Patrick Nicol : Le livre de Patrick Nicol
Patrick Nicol nous revient avec un quatrième roman, coiffé d’un titre bizarre: La Blonde de Patrick Nicol. Un livre drôle et sensible, qui laisse le lecteur songeur.
Dans La Blonde de Patrick Nicol, le personnage de Patrick Nicol est un auteur en arrêt de travail. À travers le temps qu’il passe avec sa fille, sa pelouse qui pousse, le plaisir qu’il procure aux femmes, il rencontre son homonyme qui, lui, est prof de cégep en littérature.
Dans la vraie vie, Patrick Nicol, 41 ans, est à la fois prof au Cégep de Sherbrooke et auteur. Son roman Les Années confuses a remporté le Grand Prix littéraire de la Ville de Sherbrooke et son plus grand succès commercial, Paul Martin est un homme mort (et Réjean Tremblay raconte n’importe quoi) a été décoré du prix Alfred-Desrochers.
Quelles parties du vrai Patrick Nicol retrouve-t-on dans La Blonde de Patrick Nicol? "Ce sont les mêmes ingrédients, mais à des doses différentes", répond Patrick Nicol, qui avoue avoir de la difficulté à trouver des noms à ses personnages. Il a appelé celui-là Patrick Nicol pour pouvoir se mettre au travail. Finalement, le nom est resté. Quant au titre, il n’est pas encore sûr qu’il ait choisi le bon. "Mais je suis content de ne pas être sûr. J’aime ça que ça ne soit pas clair."
Parmi les titres qui lui ont trotté en tête, il y a Arrêt de travail. Avec ce livre, le romancier avait l’intention d’écrire sur le travail qui rend fou. En cours de chemin, l’amour qu’on néglige et le désir comme fuite sont venus comme thèmes.
Ainsi nommé, son roman se retrouve classé dans les autofictions. Même s’il trouve que le genre a ses côtés détestables, il estime que l’autofiction a abouti à de très bons livres. "Quand on parle de soi, c’est aussi un moyen de déboucher sur quelque chose de plus grand." Mais contrairement à une Nelly Arcan qui se plaît à raconter des histoires scandaleuses sous une identité floue, Patrick Nicol raconte un quotidien plutôt ordinaire. "Moi, il ne se passe rien dans mon livre. L’idée de faire quelque chose avec rien m’intéressait. Il y a aussi quelque chose de l’ordre du conte philosophique dans le livre."
Comme à son habitude, l’auteur a truffé son roman de références littéraires. Cette fois-ci, Anna Karénine, Madame Bovary et Lady Chatterley accompagnent son personnage. La première phrase de son livre – Les pages arrachées d’Anna Karénine errent dans ma maison – est la première qu’il a écrite, et elle est restée dans toutes les versions.
"J’imagine qu’au départ le personnage ne devait que revenir à ce livre (ou plutôt à ses pages dispersées) une fois de temps en temps. J’ai l’habitude de construire mes livres autour de certaines lectures, pour alimenter les thèmes, pour rappeler que ces questions ne sont pas nouvelles, pour m’installer dans une sorte de conversation avec la littérature universelle ou québécoise, constate-t-il. Aussi, l’idée selon laquelle les femmes s’emmerdent est une vieille idée dans la littérature et comme je ne prétends nullement la découvrir, j’aime mieux renvoyer le lecteur à ces grandes démonstrations que sont les grands romans."
La Blonde de Patrick Nicol est peut-être un petit roman en termes de volume (93 pages), mais sûrement pas en termes de profondeur.
La Blonde de Patrick Nicol
Triptyque, 2005, 93 p.