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Une baise à mitaines

Il est 10 heures. Et deux soupirs. J’ai des cheveux plein la bouche. Ça goûte bon l’Herbal Essence. Ma blonde sent bon. On se balance dans les couvertures. Plutôt, on se balance du monde quand on est sous les couvertures. De toute façon. De toutes les façons. On fait l’amour. On joue au échecs. Des jeux. De stratégie. Et de position. Je viens. De faire échec et mat.

On se réveille. En sueur. On vient d’attraper un coup de peau. L’attrait de la chasse à bon marché. Je dis que c’est ma blonde. Mais en fait ce n’est qu’une conquête. Qui sent bon. Et qui bouge bien.

Elle prend son sac et s’en va. Pas de bye. Ni de bye bye. Une autre année qui s’achève sous le signe des baises faciles. L’année du taureau. Qui voit rouge trop souvent.

Donnez moi un peu d’air. Un verre. De contact. Question que j’examine ma vie. Que je fasse mon bilan de conscience. Je suis sans connaissance. Un inculte qui brode ses maux. Et qui en fait un art.

La dite fille qui occupait mon lit et mon corps il y a cela quelques nuits s’est fait frappée hier. Un chauffard. Il l’a fauché. Un abat. Mon cour est dans le dalot. Mon sexe est en boule. Bye mon amie. De sexe.

Je n’ai plus d’argent et on commence une nouvelle année. J’aimerais rencontrer une fille née sous l’astre du cochon. Je pourrais la briser et partir avec le magôt.

Je pars à la chasse. La société est noire de petits moutons. C’est le signe fétiche. L’astrologie du petit peuple. Beahh Beahhh.

Ailleurs, en eau trouble (hauts troubles) on crie. Ahhhhhhhhhhh Ahhhhhhhhhhhhhhh.

Et si on dyslexie le cri, on obtient en temps fracturé Ah ha Ah ha.

On rit souvent du malheur des autres. Maudits moutons.

Il est 23 heures et je suis beau bonhomme. Je sors dans un bar qui se nomme l’Eclipse. Une espèce de jungle sauvage. Où on n’a pas besoin de compter les moutons. Car ici, personne ne dort. On joue au roi de la montagne. Sur un tas de couvertures. La musique est tribale. Les filles sont paillettes. Les hommes redécouvrent le Adam. Ils sont chauds et à sang.

Du bouf bien cuit comme disent les filles des tribus.

Mon harpon pointe le nord. Mais moi, je vois le sud. J’ai le goût du soleil. Les femmes latines. Une langue que nous avons mis de côté. Des courbes qui nous rendent fourbus. Un rythme qui effrene. Des fesses qui rebondissent dans mon esprit et des hanches qui me courent après jusqu’à mon lit. Je rentre chez moi.

Une nuit passée aux côtés d’une simple salope de Verdun. Rien de spécial. Une nuit bien ordinaire. Elle voulait, je voulais. Et il était trois heures. C’est facile la conquête. Christophe Colomb n’a pas été extraordinaire. On part et on espère trouver un monde nouveau. Je pars dans ce bar à la recherche d’un morceau de peau. J’ai le coup de soleil facile.

Je la jette à la porte. Pas de déjeuner, pas de douche. Retourne chez vous. Et sacre moi patience. La voir trop longtemps me rappelle ma faiblesse d’hier. Je n’ai pas scoré top net. J’ai plutôt fait un but médiocre dans un filet désert. Pas de gardien. De ma maudite conscience. De ma libido.

Libido. On dirait un insecte. Dans la famille des libellules.

Il me manque une femme.

Prise 3.

Je me remets beau bonhomme. C’est con cette expression. Si on se met beau, c’est qu’on est laid à la souche. Et moi, je ne suis pas laid. Donc, je recommence. Je me mets du beau linge. Le linge. On se met du beau linge pour aller cruiser alors que tout ce qu’on pense c’est de l’enlever. Et de se mettre. Beau. Coup.

Quel revirement de situation.

La place est à hurler au ciel. Les chiens sont à la porte et gèrent le trafic. Leur immense paume est une lumière rouge. Personne n’ose s’aventurer à la lumière jaune. On prend son mal en patience. On garde sa place. On protège l’érection.

On me fait signe d’entrer. Les filles sont belles.

Comme toujours.

Je laisse mon manteau en consigne. Je dois le reprendre d’ici trois heures. La fille au vestiaire me sourit. Je n’ai jamais vu un pawn shop aussi accueillant.

Deuxième étape. On va au bar. Et on se commande une importée. Question de montrer au monde que l’on est ouvert d’esprit. Que l’on est pas raciste des papilles. Je n’ai rien contre le nazisme. Je bois une Beck’s.

La grande blonde aux yeux bleus des annonces de Molson Ex me fait un sourire. Je souris. Je me suis rasé ce matin. Donc, je ne peux sourire dans ma barbe. Alors, c’est à elle que je souris. Je suis bien. Et sur le bord de hurler.

La discussion s’entame. Je lui roule un mot ou deux. Pas question de faire du zèle. De se stationner en double sur le plancher de danse. Je prends mon trou. Tout simplement.

Elle me raconte une histoire. Qui a ni queue ni tête.

Mais je m’en fiche. On se complète à merveille.

