Sylvain Meunier : Crise d’adolescence
Sylvain Meunier conclut sa trilogie sur l’histoire de Lovelie D’Haïti en dénouant les drames de son passé, pour mieux lui ouvrir une porte sur l’espoir.
Christine Fortier
D’abord, une précision: il n’est pas absolument nécessaire d’avoir lu les romans Lovelie D’Haïti et Lovelie D’Haïti, tome II, Le Temps des décisions (Éd. La courte échelle, 2003 et 2004) pour comprendre et apprécier la conclusion de l’épopée signée Sylvain Meunier. L’auteur fait suffisamment allusion aux précédents ouvrages dans La Saison des trahisons pour placer le lecteur dans le contexte.
En quatrième de couverture, il mentionne aussi que le dernier livre de sa trilogie est le moins "haïtien" des trois tomes et que c’est voulu ainsi car "les événements qui viennent encore perturber le cheminement de Lovelie pourraient se produire pour n’importe quelle adolescente montréalaise partagée entre deux familles et qui nourrit un amour idéalisé pour un voyou en cavale". C’est vrai. Spécifions que Lovelie est amoureuse d’un sympathique voyou qui, à défaut de trouver la rédemption, percevra assez de bonté dans le monde – à la suite de son contact avec une vieille femme un peu folle de Toronto – pour redonner sa liberté à Lovelie.
Lovelie a maintenant 15 ans, et sa vie a pris le rythme rassurant de la routine. Elle a trouvé l’équilibre au sein de sa famille d’adoption québécoise, les Brûlotte, mais continue d’aider son père biologique Jérémie D’Haïti en travaillant au marché Hispaniola. En fait, le bonheur de l’adolescente serait parfait sans les poèmes que Chomsky lui envoie par l’intermédiaire de Charline. En nourrissant l’espoir d’une hypothétique réunion, Chomsky l’empêche de l’oublier. Puis, lorsque Lovelie a finalement l’occasion de retrouver son amour d’adolescence, que la police montréalaise aimerait bien interroger au sujet du meurtre d’Andy Colon, la jeune Haïtienne craint que ses sentiments pour Chomsky ne soient que le fruit de son imagination. C’est aussi, évidemment, à ce moment-là qu’un drame survient, mais c’est ce qui permet à l’écrivain et enseignant en adaptation scolaire de boucler la boucle de sa trilogie avec satisfaction. Une belle histoire sur la persévérance et l’espoir.
Lovelie D’Haïti, tome III
de Sylvain Meunier
Éd. La courte échelle
2006, 272 p.