Danièle Panneton : Force de la nature
Livres

Danièle Panneton : Force de la nature

Danièle Panneton propose, dans le cadre de la série Studio littéraire, une lecture-spectacle qui cerne la fougue et la retenue de l’univers d’Anne Hébert.

"Il y a à la fois une intimité, une force et une simplicité dans l’écriture d’Anne Hébert qui est très belle, et c’est pour ça qu’on veut vraiment laisser la place aux mots", nous dit la comédienne Danièle Panneton, qui met ici le chapeau de metteure en scène et d’adaptatrice. Avec Anne Hébert, le Feu et la Glace, elle joue la carte de la sobriété, laissant filtrer l’ambiance du texte: "C’est une mise en lecture avec le comédien Vincent Davy et la violoncelliste Hélène Boissinot. Hélène ponctue le récit avec un peu d’improvisation et certaines compositions personnelles, qui servent de transitions pour appuyer l’atmosphère. C’est donc une lecture-spectacle très simple, autour du roman Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais (1998), dans un lieu simple (le Café de la Place) et avec un minimum de déplacements."

"Il s’agit d’un court roman, poursuit-elle au sujet de l’œuvre choisie, mais le faire en entier aurait tout de même été trop long; j’ai donc coupé et j’en ai fait une adaptation. J’ai peut-être conservé les deux tiers du texte, mais en respectant la progression du récit et, bien sûr, les personnages." Aurélien… raconte l’histoire d’une jeune fille de la campagne (elle a 15 ans quand se joue le moment crucial du récit), élevée dans le silence et la proximité de la nature par son père, un homme de la terre. Marquée par deux deuils importants, celui de sa mère et celui de son institutrice, qui a été la courroie de transmission du savoir et de la connaissance, elle tombe amoureuse d’un soldat britannique d’une trentaine d’années. Après une seule nuit d’amour (à laquelle Clara consent), le soldat, bourré de remords, quitte l’endroit, laissant la jeune fille retourner chez son père, le cœur chaviré. "Au début, je voulais prendre des extraits de plusieurs livres d’Anne Hébert, romans et poésies, mais je suis tombée en amour avec ce récit et je me suis dit: tout Anne Hébert est là! Ce point de vue romanesque, sa poésie et l’économie de mots. Elle crée une atmosphère avec très peu, et surtout, à la fin de sa vie, elle était parvenue à une maîtrise et un dénuement qui sont assez incroyables."

Danièle Panneton, qui compte dans son arbre généalogique l’écrivain Ringuet, Eugène-Étienne Taché (à l’origine de la devise du Québec) et le poète Saint-Denys Garneau, se trouve à être la petite cousine de la romancière. "D’ailleurs, le roman Kamouraska, c’est une histoire qui s’est passée dans notre famille, du côté des Taché, parce que la seigneurie de Kamouraska appartenait à Étienne Taché et notre arrière-arrière-grand-oncle y a été assassiné, comme dans le livre, par le médecin qui a été l’amant d’Élisabeth. Elle s’est donc inspirée d’une histoire familiale réelle pour écrire ce roman."

Si elle n’a jamais eu la chance de rencontrer la romancière, Danièle Panneton se dit habitée et passionnée par son œuvre depuis qu’elle est toute petite. "Sous une surface parfois très polie et qui a l’air sans vague, assez contrôlée, civilisée, il y a un feu et une passion intérieure incroyables. Ce mélange m’a toujours fascinée. Le feu, c’est cette passion, et la glace, c’est aussi nos hivers et les éléments de la nature, qui deviennent souvent des personnages dans ses livres. On pense au vent dans les Fous de Bassan, à la neige dans Kamouraska, à la rivière dans Clara… La nature nous parle toujours et ce n’est jamais stupide ou quétaine dans son œuvre."

Le 14 décembre
Au Studio-théâtre de la Place des Arts
Voir calendrier Littérature