Le Festival interculturel du conte : Conter le monde
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Le Festival interculturel du conte : Conter le monde

Le Festival interculturel du conte présente une 8e édition sous le signe de la diversité. Rencontre avec les conteurs Marc Laberge et Fred Pellerin, respectivement directeur et porte-parole de l’événement.

"Le festival a débuté en 1993 et nous en sommes à notre huitième rendez-vous, nous dit Marc Laberge. Au début, c’était chaque année et ça s’est transformé en une biennale. Ça n’a pas cessé de grossir en événements et de gagner en popularité; la dernière fois, on a rejoint au-delà de 8 000 personnes durant les 10 jours du festival!"

Le directeur du Festival interculturel du conte s’attend à plus de monde encore cette année, car on présente 100 spectacles plutôt que 80 (ce qui ne comprend pas les ateliers de formation). "Ces événements regroupent autour de 90 conteurs venus d’un peu partout. Beaucoup viennent évidemment du Québec, des gens de la relève et des conteurs réputés, et plusieurs, surtout dans le volet anglophone, viennent du Canada, mais certains viennent du Portugal, de la Belgique, du Maroc, du Burkina Faso, des Pays basques, de l’Europe de l’Est, etc. Ça se déroule dans 80 % des cas en français, le reste du temps en anglais."

Rassembleur et emballé par les différentes initiatives liées au conte, Laberge voit également en son festival une occasion de réfléchir et d’aiguiser un esprit de solidarité générateur de paix. "C’est d’abord et avant tout un festival interculturel dans le sens anthropologique du terme. Toutes les cultures sont présentes au même titre. J’essaie en fait d’offrir un bouquet de cultures; des conteurs qui sont les représentants d’eux-mêmes et de leur coin du monde. Je pourrais très bien faire un excellent festival avec les Français uniquement, par exemple, parce qu’ils sont nombreux et très forts, mais ce n’est pas l’objectif. J’essaie plutôt de valoriser la différence et de repérer des bons représentants de cette diversité. Je valorise l’identité des gens que je présente selon leur origine plutôt qu’en fonction de leur nationalité d’adoption. J’évite l’uniformité et favorise plutôt l’exotisme, la rareté."

POMMES DE ROUTE

Laberge fait bien sûr beaucoup de place aux conteurs québécois et trouve important de partager la responsabilité de la programmation avec des gens d’ici, tels André Lemelin et Claudette L’Heureux, à qui il a confié des soirées qu’ils dirigeront à leur manière, avec leurs invités. Aussi, cette année, Fred Pellerin, conteur vedette qui touche des gens de plusieurs milieux et de différentes générations, devient le porte-parole de l’événement.

"Un conteur, c’est quelqu’un qui fait dans la grande suggestion, quelqu’un qui, avec des mots, fait des chocs électriques aux muscles de l’imagination lyrique", nous dit Fred Pellerin, qui a l’habitude des festivals à travers le monde. Ailleurs, c’est lui, l’exotique. "Au début, ça m’énervait beaucoup de savoir que j’arrivais par exemple en France et que j’allais raconter des histoires d’un petit village qui était parfaitement inconnu du public! Saint-Élie-de-Caxton est un microcosme où 1200 personnes se côtoient au quotidien et ça donne les histoires que ça donne. Mais au-delà de ça, tout le monde vit quelque chose de similaire à son échelle. Quelqu’un qui habite en ville vit dans un quartier où il y a un dépanneur du coin, où il y a une bonne femme étrange qui a des chats et qui a l’air d’une sorcière, etc. On peut donc définir des types, des personnages, qu’on retrouve partout. Ces histoires-là qui ont traversé le temps et qui se sont passées un peu partout répondent à des histoires que nous avons tous en dedans de nous. Des histoires qu’on a le goût de raconter ou d’entendre."

Du 21 au 30 octobre, on en entendra, des histoires. Impossible de rapporter ici les grandes lignes du festival sans contourner des événements importants; il est donc impératif de consulter la programmation, que l’on retrouve d’ailleurs sur le site www.festival-conte.qc.ca. Le festival étend ses tentacules du Théâtre Plaza au Théâtre de l’Esquisse, de la Maison Sant-Gabriel à la Bibliothèque Jean-Corbeil et dans différentes maisons de la culture à Montréal et en région. Commencer par la Grande Nuit du conte, le 21 octobre au Théâtre Plaza, serait judicieux, car on pourra y entrer en contact avec l’univers de la majorité des conteurs étrangers participants et certains Québécois (Pellerin, Arleen Thibault, Jocelyn Bérubé, Renée Robitaille…), pour ensuite faire un choix plus éclairé pour les autres soirées. Une occasion d’entrer dans l’intimité de différentes cultures, car comme le dit si bien Fred Pellerin, "c’est par le local qu’on rejoint le monde entier".

Du 21 au 30 octobre
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