Lili Maxime : Poussée par le vent
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Lili Maxime : Poussée par le vent

Les vents de Katrina à peine calmés, Lili Maxime lance le deuxième tome de la trilogie Ma chère Louisiane: La Sang-mêlé du bayou.

Le titre du premier tome de la trilogie semblait prémonitoire: Ouragan sur le bayou. Mais ceux qui, comme Lili Maxime, connaissent bien la Louisiane savent que les ouragans sont monnaie courante dans cet état du Sud. Au fil des ans, la sociologue-chanteuse-écrivaine a vécu sept violentes tempêtes tropicales. "Quand j’écrivais, j’espérais ne plus en vivre, exprime-t-elle. Quand je le décrivais, je revivais la peur, la perte, la dévastation." Inquiète pour l’avenir de La Nouvelle-Orléans – "cette ville va-t-elle retrouver sa vieille âme?" -, Lili appréhendait la catastrophe. "C’était certain qu’à court terme, ce désastre allait arriver", souligne la lauréate du Prix littéraire France-Acadie 2005. "Ce qui me fascine, c’est que les Américains aient découvert avec ce drame que la ségrégation noire existe toujours", se désole-t-elle.

La Sang-mêlé du bayou nous replonge donc dans l’univers du bayou Lafourche, mais nous fait voyager dans deux autres lieux-phares: la réserve indienne montagnaise de Pointe-Bleue (Mashteuiatsh) au Saguenay et l’Isla Cozumel au Mexique. C’est que le Cadjin David LeBlanc est parti au Québec à la recherche de son amour Hélène Simard, la sociologue québécoise, qui de son côté est allée étudier les cultures indigènes mexicaines. La sang-mêlé du titre, c’est Crystal, la fille de David et de sa femme, Margaret, l’Indienne houma qu’il a abandonnée pour retrouver Hélène. "Comme l’ouragan de 1977, sa passion pour Hélène a tout dévasté sur le bayou", annonce la jaquette du livre. Ce deuxième tome nous fait voyager sur une période de 15 ans, soit de 1977 à 1992.

SOCIOLOGUE UN JOUR…

Lili Maxime: «Ce livre, c’est un road movie. On va à la rencontre de cultures fortes, mais non reconnues, ignorées, oubliées.»

Si la trame de fond demeure liée à la culture acadienne, Lili Maxime dresse dans ce roman d’intéressants parallèles entre deux cultures amérindiennes francophones: les Indiens houma du Sud et les Montagnais de la réserve Mashteuiatsh. Comme l’action se déroule dans trois lieux, le parler cadjin se fait moins présent que dans le premier tome. Toutefois, le lecteur pourra lire certains passages en montagnais.

"J’essaie de garder vivantes des langues qui ne sont rendues qu’orales, soutient l’écrivaine. Je trouve important de faire découvrir des cultures qui ne sont plus connues."

Pour lire La Sang-mêlé du bayou, il est préférable, mais non nécessaire, d’avoir lu le premier tome. L’auteure resitue l’action dans les premières pages du roman. À la toute fin, elle a eu l’idée d’inclure des recettes cadjines, dont une soupe à la tortue, une jambalaya aux crevettes et une sauce piquante à l’alligator. "Je trouve important de témoigner de la richesse culturelle et culinaire des Cadjins. Quand ils ne parleront plus français, il restera toujours la cuisine et la musique, fait remarquer l’écrivaine. Ce livre, c’est un road movie. On va à la rencontre de cultures fortes, mais non reconnues, ignorées, oubliées."

Au lancement, ce lundi au Loubards, l’écrivaine "tendra la main à la chanteuse" puisqu’elle chantera des pièces liées de près ou de loin à la Louisiane, en plus de lire des extraits du roman et de parler cadjin en compagnie de son conjoint, Alain Larouche. La soirée sera animée par Jean-Claude Germain.

La Sang-mêlé du bayou
de Lili Maxime
Éditions La Grande Marée
2005, 552 pages
Lancement
Le 26 septembre à 17 h
Au Loubards