Bryan Perro : Héros malgré lui

D’abord comédien, conteur et professeur, Bryan Perro publiait, au tournant du siècle, trois premières oeuvres pour adultes (Pourquoi j’ai tué mon père, Marmotte, Mon frère de la planète des fruits) aux Éditions Les Intouchables. En janvier 2002, son éditeur, Michel Brûlé, lui commande une série jeunesse mythologique se déroulant au Moyen Âge. C’était le début d’une grande aventure: celle d’Amos Daragon.

LE MASQUE DE PERRO

N’ayant aucun autre critère à remplir, Bryan Perro se devait d’abord et avant tout de bâtir les fondations d’une nouvelle figure héroïque. "J’ai décidé d’écrire sur ce que je connais le mieux. Depuis 15 ans, je suis un fan de contes, légendes et mythologie. Je suis donc allé dans les contes de ruse. Amos Daragon, c’est un amalgame de plusieurs personnages de conte, qui s’appellent Ti-Jean au Québec, Jack aux États-Unis… Il n’a pas peur d’entrer dans l’action et le merveilleux, comme les Piotr en Russie. Il peut parfois être aussi sage qu’un Nasredine chez les Arabes. Il porte également un trèfle, qui représente pour moi la sagesse amérindienne", explique le sympathique gaillard au bout du fil.

Aimant le concept d’un personnage qui utilise son intelligence et ses forces magiques durement acquises plutôt que ses poings, Bryan Perro a aussi créé un vaste monde entourant son héros, peuplé de personnages hétéroclites. Si la saga commandée devait compter 10 tomes, Perro en propose finalement 12, afin de parfaire l’épopée de son jeune protégé. La grande prémisse de la série est simple: Amos Daragon doit rétablir l’équilibre entre les forces du bien et celles du mal. Pour ce faire, il doit trouver quatre masques représentant les quatre éléments sur lesquels sont enchâssés quatre pierres de pouvoir. "Le premier objet magique de l’histoire de l’humanité, c’est pas la baguette magique ni le bâton de chaman, c’est le masque. Les peuples primitifs dansaient autour du feu en portant le masque de l’aigle par exemple, lui conférant les qualités de l’animal pour être meilleurs chasseurs…", explique Perro qui y voit aussi un beau clin d’oeil au théâtre.

Un autre élément qui a vite transparu dans la structure de la série est sans contredit l’esprit aventurier et globe-trotter de son créateur: "Dans Amos Daragon, toutes les villes existent pour vrai: dans le premier tome, la ville de Bratel-la-Grande, c’est Carcassonne; la ville de Berrion, pour moi, c’est Dinan en Bretagne; ensuite, la cité de Pégase, c’est la ville impériale de Huê au Vietnam; Arnakech, c’est Marrakech au Maroc… Je vais visiter des villes, des endroits, des lieux et je reviens avec des guides de voyage, de la documentation, donc je m’inspire directement de ce que j’ai connu, vu, ressenti."

Sans que son personnage soit une extension de lui-même, Bryan Perro a certainement agi en tant que père envers son héros: "Amos Daragon porte mes valeurs. Il n’y a aucun racisme dans ses troupes, pour lui, c’est un concept qui n’existe pas; il se promène avec une Noire, un gars qui se transforme en ours et une fille verte avec des serpents sur la tête! Il a également la mission de rétablir l’équilibre dans une grande guerre des dieux. Ça rejoint aussi mes valeurs parce que je pense que si on se débarrassait des dieux, ça irait déjà mieux sur terre. Je ne crois pas en des dieux, je crois plutôt en l’homme. La Bible dit que la foi déplace des montagnes, mais en réalité, c’est l’homme qui en est capable. Ce sont les hommes qui font les choses parce qu’ils ont foi en eux, en ce qu’ils accomplissent. C’est ce qu’Amos Daragon propose…"

L’ÉPOPÉE DE PERRO

Le 10e tome, La Grande Croisade, paraissait en septembre dernier, en même temps que la réédition du premier tome, Porteur de masques, dans une version manga du bédéiste Zoran Vanjaka. Devant le grand succès de cette publication, les tomes 2 et 3 devraient suivre. Le 11e tome, Le Masque de l’éther, est quant à lui prévu pour avril prochain. "C’est la première et seule aventure d’Amos Daragon dans son monde intérieur. C’est le plus ésotérique des tomes. Ça rejoint beaucoup le conte asiatique, c’est plus zen", raconte Perro, qui travaille aussi, dans la foulée, avec Spectra Animation, sur une série télé dont la date de diffusion demeure inconnue. "J’ai l’angoisse de l’après, clame l’auteur à l’approche de la parution du 12e et dernier tome en novembre prochain. Je n’abandonne pas mes personnages, je continue à les travailler à la télé, mais pour les bouquins, qu’est-ce que je fais? Est-ce que je lance une autre série jeunesse? Ado? Adulte? C’est la ronde des questions!"

