Évasions romanesques…
Polar
Adieu aux amis chers
de Michael Nava
Un matin, alors qu’il traverse une période difficile avec l’agonie de Josh, son ex-amant atteint du sida, l’avocat Henry Rios reçoit la visite inattendue de Zack, jeune prostitué qui vient de découvrir le cadavre d’un juge avec qui il avait rendez-vous. Affrontant la famille de la victime qui était aussi son ami, le héros prendra la défense de ce suspect tout désigné, tentant de découvrir les véritables circonstances du meurtre. Adieu aux amis chers est le cinquième roman mettant en vedette l’alter ego de l’écrivain californien Michael Nava, qui puise ses sujets littéraires à même ses expériences de procureur au criminel à San Francisco et dans l’univers gay et latino qui est le sien. Une "différence" bienvenue dans le monde on ne peut plus stéréotypé du polar. Éd. du Masque, 2005, 304 p. (É.P.)
Histoires
Brooklyn follies
de Paul Auster
De digressions en digressions, Paul Auster nous aspire et révèle de nouveaux visages de Brooklyn, où il vit. C’est à travers des gens sans histoire et d’autres aux destins complexes, des gens sans instruction et des intellectuels, que Paul Auster arrive, à travers ce petit milieu qui gravite autour d’une librairie, à décrire la situation et les désirs d’une Amérique qui doute. L’auteur, par le biais de ses personnages (faut-il le rappeler?), se permet des théories sur Thoreau et sur Poe, il s’avance dans le milieu des arts visuels comme il s’amuse, malgré l’éclatement des familles, à rassembler les gens par des liens indéfectibles. Dans ce livre entraînant, tout est affaire de choix. Éd. Actes Sud / Leméac, 2005, 364 p. (S.D.)
Thriller
Meurtres à la carte
de Kathy Reichs
Trois squelettes sont retrouvés dans la cave d’une pizzeria. Pour le détective Claudel, il s’agit de vieux ossements. Or, à la suite de son examen, Temperance Brennan est convaincue du contraire. Déterminée à faire parler les restes des victimes, l’anthropologue judiciaire enquête malgré l’inertie de Claudel, qu’elle ne porte vraiment pas dans son cœur. Sur le plan personnel, rien ne va plus non plus. Le détective Ryan, qu’elle s’est permis d’aimer dans Les Os troubles (Robert Laffont, 2004), est de plus en plus distant. Pour en rajouter, sa meilleure amie disparaît dans des circonstances troublantes. En plus d’exposer les coulisses de son travail, Kathy Reichs nous fait redécouvrir Montréal – et nos écarts de langage! – à travers une intrigue au suspense réchauffé mais efficace, et à l’humour sarcastique. Éd. Robert Laffont, 2005, 376 p. (C.F.)
Polar
Scènes d’enfants
de Normand Chaurette
Auteur d’une douzaine de pièces de théâtre jouées en Amérique et en Europe, Normand Chaurette publiait en 1988, chez Leméac, ce "roman-coulisse" aujourd’hui réédité dans la collection Babel d’Actes Sud. D’inspiration policière, l’intrigue met en scène Mark Wilbraham, un dramaturge tourmenté par la mort de sa femme dont la folie, les derniers temps, laissait entrevoir un secret d’enfance vertigineux dans lequel les parents seraient impliqués. À la suite de ce décès, ces derniers usent de sombres manipulations et obtiennent la garde de sa fille. Pour la récupérer, il fera appel à deux comédiennes à l’aide desquelles il imaginera une pièce qui, jouée au domicile de ses beaux-parents, saura faire tomber les masques. Éd. Actes Sud, coll. "Babel", 2005, 155 p. (B.J.)
Thriller
Le Baiser du serpent
de Mark Sullivan
Le cadavre d’un chercheur est découvert dans une villa de San Diego par une femme de ménage, aussitôt persuadée que le virus Ebola est responsable de sa mort atroce. Une fois la crainte d’une épidémie écartée, le détective Shay Moynihan – un ancien joueur des Red Sox de Boston – et son équipe entreprennent leur difficile enquête. Avec pour seul indice une phrase tirée de la Bible: "Joie ineffable de tenir la mort dans ses mains", Shay tente de découvrir l’auteur du meurtre, qui utilise des crotales pour tuer ses victimes, qui se multiplient. L’écrivain, également journaliste d’investigation, parvient dès les premières pages à établir une atmosphère sombre et un rythme effréné. Éd. Robert Laffont, 2005, 398 p. (C.F.)
Roman
Le Briseur de rosée
d’Edwidge Danticat
Une jeune New-Yorkaise d’origine haïtienne grandit avec la certitude que son père s’est autrefois exilé du pays natal après avoir survécu à la torture. Lorsqu’elle découvre qu’il était en fait un tonton macoute à la solde des Duvalier et que c’était lui le tortionnaire, elle arrive enfin à comprendre la nature du silence familial dans lequel a baigné son enfance. Donnant la parole aux différents acteurs du drame (père, fille, mère et anciennes victimes du bourreau), Le Briseur de rosée d’Edwidge Danticat pose les délicates questions de la distorsion de la mémoire, du pardon et de la possibilité de mener une vie normale après avoir connu l’horreur au quotidien, et ce, peu importe de quel côté de celle-ci l’on se trouvait. Troublant. Éd. du Boréal, 2005, 268 p. (É.P.)
Roman
Les Amants de pierre
de Jane Urquhart
Le 6e roman traduit en français de Jane Urquhart, que l’on classe souvent parmi les auteurs importants de la littérature canadienne-anglaise, remonte à la création de certains villages ontariens et québécois. On passe entre autres par Campbellville, Flanborough, Ancaster, Hamilton et près du lac Ontario, par Burlington Bay. Unissant le rêve, l’humour et l’Histoire, Les Amants de pierre parle autant des pionniers qu’il fait le point sur l’art de la sculpture, sur la création et sur les limites de la fiction. Klara Becker, le personnage principal, est une artiste qui a besoin d’amour et de chair. Mais nous sommes dans un petit bled au début du 20e siècle, elle est une femme et les interdits sont nombreux. En filigrane: la guerre, l’Europe, la religion. Éd. Fides, 2005, 488 p. (S.D.)
Roman
Un loup parmi les loups
de Claude Cossette
Fondateur de Cossette Communication Marketing, Claude Cossette serait-il en train de se transformer en Beigbeder québécois? Dans la lignée de son essai La Publicité, déchet culturel, son premier roman, Un loup parmi les loups, trace le portrait cynique et destructeur d’un univers qu’il décrit – il faut le dire – en parfait spécialiste. Son héros, Michel Gagnon, directeur d’une agence de pub réputée, ne recule devant rien pour parvenir à la réussite, gonflant les factures et manipulant ses employés, ces brillants "créatifs" sur le dos desquels il a bâti sa fortune. Fréquentant les hautes sphères du pouvoir médiatique et politique, il doit néanmoins tout remettre en question le jour où ses intrigues se retournent contre lui. Éd. du Septentrion, 2005, 398 p. (É.P.)