Jimmy Beaulieu : L’amour au temps des pannes électriques
Le bédéiste Jimmy Beaulieu vient tout juste de publier Ma voisine en maillot aux Éditions Mécanique générale. À la fois auteur, éditeur, conférencier, critique et conservateur, Jimmy Beaulieu fait le point sur sa plus récente création.
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a joint l’auteur originaire de l’île d’Orléans alors qu’il était encore essoufflé par le décalage horaire et la succession des demandes d’entrevue. De retour de France, où il a notamment participé au réputé Festival d’Angoulême, il lance cette semaine son plus récent album. À mi-chemin entre l’œuvre de fiction et le roman graphique, Ma voisine en maillot raconte la naissance d’une histoire d’amour toute montréalaise. Dans cet album, Jimmy Beaulieu plonge le lecteur dans un récit intime et sans artifice: forcés à se connaître par les hasards du destin – en l’occurrence l’arrêt de la frénésie quotidienne causé par une panne électrique -, deux voisins se font la cour au rythme de l’été.
Avec lenteur et délicatesse, le récit enivre le lecteur par le romantisme insufflé au quotidien des personnages. C’est d’ailleurs là toute la force de Beaulieu, qui parvient à mettre en lumière le merveilleux qui se dégage de situations en apparence banales. "J’aime raconter des histoires un peu à la manière de Truffaut et des cinéastes de la Nouvelle Vague, précise-t-il. Ma voisine… est une œuvre de fiction, mais avec une touche très réaliste. En fait, c’est une capsule de vie montréalaise à notre époque. Pour moi, les éléments du récit n’ont pas à être fantastiques pour faire de la bonne bédé. Je pense que c’est justement le côté "ordinaire" des destins dont je parle qui les rend si extraordinaires."
Pour Ma voisine en maillot, l’auteur a poussé encore plus loin le style narratif dépouillé qu’il affectionne particulièrement. "Dans l’album précédent (Le Moral des troupes), je faisais beaucoup appel à la narration pour mettre mes situations en scène. Cette fois-ci, j’ai voulu me passer de cette béquille. Je me suis arrangé pour que le texte trouve son rythme uniquement par l’action et le dialogue."
Côté technique, on sent que Beaulieu est en pleine maîtrise de son médium. Le dessin, fait d’une surimposition de crayon et de lavis, sert avec justesse l’ondulation et la sensualité du récit. Il permet au lecteur d’être emporté par l’amour de l’auteur pour les femmes et pour sa ville d’adoption. "J’affectionne particulièrement les procédés transparents en bande dessinée. J’aime sentir la vibration de l’auteur. On a appris de l’école d’Hergé, où il fallait construire les planches par esquisses successives en visant une ligne de plus en plus précise. Je trouve que cette perfection de la forme nous éloigne du lecteur. J’ai une approche beaucoup plus jazzée! J’aime que mon travail soit moins retravaillé, qu’on y sente une énergie brute."
Le lancement de Ma voisine en maillot se fera en présence de l’auteur à la Galerie Rouje le 23 février à 17 h. On en profitera pour lancer Béatrice de Phlppgrrd, bédé publiée également chez Mécanique générale.