Au printemps 2003, les ministères de la Santé et des Services sociaux ainsi que de l’Éducation signaient une nouvelle réforme : " École en Santé ", impliquant l’éducation à la sexualité des enfants et des adolescents. Cette dernière suppose une complémentarité des services entre les réseaux autour d’un objectif commun : le développement des jeunes. Ces changements demandent l’implication de huit acteurs principaux pour espérer une réussite : l’élève, les parents, les enseignants, les professionnels, le personnel de soutien, le conseil d’établissement et la direction, la commission scolaire et finalement, la communauté. La complicité de ces différents protagonistes vise non seulement des changements au niveau des connaissances, mais également des attitudes, des comportements et des compétences par l’entremise de certains thèmes cruciaux : estime personnel, compétences sociales, saines habitudes de vie, comportements sains et sécuritaires, environnements favorables et les services préventifs.
L’élève est l’acteur principal dans cette réforme. L’utilisation de projets, plutôt que de cours magistraux rend sa participation indispensable à sa réussite. Dans notre société hypersexualisée, le jeune se questionne et tente de trouver des réponses principalement sur Internet ou avec ses amis(es). Le premier peut être à la fois une source positive et négative. En effet, l’autoroute de l’information donne un accès facile, anonyme et gratuit à plusieurs sites d’éducation à la sexualité et à des ressources disponibles selon chaque région du Québec, mais il offre aussi une entrée à de nombreux sites pornographiques dégradants et déshumanisants qui banalisent souvent la violence et la sexualité, en les présentant conjointement. Quant aux pairs, ils occupent une place prépondérante et demeurent la première source de comparaison, de référence et de confidence. Ils conservent une place de choix dans l’adoption ou non de certains comportements sexuels. Cependant, ils ont souvent reçu le même degré d’éducation que leurs amis(es), ils ne sont donc pas en mesure d’être une référence en matière d’éducation à la sexualité. C’est pourquoi, les adultes entourant les jeunes doivent se sentir concernés et travailler en collaboration, car ils ont une responsabilité de soutien et d’accompagnement dans la quête d’informations, de compétences et d’habiletés des jeunes.
Les parents en sont les premiers responsables. Ils peuvent transmettre ce qu’ils leur semblent convenables, sans imposer leurs valeurs parentales, tout en respectant la personnalité de leurs progénitures. Ils peuvent ainsi créer, à la maison, un climat de confiance, de communication et d’ouverture. Il est indispensable que les parents aillent chercher des ressources à l’école, dans les CLSC, les livres, sur Internet, etc., car ceux-ci n’ont souvent pas reçu une éducation sexuelle ou alors, elle n’est plus à jour. Il ne faudrait pas non plus, que l’éducation sexuelle parentale se limite à des conseils de prévention concernant les aspects négatifs de la sexualité (violence, grossesse non désirée, ITSS/VIH/Sida, etc.), mais aborde l’intimité, les relations amoureuses, etc. En somme, il est primordial que les parents renforcent les actions entreprises par l’école afin de permettre une continuité dans les apprentissages. En effet, les adolescents ont souvent tendance à vouloir se distancier de leurs parents et c’est là que l’école entre en jeu.
Le conseil d’établissement et la direction sont les catalyseurs de ce projet. Par contre, ils doivent être appuyés par la commission scolaire, le personnel enseignant et non enseignant. L’école est plus qu’un milieu d’apprentissages, c’est un milieu de vie. En octroyant l’éducation à la sexualité dans ces établissements, on s’assure que tous les jeunes ont la possibilité d’accéder à des notions essentielles. Le développement d’une vision plus globale de la personne, et non plus d’intervention ponctuelle, devient la responsabilité de tous les adultes. Cela permet aux enfants de parler de sexualité et d’en entendre parler par des personnes qui peuvent être significatives pour eux. Les adultes de l’école gèrent des situations privées d’éducation à la sexualité quotidiennement (peines d’amour, harcèlement, dévoilement d’agression sexuelle, etc.). Leur relation suivie avec les élèves favorise souvent les échanges simples et honnêtes. L’école constitue donc une ressource vitale dans notre société lorsqu’il s’agit de donner aux enfants et aux adolescents l’occasion d’acquérir le savoir et les compétences dont ils auront besoin pour prendre des décisions visant une sexualité saine et d’ainsi les mettre en pratique. Nonobstant cela, deux principales lacunes se présentent. La première est que la réforme, fondée sur l’application de projets, demande davantage de préparation dans chacune des matières. Si en plus, il faut ajouter la sexualité, l’environnement, etc. cela amène une surcharge de travail. La seconde est que ce n’est pas tout le personnel enseignant et non enseignant qui possède l’aisance, les connaissances, les compétences et les habiletés de communication pour aborder la sexualité. Il est donc indispensable que ceux-ci aient recours à des formations et du perfectionnement pour fournir des assises solides au projet. Ils doivent aussi avoir recours à des professionnels et ressources appropriés.
Pour ce faire, la communauté et les professionnels la composant doivent se sentir concernés par cette nouvelle réforme du gouvernement. Les organismes et centres communautaires et les maisons de jeunes doivent agir avec cohérence et coordination. La communauté doit poursuivre le travail fait à l’école et à la maison pour permettre aux jeunes une formation en continue. Le gouvernement doit donc octroyer les ressources financières nécessaires afin d’offrir des services adéquats et adaptés à la population à rejoindre.
Il est évident de constater que plus il y aura de personnes engagées dans ce processus, plus la portée des interventions sera grande. La formation en continue est le point central pour assurer une éducation à la sexualité de qualité. Mais est-ce utopique de croire que tous ces adultes qui entourent l’enfant se sentiront concernés et voudront mettre tous les efforts que cette réforme implique. Il est selon moi essentiel que cette réforme ne soit pas effective maintenant, car tous les agents ne sont pas prêts. Ceux à qui reviennent le plus de responsabilités sont les enseignants, il faut donc que ceux-ci reçoivent la formation nécessaire pour avoir l’aisance, les connaissances et les compétences pour parler de sexualité. Une attention particulière doit être portée à l’égard de l’éducation sexuelle, car les adolescents d’aujourd’hui deviendront les adultes de demain et à ce stade, ils seront appelés à transmettre, à leur tour, leurs connaissances et attitudes sur la sexualité. C’est en ce sens que l’endroit ainsi que la pertinence des informations reçues font état d’un enjeu social majeur. Un travail en collaboration avec toutes les sphères de la vie des jeunes est, sans aucun doute, la clé du succès.