Pierre Demers : Cuba la belle
Le 30 septembre dernier, Pierre Demers profitait de l’effervescence provoquée par la tenue du Salon du livre pour lancer, à l’Espace culturel Tryptik, son dernier recueil intitulé La Brume de Cuba.
Si, comme l’écrit Pierre Demers, les Cubains "sont doués pour découvrir le monde à travers les mots et les yeux des autres", alors lui-même est doué pour offrir ces mots révélateurs. Avec son nouveau recueil, il nous plonge dans la brume apaisante de Cuba, dans les vapeurs d’une poésie de rencontres, et nous invite d’une main affable à une agréable communion. À la douce ataraxie de la chaleur. À l’attente. L’engourdissement. Le sommeil. Le rêve.
Engagé sans être vendu, il fait le constat désolé d’une île et d’un régime qui périclitent et confronte son lecteur à la réalité brûlante de Cuba, à la simplicité quasi volontaire des Cubains. Il fait voir la résignation de ces hommes et de ces femmes qui serrent les dents par habitude, qui tentent de résister au temps sans arriver à le retenir. Et il y a cette question qui fait écho dans le brouillard: qu’adviendra-t-il après Fidel, de cette île et de son peuple, lorsqu’un vent de la mer viendra chasser la brume de Cuba?
Le dernier recueil de Demers est une invitation à marcher à tâtons dans les volutes du souvenir. Cette brume particulière est aussi celle qui enveloppe les lieux qu’on habite, ceux qui nous ont habités, les "vieux amis disparus", les "anciennes blondes évaporées" qui nous rassurent de leur bruine fraîche.
La Brume de Cuba, c’est enfin un carnet de voyage comme ne savent en faire que les poètes, ces poètes qui s’exilent un temps pour rencontrer des gens, pour entendre leurs voix, mais qui jamais ne réussissent à s’arracher à leur poésie. Demers déteste voyager en touriste. Pour lui, le plus important, c’est "d’aller voir l’underground", de tâter le pouls des gens, d’être avec eux. Bien sûr, il en profite pour prendre du temps pour lui, il capture même quelques images… Lorsque les photos de voyage transpirent la poésie, il semble normal qu’elles se glissent entre les mots…
Pierre Demers nous convie, le 1er décembre prochain, à une nouvelle édition des Poèmes animés, au Café-théâtre Côté-Cour. Le thème de la soirée, "le bruit", saura nous éveiller à une poésie à la fois vibrante et accessible. Une impressionnante brochette de poètes, jeunes ou moins jeunes, avec une lecture toujours des plus dynamiques, saura vous emporter vers l’extase des mots…
La Brume de Cuba
de Pierre Demers
Éditions Trois-Pistoles, 2005, 86 p.