vous aviez proposé à des amis de vous réunir autour d’un feu pour faire griller des guimauves et chanter des chansons ce soir-là. De cette idée toute simple, vous avez possiblement provoqué des choses, des univers, des mondes et des vies dont vous ne connaîtrez jamais toutes les conséquences. Puis au contraire, si vous aviez plutôt décidé d’aller rendre visite à grand-mère, peut-être auriez vous évité d’horribles catastrophes inconnues. Et si cela a pu se produire quelques milliers de fois au cours d’une soirée, on s’égare facilement à concevoir le nombre de fois où on cré la vie au cours de la nôtre.
À plus grande échelle, la crise qui a engendré le "big-bang" est peut-être le crépitement d’un feu de camp en famille, une grenade qui explose lors d’une guerre sainte, un repas du temps des fêtes qui brûle dans le four ou alors une erraflure sur le genou d’un enfant maladroit. Peut-être un jour, dans les écoles terriennes, le cours "Histoire du Québec contemporain 101" sera remplacé par "Le Rôti Brûlé 101", qui expliquera en détails, en quel honneur, dans l’infiniment lointain ce jour-là, on mangeait du rôti, de quelle façon l’hydrogène a brûlé et explosée, de quelle façon ce qui était froid s’est réchauffer, pourquoi le silence s’est mis à hurler.
L’étendu de l’univers se doit aussi de calculer la pensée des gens qui y vivent, que ce soit vos voisins, les vies que vous engendrées peut-être en faisant une quelconque activité, les gens qui ont "fait brûler le rôti", et même les animaux. C’est généralement à ce stade de la réflexion où nous changeons de sujet de conversation, car on sent la migraine qui s’en vient. Toutes ces pensées, ces intelligences différentes que nous ne connaîtrons jamais, ne sont malheureusement mesurables d’aucune jauge. On se surprend parfois à réfléchir au fait que peut-être quelqu’un, quelque part dans l’univers, pense aux mêmes choses farfelues que nous au même moment. D’autres fois, nous émettons la même opinion qu’une autre personne au même moment et, exactement à cet instant, nous croyons avoir accroché au passage un petit flocon de vérité dans l’immensité.
Bien sûr nous le faisons tous avec une intensité différente. Puis on passe à autres choses, sans trop en discuter pour ne pas passer pour fou… ou le devenir! C’est souvent en esayant de se positionner quelque part dans l’infiniment grand qu’on se sent infiniment petit.