En attendant la suite, il squattera pendant quatre jours au Palais des congrès, participant à des tables rondes, présentant une soirée de contes et surtout, signant nombre de livres pour sa horde de fidèles admirateurs. Et bien que Perro ait créé un héros plus grand que nature, force est de reconnaître que l’armoire à glace à la barbe hirsute et au sourire amical en est aussi un, bien malgré lui.

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HÉROS PARMI NOUS…

Sous le thème ingénieux de Nos héros, le 26e Salon du livre de l’Outaouais (SLO) promet un voyage réjouissant dans l’imaginaire de la littérature de tout acabit. Avec le papa d’Amos Daragon, Bryan Perro, comme président d’honneur, le Salon a convoqué six invités d’honneur dont trois font briller l’étoile régionale: Michel Lavoie, auteur de littérature jeunesse de l’Outaouais, Françoise Lepage, qui représente l’Ontario français, et Jacques Gauthier, lauréat du Prix littéraire Jacques-Poirier-Outaouais pour son recueil de poésie Chemins de retour. Complètent l’escouade: l’invitée d’honneur grand public, Francine Ruel, ainsi que l’invité d’honneur thématique, l’explorateur, alpiniste et auteur Bernard Voyer.

Du 9 au 12 mars, pas loin de 650 maisons d’édition seront représentées au Palais des congrès de Gatineau, avec 350 auteurs sur place. Parmi les invités de marque, six auteurs et illustrateurs nous viennent de la France et de la Belgique, dont le lauréat du Prix Goncourt François Weyergans, l’illustrateur de livres pour enfants Hervé Pinel et le bédéiste Michel Weyland.

Pendant tout l’événement, des rencontres et des tables rondes vous donneront le goût de la lecture. Parmi les incontournables: la délégation belge – Alain Bertrand, Jean-Luc Geoffroy et Claude Raucy – se réunira autour du thème Écrire en euros (le 9 à 15 h); les auteurs locaux Yves Breton, Lysette Brochu, Jacques Gauthier et Françoise Lepage réfléchiront à L’Écriture en région (le 9 à 16 h); Sophie Lepage, Anique Poitras, Francine Ruel et Antonio d’Alfonso se prononceront sur la complexité des relations amoureuses avec Je t’aime, moi non plus (le 11 à 18 h 30); François Perreault, Gilles Toupin et Normand Lester parcourront les coulisses de la politique avec Les Dessous de la commission Gomery (le 12 à 14 h).

En ce qui a trait aux activités liées à la thématique, notons celles-ci: Stéphane-Albert Boulais, Jacques Falquet, Michelle Guitard et Marie-Paule Villeneuve exploreront les Héros et Légendes de l’Outaouais (le 9 à 14 h 30); Bryan Perro, Louise Portal, Francine Ruel et François Weyergans se pencheront sur le thème Mes parents… héros ou anti-héros? (le 10 à 14 h 45); les auteurs Nicole Fyfe-Martel, Diane Lacombe, Michel Lavoie, Sylvain Meunier et Michel Weyland dresseront un palmarès des Héroïnes de la littérature (le 11 à 15 h 45). Guy Jean, Raymond Ouimet et Christian Quesnel unissent leur talent dans la présentation-performance Marie-Thérèse Archambault: Une jeune héroïne (le 9 à 18 h 45). Aussi, un concours, un extrait de la pièce Le Héros des zéros et une exposition feront un clin d’oeil à la thématique du Salon.

Et comme chaque année, le conte occupe une grande place dans la programmation avec ses soirées Contes et porto et Contes et réglisse. Sans oublier une pléiade d’activités pour les tout-petits, dont le très original Salon en pantoufles (le 10), où les enfants pourront se laisser bercer par des histoires renversantes, et cela en pantoufles, avec la doudou et le pyjama!

Info: www.slo.qc.ca.