J’ai la queue. Et elle a la belle tête.

Nous sortons du tête-à-tête.

Nous faisons un aller direct. Un vol spécial. Nolisé. On oublie le traditionnel chez vous ou chez moi? On saute dans la bagnole et nous descendons au Mexique.

Larry, as-tu bien écrit au Mexique?

Je crois que oui.

La testostérone au plancher, je roulais à 150km/h. Nous arrivions aux douanes de Lacolle. Je sentais l’alcool car elle avait renversé son drink sur ma belle chemise. J’étais un beau bonhomme trempé. J’explique à l’agent que nous faisons un petit voyage dans son charmant pays question de voir la vie. Sous d’autres coutures.

Il n’a rien compris mais il a vu que j’étais sincère. De toute façon, il ne m’avait presque pas écouté. La charmante à mes côtés portait le chemisier à hauteur d’homme. La visée sur ses seins. Il voyait double.

Je n’étais pas jaloux. Mais ravi.

Le Mexique c’est loin en maudit. Depuis le départ que je suis bandé. J’ai les mains gelées et je ne sens plus mes pieds. J’ai peine à conduire. Je n’ai plus de sang au cerveau. Je suis incapable de me concentrer.

On s’arrête. Le temps de manger. De ronger son frein.

J’ai envi d’elle.

De retour dans ma bagnole. J’essaie de l’embrasser. De rouler mes doigts sous son chemisier. Mais rien à faire. Elle ne cèdera pas. Comme elle a dit avant de partir.

Je vais coucher avec toi mais pas avant le Mexique.

Criss de folle.

On va y aller au Mexique. Mais si ça continue de même, il va falloir que je conduise avec des mitaines. Je ne sens plus mes doigts.

Il est 10 heures du matin. Même heure mais loin d’être la même journée. Je suis crevé. Je vais mourir d’hypothermie. Et d’une hémorragie interne. Il est temps que l’on s’arrête et que je dorme. Tiens, voici un BEST Western. Nous sommes à New-York.

Hiiiii Haaaa.

Le lit est confo. Mais je n’y suis pas. Madame dort seule. Dans le palace matelassé.

Criss de folle.

Je dors sur le tapis. Un taudis pas matelassé.

C’est le sommeil en voie de développement.

Une baise à long terme.

Il fait noir à l’extérieur. Nous sommes aux frontières du Bronx.

Il faut arrêter faire le plein. La bagnole consomme plus qu’un alcoolique. Et il n’y a pas de AA pour les automobiles. Seulement des Shells et des CAA.

Il pleut à remplir le stade olympique. À faire de la nage synchronisée dans les flaques d’eau. J’exagère un peu. Je prends l’accent du pays. Tout est trop ici. New-York est au carnaval ce que Rio est au Brésil. Ce que Jésus est à la bible.

Pas le temps de visiter. Nous avons une baise à planifier.

Notre baise est une question de logistique. D’infrastructures. Tout repose sur la libido. Le théorème d’Hypophyse.

Nous quittons la grande pomme. Question d’aller croquer le sein d’Ève.

Lundi matin. Je suis supposé être au travail. Dans un grand bureau. Qui donne vue sur le centre-ville. Le commerce électronique. La vitrine de l’Amérique.

En parlant de l’Amérique. Qui dit Amérique dit Américains. Qui dit mieux?

Pris de panique. Pris à la gorge. Prise d’otage. En sol étranger.

Bon, un hamburger. C’est bon un hamburger. Sur le pouce.

La musique est atroce. La fille a le contrôle. Et je dois la conduire au septième ciel en me tapant les chanteuses de fond de ruelle. Les Céline de Charlemagne et les Streisand de ce monde. Il y a de quoi virer sur le top. Au sens figuré.

Une note de plus et c’est l’accident.

Elle chante tellement mal. Une voix atroce mais de fort jolis seins. Loin de chanter de la poitrine. Elle beugle du ventre. J’ai le tympan qui s’arrache. Ce n’est plus de la cire, c’est du décapant qui meuble mon espace sonore.

La folle, elle vas-tu farmer sa yeule?

Cette question me résonne jusque dans le bas-ventre. Le fantasme de dominer, de baiser une pauvre conne. Se sentir supérieur. Être un homme mûr dans le lit d’une petite jeune. Lui faire voir le monde, d’un torse qui bat le rythme.

Elle a délaissé le rôle de la cantatrice. Voilà maintenant que la dame joue la carte de la séduction.

Il fait chaud me lance-t-elle.

Nous sommes dans une ligne droite. Elle se penche et joue de la guitare sur ma braguette. En deux accords elle a les genoux au SOL. Elle a le DO courbé. Et sa bouche joue la symphonie. Je m’imagine un orchestre à mes genoux. C’est tellement bon. J’en perd la mélodie. Je jouis en solo.

Le rythme accélère. La route est cahoteuse. Chacun roule sa bosse. Elle se lève et me roule une pelle. Et elle retourne à son travail d’excavation. On refait la plomberie. On joue dans les tuyaux. La pompe à eau.

Je me ferme les yeux. L’instant d’un coup de langue.

L’instant fut de longue durée. À mon réveil, je sortais du coma.

La fille moura sur le coup.

Merci, bonsoir.