Festival Voix d'Amériques : Parler pour parler
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Festival Voix d’Amériques : Parler pour parler

Le 5e Festival Voix d’Amériques promet d’en mettre plein la vue et surtout les oreilles. Du 10 au 17 février, rendez-vous avec les as de l’oralité.

Vous trouvez le titre un peu péjoratif? Vous avez déjà tendu l’oreille à l’une ou l’autre des activités du Festival Voix d’Amériques et trouvez que, franchement, la formule est réductrice? Et si on retournait le sens de l’expression, en effet peu flatteuse dans son emploi courant? Pourquoi ne pas placer un moment la parole au centre de tout et, ce qui ne se fait à peu près plus de nos jours, comme une fin en soi?

Assumons ce titre, donc. Le vif du sujet maintenant: pour une cinquième année, D.Kimm et sa bande de Filles électriques nous ont préparé un festival étonnant d’audace, d’éclectisme et… de professionnalisme. Il faut le souligner, parce que dans le registre de l’underground et autres sphères en marge de la création d’abord rentable, cet élément fait souvent défaut et explique la mort dans l’œuf de tant de projets.

Parmi les moments de grâce en perspective à la Sala Rossa et la Casa del Popolo, chefs-lieux de l’événement, il y a sans conteste Goddess, Alive or Dead?, le cabaret consacré à Tomson Highway. Le 10 février, la comédienne Patty Cano et le saxophoniste Ulrich Kempendorff habilleront les textes et les airs du grand écrivain cri, invité d’honneur cette année.

Aussi à l’affiche, le troisième happening Body and Soul, animé par D.Kimm elle-même et qui verra sept performeuses prendre possession de la scène (le 13), ainsi que Histoires de pêche, une joyeuse réunion de conteurs dont Yvan Bienvenue, André Lemelin et Joujou Turenne (le 15).

Par ailleurs, ceux qui y étaient l’an dernier ne manqueront pas le deuxième round du Combat contre la langue de bois, animé par Jacques Bertrand et qui sera l’occasion pour une dizaine d’invités, parmi lesquels Manon Barbeau, Jérôme Minière et Michel Vézina, de prendre 6 minutes pour "dire ce qu’ils ont à dire" (le 16).

À noter: c’est le poète Ivy qui reprend le flambeau du Shift de nuit des mains de Tony Tremblay, particulièrement à l’aise l’an dernier dans ce rôle. Tous les soirs, à 23 h, des auteurs et performeurs prennent le crachoir pendant quelques minutes, accompagnés du house band formé de Philippe Brault et Guido del Fabbro.

Plein d’autres choses encore, dont les fameux 5 à 7 quotidiens et le Salon de la marginalité du 12 février. Et pour clore cette grande fête de l’oralité, quoi de mieux qu’un spectacle des Loco Locass, entourés pour l’occasion de nombreux amis. Info supplémentaire: www.fva.ca. (Tristan Malavoy-Racine)

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O’HARA AU FVA

Alexis O’Hara: "Une des raisons pour lesquelles j’adore le FVA, c’est que je peux expérimenter des numéros bilingues."
Chris Kralik

Artiste multidisciplinaire venant du théâtre et se consacrant depuis plusieurs années à la performance scénique par le biais de la chanson, de la poésie, du spoken word et de différentes expérimentations artistiques, Alexis O’Hara animera deux soirées pendant le FVA. Elle travaille souvent et depuis longtemps avec D.Kimm, et il s’agit de sa quatrième participation au festival. "Je trouve que D.Kimm a fait beaucoup pour le spoken word à Montréal. Je suis dans cette ville depuis 1997 et il y en a toujours eu, mais à l’époque, il n’y avait que quelques soirées consacrées à cet art; ça demeurait exclusivement sur les scènes underground. C’était de petites soirées, et grâce au FVA, ça prend de l’ampleur, même des allures de gala!"

Alexis O’Hara animera donc, le 11 février (20 h 30, à la Sala Rossa), la soirée intitulée Jolis garçons, consacrée à sept personnalités gaies du monde littéraire ou théâtral, dont Jean-Paul Daoust, Dany Boudreault et Marcel Pomerlo, accompagnées au piano par l’invité d’honneur Tomson Highway. Le 14 février (même endroit, même heure), elle présentera Love and Kisses from Vancouver, une soirée en anglais avec, entre autres, Deborah Dun, Chanti Wadge, Ivan Coyote et Kinnie Starr. "Une des raisons pour lesquelles j’adore le FVA, c’est que je peux expérimenter des numéros bilingues, et jouer avec l’humour autour de ça. Aussi, je peux faire des petits pas avec des chansons ou des textes en français. Quand j’animais le Slam Poetry, entre 1998 et 2000, plusieurs francophones venaient. Les approches sont pourtant très différentes: le spoken word anglophone est assez près du stand-up comic (on en fait du "stand-up poetry"), alors qu’en français, c’est très lié à la tradition littéraire de la poésie."

Après avoir beaucoup tourné aux États-Unis et au Canada, Alexis tente de s’éloigner du spoken word dont elle a, pour sa part, un peu fait le tour. Elle apprécie d’ailleurs la pluridisciplinarité du FVA, qui permet d’expérimenter et de traverser les frontières entre les genres. "Je ne sais pas si on peut dire qu’il y a une évolution du spoken word… Je parlerais plutôt d’une popularité grandissante depuis les derniers 20 ans. Du côté américain, à cause des compétitions de slam, on reproduit les formules gagnantes en cochant toutes les petites cases: anti-Bush, anti-raciste, féministe. Après un moment, ça devient du bruit. Ici, il y a peut-être plus de gens qui ont trouvé leur voix." (Stéphane Despatie)

Du 10 au 17 février
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