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Où avais-je la tête?

Assise dans un salon de coiffure sur une chaise plutôt inconfortable, une jeune fille me lave la tête. Elle excite le shampoing jusqu’à l’obtention d’une belle mousse qui sent la cerise. Ça me donne l’envie de me toucher. Elle introduit divinement ses longs doigts dans mon abondante chevelure comme j’aimerais glisser la main au fond de ma petite culotte. Attisée, le contact de sa poigne dans ma tignasse me transporte aussitôt dans un univers érotique. Dès lors, toutes sortes d’idées fourmillent dans mon esprit et les bulles de savon se convertissent en bulles de pensées.

Lascivement, l’apprentie frotte mes tempes et me plonge au plus profond de mes fantasmes. Je deviens rapidement fébrile. Elle dénoue chacun de mes cheveux en même temps que se délie chacun de mes muscles pelviens. Sans arrêt, elle masse fermement mon crâne auréolé. J’ai une meringue sur la tête. Plus elle frictionne et plus les idées perverses débordent de mon cerveau. Je m’agrippe aux bras de cette chaise de cuir comme si j’en étais à mon dernier souffle. Subitement, elle accélère le mouvement de ses habiles phalanges. Je suis totalement envoûtée par ses doigts de fée. Toute la vigueur de son rythme passe par sa poitrine grouillante qui frôle mon visage rougeaud par la touffeur. Son décolleté suggère des rondeurs invitantes et parfumées. Le grain de sa peau est frais et laiteux. Je commence à mieux comprendre pourquoi les hommes se pâment autant devant ces affriolantes mamelles. Exhibitionnistes, ses seins s’agitent et branlent de plus belle. Ça inspire et provoque mon regard un tantinet voyeur. J’ai l’impression de porter des lunettes 3D tellement la sensualité me touche de près.

Quelques gouttes d’eau fuient vers ma nuque et louvoient langoureusement dans mon dos. Ça me chatouille dans le cou comme un tendre baiser. Humide, je n’entends que la respiration haletante de la jeune femme. En suivant la cadence de ses ardeurs, je me trémousse discrètement sur mon siège, effleurant mon petit organe sensible qui ne demande qu’à être léché en ce moment. Le tournoiement de ses doigts dans le fond de ma tête me rappelle comme il est agréable d’octroyer le même traitement à mon clitoris. En douce et en secret, je me crée le plus croustillant des scénarios. Imaginez! Je suis en plein phantasme. J’ai le droit de choisir la langue de qui je veux. Pas très original mais j’opte pour celle d’un bel acteur américain. Puis, mon imaginaire me permet de glisser un dollar dans la chaise pour la faire vrombir et trembler comme un lit King size de motel cheap. Sans censure j’accepte toutes sensations. Ça me titille dans le bas du ventre. Mon corps est engourdi. Je suis dans un état libidineux qui me fait chaudement saliver. Allez, c’est ma tournée! Je propose alcool et vibrateur plutôt que fixatif et séchoir.

Hypnotisée, j’écarte naturellement mes jambes. Un léger courant d’air m’extase et rafraîchit mes lèvres gourmandes. Je souris à la demoiselle et regarde le conditionneur dans sa paume en pensant qu’il pourrait me servir de lubrifiant. " Est-ce trop chaud Madame? " me demande-t-elle distraitement. Elle ne sait pas à quel point je suis déjà brûlante. Un ou deux drinks et subito j’exécuterais un strip-tease sur place. Sans ouvrir la bouche, je lui fais signe que ça va. Par la suite, elle lisse délicatement mes cheveux et les rince abondamment. Ça fait du bien. Le bruit de l’eau me remémore les jets orgasmiques de la douche que je laisse parfois glisser entre mes cuisses lorsque je suis seule à la maison. Jouissif. Juste à y penser et ça me picote. Soudain, j’entends une voix maghrébine. Le salon est encerclé par une musique arabe. J’ai toujours rêvé de faire l’amour dans un hammam. D’une fantaisie à l’autre, je sens les mains érotisées de toutes ces femmes sur mon corps, me lavant avec des essences orientales aphrodisiaques. Mes mamelons sont sucés et tétés. Mes fesses sont dorlotées comme celles d’un poupon. Il y a un va-et-vient stimulant entre mon vagin et mon anus. Le savon est doux et crémeux telle une ganache. Frémissante, j’ai des frissons insoupçonnés. Chacun de mes orteils est câliné et se voit accorder une moelleuse fellation. Les dames rajeunissent ma figure avec de l’eau de rose et enjolivent mes yeux de khôl. C’est la béatitude complète. Ma vulve est en ébullition. Ma libido est gonflée à bloc. Je suis presque sur le point de non-retour.

Mais brusquement, la jeune fille referme la robinetterie. " Voilà Madame, c’est terminé! " me dit-elle. Quelle douche froide! C’est la déculottée. Sur-le-champ, la star de cinéma regagne Hollywood. Les femmes Arabes vident l’eau du bain. Le motel affiche NO VACANCY. Encore sous le choc, je macère dans mon jus, ruisselante de sueur. Enturbannée et chaste bien malgré moi, je rejoins le coiffeur qui m’attend déjà, un café à la main. J’espère qu’il aura le doigté avec son ciseau car j’ai un rendez-vous ce soir et des sécrétions hormonales jusque dans la pointe des cheveux.